Crédit Denis CHARLET / AFP
Blendecques, France | AFP | lundi 03/06/2024 - "Nous sommes des déplacés climatiques": à Blendecques, l'une des communes du Pas-de-Calais les plus touchées par les dernières inondations, un lotissement d'une dizaine de pavillons va disparaître. Les maisons seront rachetées par l'Etat puis rasées, faute de pouvoir y garantir la sécurité des habitants.
Vingt-huit ans qu'Yvette Dhaneus, 82 ans, vit dans sa coquette maison individuelle dans le fond de l'impasse Roger Salengro.
Volets en bois, jardin fleuri, chant des oiseaux... un "petit paradis", décrit-elle sur le pas de sa porte, d'où on entend ruisseler l'Aa qui borde son jardin.
C'est son mari maçon qui l'a construite dans les années 1980, comme toutes les maisons du quartier. "Il s'est usé !", raconte-t-elle.
L'ancienne coiffeuse a vécu toute sa vie dans cette commune de 5.000 habitants, sa fille habite la première maison du lotissement, son fils de l'autre côté de l'Aa, le fleuve qui a débordé lors des inondations.
Pour l'octogénaire, l'une des seules à vivre encore dans le quartier, partir est un déchirement. "Arrivée à mon grand âge, je vais être mise dehors", soupire-t-elle, sous son grand parapluie.
Ce quartier, difficile à protéger en raison de sa situation entre deux bras de l'Aa, présente aussi "un intérêt hydraulique" à être déconstruit afin de "retrouver une fonction de zone d'expansion des crues naturelle", explique la préfecture du Pas-de-Calais à l'AFP.
Dix sinistrés de l'impasse ont donc déposé une demande de rachat auprès de l'Etat via le fonds Barnier, dispositif qui finance les indemnités d'expropriation de biens exposés à un risque naturel majeur.
- "Presqu'île" -
D'autres zones du département, vulnérables aux pluies extrêmes et aux inondations, dont la fréquence et l'intensité augmentent avec le réchauffement climatique, pourraient être concernées par ce type de procédure, notamment la commune voisine d'Arques.
Le printemps 2024 a été le quatrième le plus arrosé jamais enregistré en France, a indiqué Météo-France lundi.
Le nord de la France a subi à l'automne une vague de précipitations sans précédent, entraînant des phénomènes pluvieux quasiment continus et des crues exceptionnelles sur plusieurs bassins.
En janvier, il s'est remis à pleuvoir sur un sol saturé et Blendecques était de nouveau sous l'eau. "Presque 40 rues étaient inondées et près de 900 maisons, une catastrophe", se souvient Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire.
Dans l'impasse Salengro "en contrebas", qui est une "presqu'île", "ça faisait baignoire", décrit Vincent Maquignon, habitant du quartier.
"La première inondation, le 6 novembre, on a pris 60 centimètres, cinq jours après 1m20, puis 1m30 en janvier", poursuit-il, sous une pluie fine et continue devant son pavillon en briques rouges.
Presque six mois après, les rez-de-chaussée des maisons du quartier sont vidés, les murs noircis par la moisissure, les sols abîmés. "Attention rue très dangereuse, inondations à répétition", peut-on lire sur une porte de garage.
- "Sécurité humaine et financière" -
Les dégâts de ces crues dans les Hauts-de-France ont été évalués en janvier à au moins 640 millions d'euros par la Caisse centrale de réassurance.
La majorité des habitants ont depuis été relogés temporairement, mais continuent à y venir régulièrement, ouvrir les volets, aérer, tondre la pelouse, "faire vivre" leur quartier adoré.
"On ne part pas de gaieté de coeur", mais "pour se mettre en sécurité", affirme Vincent Maquignon, 52 ans. "Nous sommes des réfugiés climatiques."
C'est une "sécurité humaine" et "financière", "17 ans que je me bats au travail pour payer cette maison", qui ne vaudrait plus rien sans le fonds Barnier, se désole Laurie Ghillebaert, 46 ans, venue comme chaque matin allumer sa cheminée.
Avec le fonds Barnier, "on a la chance de pouvoir partir à l'équilibre", se console M. Maquignon, selon qui les maisons ont été estimées au prix avant inondations entre 200.000 et 260.000 euros par les experts et l'État.
Comme ses voisins, il cherche maintenant un logement sur les hauteurs, "loin de l'eau, c'est la priorité".
La communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer (Caspo), qui copilote le projet avec l'Etat, gèrera la démolition et la remise en état des terrains qui deviendront inconstructibles, selon la préfecture.
Les premières démolitions pourraient être envisagées avant la fin de l'année.
Vingt-huit ans qu'Yvette Dhaneus, 82 ans, vit dans sa coquette maison individuelle dans le fond de l'impasse Roger Salengro.
Volets en bois, jardin fleuri, chant des oiseaux... un "petit paradis", décrit-elle sur le pas de sa porte, d'où on entend ruisseler l'Aa qui borde son jardin.
C'est son mari maçon qui l'a construite dans les années 1980, comme toutes les maisons du quartier. "Il s'est usé !", raconte-t-elle.
L'ancienne coiffeuse a vécu toute sa vie dans cette commune de 5.000 habitants, sa fille habite la première maison du lotissement, son fils de l'autre côté de l'Aa, le fleuve qui a débordé lors des inondations.
Pour l'octogénaire, l'une des seules à vivre encore dans le quartier, partir est un déchirement. "Arrivée à mon grand âge, je vais être mise dehors", soupire-t-elle, sous son grand parapluie.
Ce quartier, difficile à protéger en raison de sa situation entre deux bras de l'Aa, présente aussi "un intérêt hydraulique" à être déconstruit afin de "retrouver une fonction de zone d'expansion des crues naturelle", explique la préfecture du Pas-de-Calais à l'AFP.
Dix sinistrés de l'impasse ont donc déposé une demande de rachat auprès de l'Etat via le fonds Barnier, dispositif qui finance les indemnités d'expropriation de biens exposés à un risque naturel majeur.
- "Presqu'île" -
D'autres zones du département, vulnérables aux pluies extrêmes et aux inondations, dont la fréquence et l'intensité augmentent avec le réchauffement climatique, pourraient être concernées par ce type de procédure, notamment la commune voisine d'Arques.
Le printemps 2024 a été le quatrième le plus arrosé jamais enregistré en France, a indiqué Météo-France lundi.
Le nord de la France a subi à l'automne une vague de précipitations sans précédent, entraînant des phénomènes pluvieux quasiment continus et des crues exceptionnelles sur plusieurs bassins.
En janvier, il s'est remis à pleuvoir sur un sol saturé et Blendecques était de nouveau sous l'eau. "Presque 40 rues étaient inondées et près de 900 maisons, une catastrophe", se souvient Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire.
Dans l'impasse Salengro "en contrebas", qui est une "presqu'île", "ça faisait baignoire", décrit Vincent Maquignon, habitant du quartier.
"La première inondation, le 6 novembre, on a pris 60 centimètres, cinq jours après 1m20, puis 1m30 en janvier", poursuit-il, sous une pluie fine et continue devant son pavillon en briques rouges.
Presque six mois après, les rez-de-chaussée des maisons du quartier sont vidés, les murs noircis par la moisissure, les sols abîmés. "Attention rue très dangereuse, inondations à répétition", peut-on lire sur une porte de garage.
- "Sécurité humaine et financière" -
Les dégâts de ces crues dans les Hauts-de-France ont été évalués en janvier à au moins 640 millions d'euros par la Caisse centrale de réassurance.
La majorité des habitants ont depuis été relogés temporairement, mais continuent à y venir régulièrement, ouvrir les volets, aérer, tondre la pelouse, "faire vivre" leur quartier adoré.
"On ne part pas de gaieté de coeur", mais "pour se mettre en sécurité", affirme Vincent Maquignon, 52 ans. "Nous sommes des réfugiés climatiques."
C'est une "sécurité humaine" et "financière", "17 ans que je me bats au travail pour payer cette maison", qui ne vaudrait plus rien sans le fonds Barnier, se désole Laurie Ghillebaert, 46 ans, venue comme chaque matin allumer sa cheminée.
Avec le fonds Barnier, "on a la chance de pouvoir partir à l'équilibre", se console M. Maquignon, selon qui les maisons ont été estimées au prix avant inondations entre 200.000 et 260.000 euros par les experts et l'État.
Comme ses voisins, il cherche maintenant un logement sur les hauteurs, "loin de l'eau, c'est la priorité".
La communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer (Caspo), qui copilote le projet avec l'Etat, gèrera la démolition et la remise en état des terrains qui deviendront inconstructibles, selon la préfecture.
Les premières démolitions pourraient être envisagées avant la fin de l'année.