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À 14 ans, Moehana va voltiger au Canada


TAHITI, le 28 mai 2020 - Moehana Vanaa a découvert l’art du cirque il y a trois ans. Depuis, elle s’est laissée gagner par la passion. Ses efforts, sa persévérance et sa motivation ont payé. Elle a passé avec brio les épreuves de sélection pour entrer à l’École nationale de cirque de Montréal, au Canada. L’une des quatre plus grandes écoles de cirque au monde. Elle commence en août.

"J’aime être dans les airs" dit en résumé Moehana Vanaa. Et cela lui a suffi pour franchir les portes de l’École nationale de cirque de Montréal, au Canada. Ce qu’elle préfère, c’est la voltige et, pour l’instant, peu importe le matériel : tissu, cerceau, trapèze.

"On est super fier d’elle", répètent Katia Sereno et Sébastien Stella. Fondateurs de l’Espace cirque de Moorea, anciens du Cirque du soleil, ce sont eux qui entraînent Moehana (Lire aussi cet article). "On est fier, car c’est la première Polynésienne à réussir ce challenge. Elle a seulement 14 ans et fait maintenant partie des meilleurs acrobates espoirs internationaux dans sa catégorie d’âge. Elle est entrée du premier coup dans l’une des quatre plus grandes écoles de cirque au monde. En moyenne, les candidats échouent trois, quatre, cinq fois aux tests d’entrée."

Le cirque découvert en 2017

Moehana Vanaa, ou Moe pour les intimes, est revenue en Polynésie il y a cinq ans. Son père est originaire de Rurutu, sa mère de métropole. Ils vivent à Moorea. "Un jour j'ai vu une affiche annonçant un stage de cirque, j’ai demandé à m’inscrire." C’était il y a trois ans. À cette époque, l’adolescente "n’est pas très stage". Elle pratique, pour s’entretenir du karaté, de la natation. "Mais c’était juste du loisir."

Le stage de cirque lui plaît. Elle réclame, lors des vacances scolaires suivantes à faire un deuxième stage. "Je voulais vérifier que ça me plaisait." Et puis, un troisième suit. Elle passe de plus en plus de temps sous le chapiteau. "Elle s’est inscrite aux cours à l’année et petit à petit elle a demandé à pouvoir nous donner un petit coup de main par-ci, par-là en plus des cours", raconte Katia Sereno. À la maison, ses parents voient la passion grandir. "Assez rapidement, il n’y en a plus eu que pour le cirque". Ils étaient loin d’imaginer où tout cela les porterait.

Moehana Vanaa a décidé il y a une petite année de participer à un stage à l’École nationale de cirque de Montréal au Canada. "C’est l’école qui a pour moi tous les avantages, en plus elle accepte les candidats de mon âge." Pour y participer, elle a dû passer une première sélection en envoyant des vidéos. Elle a été acceptée et a pu se rendre compte que le cadre était bel et bien accueillant et l’ambiance, sympathique. "J’ai eu envie de poursuivre mes études là-bas."

En rentrant, elle parle de son projet à ses parents et surtout à Katia et Sébastien pour qu’ils intensifient l’entraînement. "On avait huit mois devant nous. On a augmenté le rythme et le niveau sachant très bien ce qu’on attendait d’une candidate dans ce genre d’établissement", indiquent Katia Sereno et Sébastien Stella. Moehana Vanaa s’est inscrite au Centre national d'enseignement à distance (CNED) pour pouvoir assurer entre 10 et 12 heures de cirque et fitness par semaine.

"Une vie trépidante s'ouvre à elle"

Les sélections pour entrer à l’école ont démarré en début d'année. Le 14 janvier, Moehana Vanaa était à Paris. Au programme : acrobatie. "C’était plus facile physiquement qu’à Moorea où il fait très chaud, mais je grelottais sur la piste. Le jury s’est étonné de me voir claquer des dents."

Le 15 janvier, elle était appelée à nouveau pour montrer cette fois ses talents artistiques, de jeu d’actrice… Plus tard, étant donné qu’elle avait réussi cette première étape d’auditions, l’école s’est intéressée à son niveau scolaire. "J’ai eu des tests de logique, de français, d’anglais car c’est une école bilingue, de culture générale et de mathématiques."

Après cette deuxième étape, restait encore un entretien en ligne. "Après une heure d’échanges, en raccrochant, j’étais désespérée. J’avais l’impression que ça c’était mal passé."

La réponse définitive est arrivée fin mars. L’École nationale de cirque de Montréal a ouvert ses portes à la jeune polynésienne. La rentrée est prévue en août.

Plusieurs années d’études et d’apprentissage s’annoncent avant de pouvoir embrasser une vie d’artiste. "On peut faire tellement choses ensuite. Il y a la scène bien sûr", détaille Katia Sereno, "mais aussi la direction, l’enseignement, la chorégraphie, le coaching. On peut vieillir dans l’art ! " En attendant, "une vie trépidante s’ouvre à elle. Et on sait de quoi on parle", concluent Katia et Sébastien.

Retrouvez son portrait en vidéo

"Elle a tout pour réussir"

Katia Sereno et Sébastien Stella sont deux anciens artistes du Cirque du soleil. Ils ont évolué sur de nombreuses scènes et pour de nombreuses personnalités avant de poser leurs valises à Moorea en juin 2016. "Déjà, à l’issue du deuxième jour de l’audition à Paris, quand on a su qu’elle était retenue pour la seconde journée, on était fou ! ", se rappelle Katia.

Avec Sébastien, elle a suivi de près tout le parcours de Moehana. De ses premiers pas sur leur piste à son entrée à l’École nationale de cirque au Canada. D’après eux, même si la jeune fille a démarré tard, "elle a tout pour réussir".

D’abord parce qu’elle s’est entraînée pendant trois ans "à l’ancienne". Katia et Sébastien reconnaissent ne pas avoir les équipements dernier cri. "Par exemple, on lui faisait porter des pneus pour le renforcement musculaire", illustre Sébastien en souriant.

Elle a par ailleurs dû travailler dans des conditions climatiques difficiles, car il fait extrêmement chaud sous le chapiteau de Moorea. "Tout a été très dur. Elle va tenir, elle a du cœur, c’est ce qui fait la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui s’arrêtent." Katia précise qu’avoir du cœur c’est avoir la passion, mais aussi la hargne pour se battre et continuer même si les larmes viennent aux yeux. "Certains sont très doués, mais sans le cœur, ils ne vont pas loin."


Contacts

FB Espace Cirque Moorea

Site internet de l’école nationale de cirque à Montréal.

Afin d'aider Moehana a financé son année d'études de cirque au Canada estimée à 1,5 million Fcfp, une cagnotte a été mise en ligne sur leetchi. https://www.leetchi.com/fr/c/wKbEOaxl.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 28 Mai 2020 à 09:06 | Lu 28798 fois