Tahiti, le 15 septembre 2020 - Le procès d’entrepreneurs et de plusieurs agents de la subdivision de la direction de l’Équipement de Moorea, dont son ancien directeur, Michael Vanaa, s’est ouvert mardi matin devant le tribunal correctionnel. Notamment poursuivis pour escroquerie en bande organisée, les mis en cause auraient détourné plus de 90 millions de Fcfp d’argent public en établissant de fausses factures qui étaient payées par la direction de l’Équipement. Le tribunal correctionnel rendra son délibéré le 22 septembre.
Factures "saucissonnées", commandes "découpées", enveloppes de cash. Le tribunal correctionnel s’est plongé mardi dans le système d’escroquerie mis en place par l’ancien directeur de la subdivision de l’Équipement de Moorea, Michael Vanaa, avec la complicité de plusieurs entrepreneurs de l’île sœur. Entre le 1er avril 2013 et le 22 juin 2016, ce petit groupe avait permis le détournement de plus de 90 millions de Fcfp à l’aide d’un processus simple mais bien rôdé. De faux bons de commandes étaient rédigés par des agents de l’Équipement. Ils étaient ensuite transmis à des entrepreneurs qui émettaient de fausses factures. Ces dernières étaient ensuite payées par des virements ordonnés sur les comptes de leurs sociétés. Ces sommes d’argent étaient parfois remises à Michael Vanaa via des enveloppes de billets, ou comptées comme des "avoirs" qui permettaient notamment à ce dernier de se servir au sein des mêmes entreprises qui falsifiaient les factures. Ces factures n’atteignaient jamais plus d’un million de Fcfp car elles échappaient ainsi au contrôle de la direction de l’Équipement basée à Papeete.
L’affaire avait débuté le 8 juillet 2016 lorsque Jean-Paul Le Caill, alors à la tête de la direction de l’Équipement, avait fait un signalement auprès du procureur de la République pour dénoncer des malversations effectuées par Michael Vanaa, qui dirigeait à cette époque la subdivision de la direction de l’Équipement à Moorea. Jean-Paul Le Caill avait dénoncé l’existence de fausses factures et le paiement de frais de déplacement non justifiés. Une enquête préliminaire, confiée à la Section de recherches (SR) de Papeete et au Groupement interministériel de recherches (GIR), avait été ouverte par le parquet de Papeete et de nombreuses personnes avaient été entendues. Les investigations menées avaient permis d’établir que Michael Vanaa avait suggéré à plusieurs entrepreneurs d’émettre de fausses factures qui étaient réglées par de vraies fonds alloués à la subdivision de Moorea.
Factures "saucissonnées", commandes "découpées", enveloppes de cash. Le tribunal correctionnel s’est plongé mardi dans le système d’escroquerie mis en place par l’ancien directeur de la subdivision de l’Équipement de Moorea, Michael Vanaa, avec la complicité de plusieurs entrepreneurs de l’île sœur. Entre le 1er avril 2013 et le 22 juin 2016, ce petit groupe avait permis le détournement de plus de 90 millions de Fcfp à l’aide d’un processus simple mais bien rôdé. De faux bons de commandes étaient rédigés par des agents de l’Équipement. Ils étaient ensuite transmis à des entrepreneurs qui émettaient de fausses factures. Ces dernières étaient ensuite payées par des virements ordonnés sur les comptes de leurs sociétés. Ces sommes d’argent étaient parfois remises à Michael Vanaa via des enveloppes de billets, ou comptées comme des "avoirs" qui permettaient notamment à ce dernier de se servir au sein des mêmes entreprises qui falsifiaient les factures. Ces factures n’atteignaient jamais plus d’un million de Fcfp car elles échappaient ainsi au contrôle de la direction de l’Équipement basée à Papeete.
L’affaire avait débuté le 8 juillet 2016 lorsque Jean-Paul Le Caill, alors à la tête de la direction de l’Équipement, avait fait un signalement auprès du procureur de la République pour dénoncer des malversations effectuées par Michael Vanaa, qui dirigeait à cette époque la subdivision de la direction de l’Équipement à Moorea. Jean-Paul Le Caill avait dénoncé l’existence de fausses factures et le paiement de frais de déplacement non justifiés. Une enquête préliminaire, confiée à la Section de recherches (SR) de Papeete et au Groupement interministériel de recherches (GIR), avait été ouverte par le parquet de Papeete et de nombreuses personnes avaient été entendues. Les investigations menées avaient permis d’établir que Michael Vanaa avait suggéré à plusieurs entrepreneurs d’émettre de fausses factures qui étaient réglées par de vraies fonds alloués à la subdivision de Moorea.
"Élue du territoire"
Renvoyé une première fois en janvier dernier, le procès portant sur ces trois ans de magouilles s’est ouvert mardi matin devant le tribunal correctionnel. Outre Michael Vanaa, étaient également poursuivis l’élue Tahoeraa à l’assemblée et maire déléguée de Paopao élue sur la liste du Tapura, Vaiata Friedman, son mari et sa nièce, plusieurs autres entrepreneurs, deux agents de la subdivision de l’Équipement de Moorea ainsi que l’ancien directeur de l’Équipement, Jean-Paul Le Caill.
