À Papeno'o, les recherches et le deuil


Tahiti, le 20 novembre 2022 – Après deux semaines de recherches dans la vallée de la Papeno'o, sur le littoral et en mer pour tenter de retrouver les quatre disparus du drame survenu le 6 novembre, le week-end a été marqué par une série d'hommages et de rassemblements destinés à accompagner les familles dans un deuil encore parfois difficile à formuler.
 
Deux semaines après le drame de la Papeno'o qui a coûté la vie à une personne, en a blessé gravement une autre et causé la disparition d'une femme enceinte et de trois enfants, les recherches coordonnées par la commune de Hitia'a o te Ra se sont conclues ce week-end par un mélange d'opérations de terrains et de nombreux hommages aux familles endeuillées. “C'est aussi notre devoir. C'est de les accompagner”, résumait dimanche soir le maire de la commune, Henri Flohr.
 
“Bilan”
 
Ce week-end en forme de “bilan” a débuté vendredi après-midi par une réunion à la mairie entre les professionnels de la vallée, le Pays, la commune et l'État. À la demande du haut-commissaire, Éric Spitz, il s'agissait de “mettre en œuvre une concertation” pour évoquer des pistes permettant d'éviter ces drames à l'avenir, a résumé le chef de la subdivision des îles du Vent, Guy Fitzer, à l'issue de la rencontre. Si le “risque zéro n'existe pas”, comme le rappelle le représentant des services de l'État, il a été convenu que des “améliorations” pouvaient être apportées en matière de signalisation dans la vallée, d'avertisseurs sonores ou de barrières au niveau des gués. Et même jusqu'à l'extrémité de “fermetures provisoire très limitées dans le temps” en cas de “circonstances exceptionnelles de grandes pluies”. Des pistes à l'étude, qui doivent être concrétisées “le plus rapidement possible”, assure Guy Fitzer, pour permettre de “faire vivre cette vallée, profiter de cette vallée, mais en sécurité”.
 
Ce week-end également, des opérations de recherche – notamment sous-marines – se sont poursuivies. Samedi et dimanche après-midi, des réunions avec les familles des disparus ont été organisées. L'occasion pour les proches de “parler” et de vivre leur douleur avec la communauté des secours qui s'est organisée depuis deux semaines. Dimanche matin, un petit-déjeuner a été organisé à l'entrée de la vallée. Une délégation a ensuite accompagné les familles en l'église Sainte-Anne pour une messe catholique, elle-même suivie d'une messe à la paroisse protestante. “Il nous faut accompagner les familles endeuillées”, martèle Henri Flohr. “Tout le monde a donné pendant 14 jours. L'État, la gendarmerie, des élus territoriaux… On a tout fait. Dans la rivière, sur le littoral, avec les pêcheurs…” Décision a donc été prise de mettre fin aux recherches groupées, même si la commune s’engage à continuer de soutenir des actions ponctuelles. Il est notamment question d'explorer une nouvelle fois – au moyens d'appareils sous-marins et de plongeurs professionnels – le récif subaquatique de Mahina, jusqu'à Mahaena.
 
“On garde espoir et on ne va pas lâcher”, poursuit Henri Flohr. “Il n'y aura plus de rassemblement à l'entrée de la vallée de Papeno’o. On a eu une petite réunion pour clôturer avec tout le monde et les remercier.”
 
“Les accompagner”
 
Dimanche matin, une grande tresse a été exposée à l'entrée de la vallée avec les proches de la mère de famille disparue, Kahana. Ses amies et les membres de son quartier étaient venus lui rendre un nouvel hommage. En rouge, “parce c'était sa couleur”. En musique “parce que c'était sa chanson”. Les proches présents étaient incités à parler pour partager leur tristesse. “Je ne vais pas dire qu'elle est partie. Tant qu'on n'a pas trouvé, on a toujours espoir”, glisse une de ses amies. “J'ai toujours espoir de la retrouver, ainsi que les enfants.”
 
Lundi soir, c'est le corps de Mike, seule victime retrouvée à quatre kilomètres des crues qui l'avait emporté il y a deux semaines, qui sera rapatrié à Papeno'o pour une messe dans une grande salle de la paroisse protestante de la commune. “On soutient ces familles endeuillées”, répétait encore à l'envie Henri Flohr.
 


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 21 Novembre 2022 à 16:43 | Lu 4325 fois