Crédit Morgan Fache / AFP
Tsingoni, France | AFP | mercredi 26/09/2023 - En ce jour de fin septembre, l'école de Tsingoni, dans l'ouest de Mayotte, doit encore fermer ses portes. "C'est au moins la quatrième fois qu'on vient nous voler l'eau des cuves !", peste Saïd Abdallah, instituteur sur cette île qui s'enfonce dans une très grave crise.
Même avec 700 élèves, l'école maternelle et élémentaire n'est pas raccordée au "chemin de l'eau", un raccordement mis en place pour desservir en continu la majorité des établissements scolaires et les centres de soins mahorais.
Comme dans une trentaine d'autres écoles selon le gouvernement, des cuves de 1.000 litres y ont été installées, et elles suscitent la convoitise.
C'est que l'archipel français de l'océan Indien est privé d'eau deux jours sur trois depuis plus de trois semaines. Le département le plus pauvre de France est en effet soumis à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales.
Les déficits pluviométriques y sont aggravés par un manque d'infrastructures et d'investissements dans un territoire qui, sous pression de l'immigration, connaît une croissance démographique de 4% par an.
A Tsingoni, quand l'école n'a pas d'eau, tous les élèves sont renvoyés chez eux. "Dans ce cas, il faut appeler les parents un à un", souffle l'instituteur Saïd Abdallah. "Parfois, on ne sait pas où ils sont et nous sommes obligés de contacter la police municipale pour confier les élèves..."
Au sud du chef-lieu Mamoudzou, l'école primaire de Tsoundzou 1 connaît le même problème: impossible d'être raccordée au "chemin de l'eau". Sauf que l'établissement n'a lui toujours pas reçu de cuves.
"Depuis le 4 septembre, les élèves viennent un à deux jours par semaine, en fonction des coupures. Ce n'est pas normal", alerte le directeur, qui ne souhaite pas donner son nom.
Enseignante en CE2 dans l'établissement de 530 élèves, Marianne Petit est inquiète. "On sait que le niveau scolaire est très bas à Mayotte. Les élèves finiront l'année sans savoir lire" avec toutes ces absences, déplore-t-elle.
Analyses non conformes
Même s'ils sont alimentés en eau, les établissements sont parfois contraints de fermer. La plupart des collèges, lycées et écoles de Petite-Terre et des communes autour de Mamoudzou ont dû évacuer leurs élèves jeudi dernier. En cause: des analyses non conformes, indiquant que la potabilité ne peut être garantie.
"Cette alerte nous inquiète, c'est la deuxième sur le territoire", relevait auprès de l'AFP le recteur de l'académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, en fin de semaine dernière.
Les analyses sont redevenues normales au cours du weekend, selon l'agence régionale de santé (ARS).
Pour le rectorat, l'enjeu est d'anticiper "les éventuelles inconformités de longue durée" de la qualité de l'eau.
Que faire ? Impossible d'acheminer des bouteilles en plastique en nombre suffisant pour tous les élèves... "Il faudrait six conteneurs d'eau par jour. La logistique portuaire ne permet pas ce mouvement", note le recteur, qui souhaite "s'équiper de matériels venus de métropole pour potabiliser l'eau".
Jacques Mikulovic envisage aussi de mettre en place une alternance d'élèves pour désengorger les établissements, en sureffectif. "Quand il y a 600 élèves dans un collège et 1.000 dans un lycée en métropole, c'est à peu près trois fois plus ici", remarque Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ'action Mayotte.
Le responsable syndical craint surtout une crise sanitaire: "Beaucoup d'élèves se plaignent de douleurs au ventre. Et il y a de gros problèmes d'hygiène dans plusieurs établissements".
Ceux qui bénéficient du "chemin de l'eau" ne sont pas forcément épargnés, fait valoir le syndicat d'enseignants du second degré Snes-FSU. Cela "n'empêche pas les défaillances et la consommation d'eau non potable par les usagers et les personnels".
"Quand on n'est plus en capacité de fournir de l'eau potable aux élèves, il faut fermer, ce n'est plus possible", exhorte Bruno Dezile (CGT).
Mais pour le recteur, il serait "dramatique de fermer totalement les établissements".
