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À Honolulu, Hillary Clinton marque le retour des États-Unis en Asie-Pacifique


photo AFP
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HONOLULU, vendredi 29 octobre 2010 (Flash d'Océanie) – La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, en guise d’entame d’un long périple d’une dizaine de jours dans la région Asie-Pacifique, a annoncé une plus grande implication des États-Unis dans cette vaste région, y compris dans le Pacifique insulaire.

Cette visite, qui a commencé vendredi (jeudi heure locale) par Hawaii, devrait durer une quinzaine de jours et emmener la Secrétaire d’État dans toute la région Asie-Pacifique, y compris le Vietnam, le Cambodge, la Malaisie, mais aussi le territoire américain de Guam, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Samoa américaines, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

Concernant ses relations avec le pacifique insulaire, elle a confirmé dans son discours le déblocage de quelque vingt et un millions de dollars US pour un programme de réduction des effets des changements climatique, programme qui sera basé à Fidji sous l’égide de l’antenne régionale d’UsAid (l’agence américaine d’aide au développement international).

Cette agence est ses nouveaux moyens devraient logiquement trouver leur place au sein d’un nouveau complexe diplomatique à vocation régionale actuellement quasi-achevé et prévu d’être inauguré début 2011, toujours à Fidji.
Mme Clinton a aussi souligné, au passage, le rôle-clé en tant qu’interlocuteur privilégié du Forum des Îles du Pacifique, dont le secrétariat est aussi basé à Suva (bien que Fidji ait été suspendu en mai 2009 de son statut plein de membre de cette organisation régionale, à la suite du putsch du 5 décembre 2006).
Elle a aussi longuement souligné le rôle clé des deux plus grandes nations émergentes de la région : la Chine et l’Inde.
Fin septembre 2010, le gouvernement américain annonçait déjà la couleur en faisant savoir, à l’occasion d’une rencontre avec plusieurs États insulaires océaniens, sa volonté de pratiquer une politique d’engagement envers Fidji, contrastant ainsi avec la politique a dominante isolationniste menée depuis le putsch de Suva en décembre 2006 par les deux grands voisins de la région que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Ce positionnement a notamment été affirmé, à un haut niveau par la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, à l’occasion d’une rencontre à New York en marge de l’assemblée générale des Nations-Unies avec plusieurs dirigeants et chefs de gouvernement du Pacifique, y compris le ministre fidjien des affaires étrangères, Ratu Inoke Kubuabola.
Mme Clinton a notamment évoqué les notions de « dialogue » et de « partenariat » vis-à-vis du régime de Suva, afin d’accompagner un processus de retour de cet archipel à la démocratie, fut-ce dans les délais longs annoncés depuis juillet 2009 par le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama, qui parle de septembre 2014 pour la tenue d’élections législatives.
Auparavant, l’homme fort de Suva entend mener des réformes en profondeur et touchant notamment à l’élaboration d’une nouvelle Constitution (la dernière en vigueur a été abrogée mi-avril 2009) qui supprimerait les dispositions faisant référence, sur le mode discriminatoire, aux communautés ethniques de l’archipel.
Selon le porte-parolat de Mme Clinton et de son département d’État, cette posture de base aussi sur une « profonde reconnaissance du rôle central de Fidji dans les affaires du Pacifique ».
La position américaine, telle qu’exprimée, se distingue de celle adoptée ces quatre dernières années par le Forum des Îles du Pacifique (FIP), l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Union Européenne notamment, qui s’en tiennent à souligner le non-respect par Suva d’engagements précédents qui promettaient des élections avant la fin 2009.
Les États-Unis sont sur le point d’inaugurer à Suva, début 2011, un nouveau complexe diplomatique dédié à toute la région océanienne et dont le seul équivalent, sur place, est le nouveau complexe de l’ambassade de Chine, récemment inauguré.
Tout récemment, Washington a par ailleurs réactivé en personnel son programme d’aide au développement (UsAid) depuis Fidji et au bénéfice des pays couverts par cette ambassade à Suva.

Le retour des États-Unis sur la scène océanienne

Au-delà du seul cas de Fidji, la Secrétaire d’État a aussi clairement réaffirmé la volonté de Washington d’intensifier son engagement vis-à-vis du Pacifique insulaire, longtemps perçu comme ayant été négligé par les précédentes administrations américaines.
Mme Clinton, lors de l’entrevue de fin septembre avec les dirigeants océaniens, a aussi tenu à souligner la contribution de plusieurs de ces pays (Tonga aux îles Salomon, Fidji en Irak et en Égypte [Sinaï] et Vanuatu au Timor oriental), à des opérations de sécurité dans le cadre d’opération de maintien de la paix ou de stabilisation menée par l’ONU ou pas.

Divergences sur le calendrier

Lors d’une intervention, toujours fin septembre 2010, devant la commission des affaires étrangères du Congrès américain, Kurt Campbell, directeur Asie-Pacifique au département d’État de Mme Clinton, a par ailleurs développé la logique américaine en expliquant qu’il s’agissait avant tout de « donner une chance à Fidji » tout en maintenant un message fort selon lequel ce réengagement n’en demeurait pas moins conditionné à des signes tangibles de rétablissement de la règle démocratique « pas plus tard qu’en 2014 ».
« Nous espérons désormais, en coordination étroite avec les acteurs régionaux, rechercher un engagement plus direct avec le Premier ministre Bainimarama afin d’encourager son gouvernement à prendre des mesures en vue de rétablir la démocratie et la liberté », a notamment déclaré M. Campbell.
Ces précisions intervenaient en réponse à une question posée par Faleomavaega Eni Hunkin, représentant des Samoa américaines au Congrès et qui prône la ligne « compréhensive » depuis plusieurs mois en faisant valoir que la politique punitive pratiquée notamment par l’Australie et la Nouvelle-Zélande « n’a pas seulement échoué mais a aussi été totalement contre-productive ».
M. Campbell avait tenu des propos similaires en mode « dialogue post-Forum », en marge du dernier sommet des dirigeants des 16 États membres du Forum des Îles du Pacifique (FIP), qui avait eu lieu du 3 au 6 août 2010 à Port-Vila (Vanuatu).
Dans un communiqué distinct, M. Kubuabola a déclaré avoir aussi, cette semaine, expliqué de vive voix à Mme Clinton le « Cadre Stratégique » mis en place par Fidji « pour le Changement » et qui détaille un calendrier de retour à la démocratie, précédé par un plan de réformes.

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Rédigé par PaD le Jeudi 28 Octobre 2010 à 16:51 | Lu 547 fois