Richard Danglot, fondateur d'Océa, Loïc Darcel qui rachète l'entreprise, et Jimmy Thillaye qui va désormais la gérer. L'histoire d'une transmission en douceur.
PAPEETE, le 12 juin 2017 - Une petite entreprise polynésienne vient de connaître une succession douce. Océa, spécialiste des eaux de consommation et des eaux de rejet, est racheté un entrepreneur métropolitain, celui qui a construit la station d'épuration de Papeete.
C'est l'histoire commune d'un patron qui part à la retraite et revend son activité. Un moment déterminant pour la survie de l'entreprise, qui agite les salariés : un concurrent ne risque-t-il pas d'acheter l'activité et de chercher des "synergies" pour réduire les coûts ? Un novice dans le métier sera-t-il à la hauteur ? Un jeune repreneur avec de nouvelles idées et une nouvelle énergie va-t-il réussir à garantir des années de travail à ses salariés et un service de qualité à ses clients ?
Dans le cas d'Océa, tout semble se passer au mieux vu l'ambiance détendue qui égaie les bureaux de cette petite PME polynésienne basée au centre commercial du Lotus. Ces industriels de l'eau boivent du petit lait depuis qu'ils ont découvert le palmarès de leur nouveau propriétaire : en 20 ans il a monté un vrai empire du traitement de l'eau potable et du retraitement des eaux usées en métropole. Il s'agit de Loïc Darcel, président d'Aqualter. Il a même un nom en Polynésie pour avoir construit la toute nouvelle usine de traitement des eaux usées de Papeete.
Pour les salariés, c'est une promesse de développement important pour le futur. L'appui d'un groupe français qui a la Caisse des dépôts et consignations comme principal actionnaire et une expertise à toute épreuve dans les même métiers va leur permettre de passer à la vitesse supérieure face à leurs concurrents. La nomination d'un ancien de la boite pour gérer l'entreprise polynésienne après le départ du fondateur est particulièrement rassurante. Mais finalement le plus rassuré c'est Richard Danglot, le fondateur lui-même, qui peut enfin arrêter de travailler à 70 ans et passer le flambeau en toute confiance.
C'est l'histoire commune d'un patron qui part à la retraite et revend son activité. Un moment déterminant pour la survie de l'entreprise, qui agite les salariés : un concurrent ne risque-t-il pas d'acheter l'activité et de chercher des "synergies" pour réduire les coûts ? Un novice dans le métier sera-t-il à la hauteur ? Un jeune repreneur avec de nouvelles idées et une nouvelle énergie va-t-il réussir à garantir des années de travail à ses salariés et un service de qualité à ses clients ?
Dans le cas d'Océa, tout semble se passer au mieux vu l'ambiance détendue qui égaie les bureaux de cette petite PME polynésienne basée au centre commercial du Lotus. Ces industriels de l'eau boivent du petit lait depuis qu'ils ont découvert le palmarès de leur nouveau propriétaire : en 20 ans il a monté un vrai empire du traitement de l'eau potable et du retraitement des eaux usées en métropole. Il s'agit de Loïc Darcel, président d'Aqualter. Il a même un nom en Polynésie pour avoir construit la toute nouvelle usine de traitement des eaux usées de Papeete.
Pour les salariés, c'est une promesse de développement important pour le futur. L'appui d'un groupe français qui a la Caisse des dépôts et consignations comme principal actionnaire et une expertise à toute épreuve dans les même métiers va leur permettre de passer à la vitesse supérieure face à leurs concurrents. La nomination d'un ancien de la boite pour gérer l'entreprise polynésienne après le départ du fondateur est particulièrement rassurante. Mais finalement le plus rassuré c'est Richard Danglot, le fondateur lui-même, qui peut enfin arrêter de travailler à 70 ans et passer le flambeau en toute confiance.
Richard Danglot, fondateur d'Océa
"Je voulais que l'entreprise reste dans une structure familiale"
Tu as créé ton entreprise en 1983, peux-tu nous raconter cette aventure ?
Je suis arrivé en Polynésie du Gabon, et j'ai commencé à m'occuper de la climatisation puis de l'électricité à l'hôpital Jean-Prince. La personne avec qui je faisais ça a décidé de continuer seul, j'ai alors commencé à travailler avec Pierre Mony, qui m'a donné pas mal de travail. En 1983 j'ai créé Océa et on a continué sur cette lancée. En 2001 on a commencé à se diversifier sur les installations de traitement des eaux de consommation et des eaux de rejet, qui aujourd'hui représentent l'essentiel de l'activité.
Ça a très bien marché pendant longtemps, mais il y a eu de grosses baisses. La première ça a été le Taui, en 2004. On n'avait plus de travail, tout était bloqué. Ensuite, avec le décès de ma femme en 2004 ça a été un deuxième coup dur la même année. Je me suis un peu repris, puis en 2006 j'ai rencontré ma femme actuelle, et j'ai commencé à arrêter de travailler. En 2008, j'ai commencé à ne plus du tout m'occuper de l'entreprise et à confier toute la gestion à ma comptable… Mais avec plus personne derrière, avec ceux que j'avais laissés pour encadrer qui n'encadraient plus vraiment, le chiffre a encore plongé. J'ai dû revenir. Mais aujourd'hui l'entreprise va bien.
