À Bora Bora, la recherche a le vent en poupe


Bora Bora, le 3 septembre 2024 - À l’occasion de la visite du haut-commissaire Éric Spitz à Bora Bora, le président directeur général du Centre national de recherche scientifique (CNRS) Antoine Petit et le directeur du Criobe Pierre Sasal se sont rendus pour la première fois sur la Perle du Pacifique, lieu d’expérimentation et de recherche dans de nombreux domaines.
 

La visite du haut-commissaire, du président directeur général du Centre national de recherche scientifique (CNRS) et du directeur du Criobe à Bora Bora a débuté par l’accueil de la délégation à la mairie et la présentation par le maire Gaston Tong Sang des nombreuses réalisations innovantes menées sur l’île depuis 1989 dans le domaine du développement durable. “Le monde scientifique vient toujours démontrer que le politique a tort. Nous avons pris le parti inverse”, a déclaré avec humour le premier édile de l’île.

 
De fait, la collaboration entre les pouvoirs publics et le monde de l’innovation et de la recherche a été constante depuis 1989 : les différentes étapes qui ont été menées, de la distribution de l’eau potable à tous les habitants de l’île aux dernières innovations en matière d’osmose inversée, de traitement et de recyclage des eaux par ultrafiltration ou de climatisation par l’eau de mer (Swac), en attestent. Les projets visant à la décarbonation de l’île ont également été présentés par Vincent Sturny, responsable du développement des îles et de l’innovation à la Polynésienne des eaux, comme les bateaux équipés de moteurs à hydrogène ou le futur ETM sur le motu de l’aéroport, qui permettrait la climatisation et les cultures fraîches en utilisant l’eau de mer profonde.

Le CNRS “au service de la collectivité”

De nombreux domaines restent cependant encore à explorer. La convention passée en 2023 entre la mairie de Bora Bora et le Criobe a permis d’ouvrir les champs d’investigation scientifique sur l’île et de multiplier les publications à son sujet : ainsi, le projet BoraBiodiv, présenté par David Lecchini, a déjà suscité de nombreuses études sur l’état du lagon de Bora Bora, en particulier sur les conséquences de la pêche lagonaire sur les populations de poissons, et doit déboucher sur l’installation concertée d’un rahui dans le sud du lagon. L’installation de bouées scientifiques a également permis d’en mesurer la pollution sonore. Une étude des conséquences du bruit généré par les activités nautiques sur la santé de la faune marine est en cours.

 
C’est justement “pour comprendre et aider davantage les équipes de recherche locales et les collectivités” que le président du CNRS a fait le déplacement sur la Perle du Pacifique. Sur la question de l’acoustique par exemple, Antoine Petit a proposé l’aide d’un laboratoire de pointe du CNRS situé au Mans qui pourrait contribuer à l’étude sur les nuisances sonores. “Le CNRS, c’est plus de mille laboratoires et de collaborateurs à l’étranger. Il y a plein de sujets pour lesquels il peut apporter son aide en s’appuyant sur le Criobe”, a-t-il souligné. “La collectivité doit définir ses besoins afin que le CNRS puisse se mettre à son service. La recherche, dans l’absolu, ne suffit pas : un projet qui permet d’aider une collectivité ou une population dans le cadre de partenariats est ce que nous désirons mettre en œuvre.”
 

“La recherche vers et pour la société civile” trouve son illustration dans l’action de l’association Ia Vai Ma noa Bora Bora, qui œuvre dans le domaine social et environnemental depuis de nombreuses années. Sa présidente, Tehani Maueau, a présenté son action auprès des établissements scolaires avec la mise en place de l’aire marine éducative et ses activités de bouturage des coraux. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui sont venus présenter à la délégation leur travail autour de l’étude et de la préservation du corail, montrant ainsi l’implication de la jeunesse dans la protection de son environnement.


Le “parcours scientifique d’excellence” proposé aux élèves au collège-lycée de Bora Bora, en partenariat avec le Criobe, illustre cette volonté de développer les vocations en matière de recherche scientifique liée aux problématiques environnementales auxquelles l’île fait face. Dans le domaine de la formation, le CNRS s’est dit prêt à accueillir et former des chercheurs polynésiens dans ses laboratoires afin de contribuer au développement de la recherche au Fenua.

Rédigé par Lucie Scarparo le Mardi 3 Septembre 2024 à 16:25 | Lu 1151 fois