A Nantes, un vibrant hommage à Steve, un an après le drame


Nantes, France | AFP | dimanche 21/06/2020 - "Ni oubli, ni pardon": plusieurs milliers de personnes ont rendu un vibrant hommage dimanche à Steve Maia Caniço, disparu il y a un an lors d'une intervention policière le soir de la fête de la musique, un drame dont le souvenir reste vif à Nantes.

Vêtus de gilets orange, une dizaine d'amis de Steve ont assuré le service d'ordre de la marche blanche, partie du château des ducs de Bretagne en direction de l'île de Nantes. C'est à cet endroit que Steve avait disparu lors d'une soirée électro, en bord de Loire, dans la nuit du 21 au 22 juin 2019 après une intervention policière controversée.

Dimanche, sous le soleil, la manifestation, qui a attiré 2.600 personnes selon la police, s'est déroulée dans une ambiance souvent familiale, beaucoup tenant une fleur à la main. Se sont succédé les sonorités du groupe de reggae Danakil et de la musique techno, chère à cet animateur périscolaire qui avait 24 ans.  

Le frère et la soeur de Steve ont marché en tête du cortège, derrière les banderoles "Ni oubli, ni pardon" ou "Steve", écrit en lettres graffiti, ainsi que des drapeaux du Portugal, référence aux origines familiales.

Certaines pancartes - "dansez avant qu'on vous pousse à l'eau" ou "on ne se taira pas" ainsi que le slogan "on n'oublie pas! on ne pardonne pas!" - témoignaient que les plaies sont toujours à vif. 

"On ne lâchera pas l'affaire, on est prêt à se battre pour que justice soit rendue", a assuré à l'AFP Jérémy Bécue, 25 ans, portant un gilet orange, qui avait également chuté dans la Loire la nuit fatidique.

"On garde notre haine et notre colère de côté", a lancé K-Ro, une amie de Steve, au mégaphone, demandant aux manifestants de rester pacifiques. 

Le cortège s'est recueilli longuement au pied de l'immense grue jaune, à cet endroit de la Loire où le corps de Steve avait été retrouvé le 29 juillet. Des amis, des proches, dont le parrain de Steve, très émus, ont pris la parole et des chansons écrites pour lui ont résonné face à de nombreux poings levés. 

Lorsqu'il dansait, "il aurait pu donner le sourire au monde entier tant c'était beau. Je vous souhaite à tous de rencontrer quelqu'un comme lui", a dit l'une de ses amies, Aliyah.

Après une minute de silence, le cortège a rejoint la fresque-portrait de Steve, réalisée quai Wilson, le lieu du drame, avant de se séparer.

"Steve est dans mon coeur"

Plus tard dans la soirée, de 800 à 900 personnes étaient présentes derrière un camion sound system, dans le quartier du CHU de Nantes, a constaté un photographe de l'AFP, dans une atmosphère tendue. La police a indiqué à l'AFP avoir tiré des gaz lacrymogènes car certaines personnes tentaient de monter des barricades avec des barrières de chantier.

Après des années de Fête de la musique célébrée quai Wilson, les polémiques se sont succédé au sujet de l'emplacement jugé dangereux et de l'intervention policière, perçue comme disproportionnée face à des jeunes qui s'amusaient dans un quartier sans habitations.

Trois informations judiciaires "contre X" sont instruites à Rennes. L'une pour "homicide involontaire" concernant le décès de Steve, l'autre pour "mise en danger de la vie d'autrui" concernant l'intervention policière et la troisième, pour violences sur "personne dépositaire de l'autorité publique" s'agissant de la prise à partie des forces de l'ordre.

"On est complètement serein" au sujet des enquêtes, a expliqué à l'AFP Stéphane, parrain de Steve. "Mais on est malheureux car c'était une mort évitable", a-t-il ajouté.

Créateur de la fête de la musique, l'ancien ministre socialiste Jack Lang a aussi dédié cette édition 2020 à Steve. "La mort de cet amoureux de la musique, celui que ses amis décrivent comme +le meilleur ami de l'univers+, blesse et endeuille à jamais la Fête de la musique. Steve est dans mon cœur", a écrit Jack Lang sur son compte Facebook. 

A Lyon, une centaine de personnes ont descendu les berges du Rhône, pour exiger "justice pour Steve et tous les autres", selon leur banderole. Les manifestants ont notamment scandé "police partout, justice nulle part".

le Lundi 22 Juin 2020 à 04:52 | Lu 187 fois