À 70 ans tu prends ta retraite, que vont devenir tes 14 employés ?
Ils ont déjà retrouvé un travail (rire) ! En la personne de Loïc Darcel qui est arrivé au bon moment pour pouvoir reprendre la boite. J'avais eu des propositions de rachat de la part de la Polynésienne des Eaux et Cegelec, mais je n'étais pas très chaud, je préférais que ça reste une structure familiale et préserver la concurrence pour nos clients. Je pense que Loïc est dans le même esprit, donc je suis heureux que ce soit lui qui reprenne.
As-tu des conseils à donner aux jeunes créateurs d'entreprise, avec tes 30 ans d'expérience ?
Pas vraiment… Je pense que tout le monde peut créer son entreprise, il suffit d'avoir vraiment envie de le faire. Au final, ça vaut le coup tant qu'on a l'envie. Pour moi ça n'a plus marché que quand j'ai cessé d'avoir envie, et quand on baisse les bras c'est très difficile de revenir.
"Je voulais que l'entreprise reste dans une structure familiale"
Tu as créé ton entreprise en 1983, peux-tu nous raconter cette aventure ?
Je suis arrivé en Polynésie du Gabon, et j'ai commencé à m'occuper de la climatisation puis de l'électricité à l'hôpital Jean-Prince. La personne avec qui je faisais ça a décidé de continuer seul, j'ai alors commencé à travailler avec Pierre Mony, qui m'a donné pas mal de travail. En 1983 j'ai créé Océa et on a continué sur cette lancée. En 2001 on a commencé à se diversifier sur les installations de traitement des eaux de consommation et des eaux de rejet, qui aujourd'hui représentent l'essentiel de l'activité.
Ça a très bien marché pendant longtemps, mais il y a eu de grosses baisses. La première ça a été le Taui, en 2004. On n'avait plus de travail, tout était bloqué. Ensuite, avec le décès de ma femme en 2004 ça a été un deuxième coup dur la même année. Je me suis un peu repris, puis en 2006 j'ai rencontré ma femme actuelle, et j'ai commencé à arrêter de travailler. En 2008, j'ai commencé à ne plus du tout m'occuper de l'entreprise et à confier toute la gestion à ma comptable… Mais avec plus personne derrière, avec ceux que j'avais laissés pour encadrer qui n'encadraient plus vraiment, le chiffre a encore plongé. J'ai dû revenir. Mais aujourd'hui l'entreprise va bien.
À 70 ans tu prends ta retraite, que vont devenir tes 14 employés ?
Ils ont déjà retrouvé un travail (rire) ! En la personne de Loïc Darcel qui est arrivé au bon moment pour pouvoir reprendre la boite. J'avais eu des propositions de rachat de la part de la Polynésienne des Eaux et Cegelec, mais je n'étais pas très chaud, je préférais que ça reste une structure familiale et préserver la concurrence pour nos clients. Je pense que Loïc est dans le même esprit, donc je suis heureux que ce soit lui qui reprenne.
As-tu des conseils à donner aux jeunes créateurs d'entreprise, avec tes 30 ans d'expérience ?
Pas vraiment… Je pense que tout le monde peut créer son entreprise, il suffit d'avoir vraiment envie de le faire. Au final, ça vaut le coup tant qu'on a l'envie. Pour moi ça n'a plus marché que quand j'ai cessé d'avoir envie, et quand on baisse les bras c'est très difficile de revenir.
Loïc Darcel, repreneur d'Océa, président de Aqualter
"Nous voulons prendre racine en Polynésie"
Pouvez-vous vous présenter ?
Alors je fais le même métier de Richard. J'ai 9 ans de moins, donc j'ai commencé plus récemment… j'ai créé mon entreprise en 1996, je sortais d'un grand groupe de gestion de l'eau, la Saur, pour lequel j'avais travaillé au siège à Paris et en Afrique. J'avais envie de gérer ma propre entreprise et j'ai démarré en rachetant une petite entreprise moribonde, en métropole, dans le Vars. Ses activités ressemblaient à celles d'Océa aujourd'hui. Pendant quelques années ça a été un peu compliqué puis peu à peu ça s'est redressé.
Les banques nous ont alors faits confiance et j'ai pu racheter d'autres entreprises, en 2001 puis en 2002. Cette dernière était plus grosse, c'était le premier constructeur indépendant français de stations d'épuration, et là on a franchi un cap. Le siège du groupe est passé à Chartres, on construisait beaucoup de stations d'épuration. Nos clients nous demandaient si on ne pouvait pas également répondre aux appels d'offres pour leur entretien, donc on a commencé à faire ça. A ce moment le marché en France était très porteur car il y avait beaucoup d'investissements dans le traitement des eaux pour répondre aux législations européennes.