"Ce ne sera le cas que si le chemin de l'eau ne peut plus être approvisionné", précise-t-il. Un scénario qui n'est pas envisagé à ce stade. "Cela doit tenir", veut croire Jacques Mikulovic. "Mais nous ne le saurons qu'à l'épreuve des faits, mi-novembre", avec le retour de la saison des pluies.
Même avec 700 élèves, l'école maternelle et élémentaire n'est pas raccordée au "chemin de l'eau", un raccordement mis en place pour desservir en continu la majorité des établissements scolaires et les centres de soins mahorais.
Comme dans une trentaine d'autres écoles selon le gouvernement, des cuves de 1.000 litres y ont été installées, et elles suscitent la convoitise.
C'est que l'archipel français de l'océan Indien est privé d'eau deux jours sur trois depuis plus de trois semaines. Le département le plus pauvre de France est en effet soumis à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales.
Les déficits pluviométriques y sont aggravés par un manque d'infrastructures et d'investissements dans un territoire qui, sous pression de l'immigration, connaît une croissance démographique de 4% par an.
A Tsingoni, quand l'école n'a pas d'eau, tous les élèves sont renvoyés chez eux. "Dans ce cas, il faut appeler les parents un à un", souffle l'instituteur Saïd Abdallah. "Parfois, on ne sait pas où ils sont et nous sommes obligés de contacter la police municipale pour confier les élèves..."
Au sud du chef-lieu Mamoudzou, l'école primaire de Tsoundzou 1 connaît le même problème: impossible d'être raccordée au "chemin de l'eau". Sauf que l'établissement n'a lui toujours pas reçu de cuves.
"Depuis le 4 septembre, les élèves viennent un à deux jours par semaine, en fonction des coupures. Ce n'est pas normal", alerte le directeur, qui ne souhaite pas donner son nom.
Enseignante en CE2 dans l'établissement de 530 élèves, Marianne Petit est inquiète. "On sait que le niveau scolaire est très bas à Mayotte. Les élèves finiront l'année sans savoir lire" avec toutes ces absences, déplore-t-elle.
Analyses non conformes
Même s'ils sont alimentés en eau, les établissements sont parfois contraints de fermer. La plupart des collèges, lycées et écoles de Petite-Terre et des communes autour de Mamoudzou ont dû évacuer leurs élèves jeudi dernier. En cause: des analyses non conformes, indiquant que la potabilité ne peut être garantie.
"Cette alerte nous inquiète, c'est la deuxième sur le territoire", relevait auprès de l'AFP le recteur de l'académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, en fin de semaine dernière.
Les analyses sont redevenues normales au cours du weekend, selon l'agence régionale de santé (ARS).
Pour le rectorat, l'enjeu est d'anticiper "les éventuelles inconformités de longue durée" de la qualité de l'eau.
Que faire ? Impossible d'acheminer des bouteilles en plastique en nombre suffisant pour tous les élèves... "Il faudrait six conteneurs d'eau par jour. La logistique portuaire ne permet pas ce mouvement", note le recteur, qui souhaite "s'équiper de matériels venus de métropole pour potabiliser l'eau".
Jacques Mikulovic envisage aussi de mettre en place une alternance d'élèves pour désengorger les établissements, en sureffectif. "Quand il y a 600 élèves dans un collège et 1.000 dans un lycée en métropole, c'est à peu près trois fois plus ici", remarque Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ'action Mayotte.
Le responsable syndical craint surtout une crise sanitaire: "Beaucoup d'élèves se plaignent de douleurs au ventre. Et il y a de gros problèmes d'hygiène dans plusieurs établissements".
Ceux qui bénéficient du "chemin de l'eau" ne sont pas forcément épargnés, fait valoir le syndicat d'enseignants du second degré Snes-FSU. Cela "n'empêche pas les défaillances et la consommation d'eau non potable par les usagers et les personnels".
"Quand on n'est plus en capacité de fournir de l'eau potable aux élèves, il faut fermer, ce n'est plus possible", exhorte Bruno Dezile (CGT).
Mais pour le recteur, il serait "dramatique de fermer totalement les établissements".
"Ce ne sera le cas que si le chemin de l'eau ne peut plus être approvisionné", précise-t-il. Un scénario qui n'est pas envisagé à ce stade. "Cela doit tenir", veut croire Jacques Mikulovic. "Mais nous ne le saurons qu'à l'épreuve des faits, mi-novembre", avec le retour de la saison des pluies.