En 2010, j'ai proposé à la Caisse des dépôts et consignations de reprendre une de ses entreprises qui faisait de la distribution d'eau potable. On a commencé à construire des usines d'eaux potables et à les entretenir aussi. Donc maintenant on peut tout construire et gérer, à la fois pour l'eau potable et pour le traitement des eaux usées. Après avoir construit des centaines d'installations, aujourd'hui la société a pris le virage de l'exploitation. Nous sommes 230 personnes, pour un chiffre d'affaires de 6 milliards de francs pacifiques par an.
Pour vous Océa ne représente pas grand-chose, pourquoi faire tout ce chemin pour racheter cette petite entreprise ?
Et bien comme notre stratégie en métropole a bien marché, on essaie de se développer à l'international. Tahiti ce n'est pas vraiment de l'international, mais c'est quand même loin… Et le hasard joue aussi. Il y a six ans, j'ai reçu un coup de téléphone d'un bureau d'étude d'ici qui m'a dit qu'ils allaient construire la station d'épuration de Papeete en conception-construction-maintenance. Ils ne faisaient que la conception. On a répondu avec eux, et on a gagné, donc c'est nous qui avons construit la station de Papeete !
Elle a été réceptionnée en septembre 2016, et depuis on exploite cette station, nous avons créé pour l'occasion Aqualter Polynésie. Maintenant que nous avons cette station qui est la plus grande de Polynésie, l'idée est de prendre racine. Avec cette vitrine et le savoir-faire d'Aqualter, nous aurons quelque chose d'intéressant à proposer. La meilleure solution pour s'implanter était de reprendre une société et j'ai entendu parler d'Océa, qui a une très bonne réputation et faisait aussi de l'eau potable en plus des eaux usées. C'est comme ça que notre activité à Tahiti passe de trois à vingt salariés !
"Nous voulons prendre racine en Polynésie"
Pouvez-vous vous présenter ?
Alors je fais le même métier de Richard. J'ai 9 ans de moins, donc j'ai commencé plus récemment… j'ai créé mon entreprise en 1996, je sortais d'un grand groupe de gestion de l'eau, la Saur, pour lequel j'avais travaillé au siège à Paris et en Afrique. J'avais envie de gérer ma propre entreprise et j'ai démarré en rachetant une petite entreprise moribonde, en métropole, dans le Vars. Ses activités ressemblaient à celles d'Océa aujourd'hui. Pendant quelques années ça a été un peu compliqué puis peu à peu ça s'est redressé.
Les banques nous ont alors faits confiance et j'ai pu racheter d'autres entreprises, en 2001 puis en 2002. Cette dernière était plus grosse, c'était le premier constructeur indépendant français de stations d'épuration, et là on a franchi un cap. Le siège du groupe est passé à Chartres, on construisait beaucoup de stations d'épuration. Nos clients nous demandaient si on ne pouvait pas également répondre aux appels d'offres pour leur entretien, donc on a commencé à faire ça. A ce moment le marché en France était très porteur car il y avait beaucoup d'investissements dans le traitement des eaux pour répondre aux législations européennes.
En 2010, j'ai proposé à la Caisse des dépôts et consignations de reprendre une de ses entreprises qui faisait de la distribution d'eau potable. On a commencé à construire des usines d'eaux potables et à les entretenir aussi. Donc maintenant on peut tout construire et gérer, à la fois pour l'eau potable et pour le traitement des eaux usées. Après avoir construit des centaines d'installations, aujourd'hui la société a pris le virage de l'exploitation. Nous sommes 230 personnes, pour un chiffre d'affaires de 6 milliards de francs pacifiques par an.
Pour vous Océa ne représente pas grand-chose, pourquoi faire tout ce chemin pour racheter cette petite entreprise ?
Et bien comme notre stratégie en métropole a bien marché, on essaie de se développer à l'international. Tahiti ce n'est pas vraiment de l'international, mais c'est quand même loin… Et le hasard joue aussi. Il y a six ans, j'ai reçu un coup de téléphone d'un bureau d'étude d'ici qui m'a dit qu'ils allaient construire la station d'épuration de Papeete en conception-construction-maintenance. Ils ne faisaient que la conception. On a répondu avec eux, et on a gagné, donc c'est nous qui avons construit la station de Papeete !
Elle a été réceptionnée en septembre 2016, et depuis on exploite cette station, nous avons créé pour l'occasion Aqualter Polynésie. Maintenant que nous avons cette station qui est la plus grande de Polynésie, l'idée est de prendre racine. Avec cette vitrine et le savoir-faire d'Aqualter, nous aurons quelque chose d'intéressant à proposer. La meilleure solution pour s'implanter était de reprendre une société et j'ai entendu parler d'Océa, qui a une très bonne réputation et faisait aussi de l'eau potable en plus des eaux usées. C'est comme ça que notre activité à Tahiti passe de trois à vingt salariés !