Premier des dix prévenus à avoir été entendus par le tribunal, le mari de Vaiata Friedman, Moana Friedman, a reconnu les faits de faux, usage de faux, d’escroquerie et de corruption active qui lui étaient reprochés. Gérant "de fait" de l’EURL Moana, commerce spécialisé dans la vente de fournitures en tous genres, et de la SARL Heimana construction, l’homme a reconnu qu’il avait émis de fausses factures à la demande de Michael Vanaa afin de constituer une "cagnotte" qui permettait à ce dernier de venir se servir dans le magasin. Chaque mois, Moana Friedman, ou sa nièce, remettaient des enveloppes de 200 000 Fcfp à Mickhael Vanaa. Lors des perquisitions effectuées au siège des deux entreprises, les enquêteurs avaient découvert que 2800 m3d’agrégats avaient été livrés pour 8000 m3 facturés. Ils avaient surtout remarqué que, sur les 106 millions retirés en numéraire par Moana Friedman entre 2013 et 2016, seuls 40 millions avaient été retracés, le reste ayant disparu. Interrogé sur les écoutes téléphoniques qui mettaient son épouse en cause, Moana Friedman a réaffirmé que cette dernière n’était absolument pas au courant de l’escroquerie. Alors qu’il semblait mal à l’aise, le président du tribunal s’est montré compréhensif : "Lorsque l’on écoute ces enregistrements Monsieur, on voit que votre femme était en train de contrecarrer l’enquête. Mais je comprends que ce n’est pas simple pour vous, c’est votre femme et elle est une élue du territoire."
Poursuivie pour recel de bien provenant d’un délit, c’est-à-dire pour avoir bénéficié des fonds détournés par son mari, Vaiata Friedman a soutenu lors de son audition qu’elle n’avait rien à se reprocher. "Cette politique de corruption, qu’avez-vous à en dire ? Puisque vous êtes élue, vous devez avoir une opinion", a tenté le président du tribunal. Réponse laconique de l’intéressée : "Je n’étais pas du tout dans les affaires". Tous les autres entrepreneurs ont ensuite défilé à la barre et ont unanimement rappelé que la direction de l’Équipement représentait un gros client pour leurs entreprises en minimisant cependant les accusations qu’ils avaient pu porter contre Michael Vanaa devant les enquêteurs. À la barre, la gérante de la société Tahiti Terrassement a évoqué une réunion qui aurait eu lieu en 2015 entre des entrepreneurs et Michael Vanaa. Constatant que ces derniers étaient mécontents de ne pas avoir été payés après être intervenus à la suite d'intempéries, Michael Vanaa aurait appelé son supérieur hiérarchique, Jean-Paul Le Caill, qui lui aurait dit de se "débrouiller". C’est de cette manière que plusieurs entrepreneurs s’étaient défendus lors de l’enquête, en indiquant qu’ils avaient accepté de faire de fausses factures afin d’être payés pour des factures antérieures. Sauf que le système existait bien avant ces fameuses intempéries…
Au terme de plus de dix heures d’audience, le procureur de la République a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis assortis d’un mandat de dépôt à l’encontre de Michael Vanaa. Deux ans de prison avec sursis ont été requis contre Vaiata Friedman et un an de sursis à l’encontre de Jean-Paul Le Caill, ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique.
Premier des dix prévenus à avoir été entendus par le tribunal, le mari de Vaiata Friedman, Moana Friedman, a reconnu les faits de faux, usage de faux, d’escroquerie et de corruption active qui lui étaient reprochés. Gérant "de fait" de l’EURL Moana, commerce spécialisé dans la vente de fournitures en tous genres, et de la SARL Heimana construction, l’homme a reconnu qu’il avait émis de fausses factures à la demande de Michael Vanaa afin de constituer une "cagnotte" qui permettait à ce dernier de venir se servir dans le magasin. Chaque mois, Moana Friedman, ou sa nièce, remettaient des enveloppes de 200 000 Fcfp à Mickhael Vanaa. Lors des perquisitions effectuées au siège des deux entreprises, les enquêteurs avaient découvert que 2800 m3d’agrégats avaient été livrés pour 8000 m3 facturés. Ils avaient surtout remarqué que, sur les 106 millions retirés en numéraire par Moana Friedman entre 2013 et 2016, seuls 40 millions avaient été retracés, le reste ayant disparu. Interrogé sur les écoutes téléphoniques qui mettaient son épouse en cause, Moana Friedman a réaffirmé que cette dernière n’était absolument pas au courant de l’escroquerie. Alors qu’il semblait mal à l’aise, le président du tribunal s’est montré compréhensif : "Lorsque l’on écoute ces enregistrements Monsieur, on voit que votre femme était en train de contrecarrer l’enquête. Mais je comprends que ce n’est pas simple pour vous, c’est votre femme et elle est une élue du territoire."
Poursuivie pour recel de bien provenant d’un délit, c’est-à-dire pour avoir bénéficié des fonds détournés par son mari, Vaiata Friedman a soutenu lors de son audition qu’elle n’avait rien à se reprocher. "Cette politique de corruption, qu’avez-vous à en dire ? Puisque vous êtes élue, vous devez avoir une opinion", a tenté le président du tribunal. Réponse laconique de l’intéressée : "Je n’étais pas du tout dans les affaires". Tous les autres entrepreneurs ont ensuite défilé à la barre et ont unanimement rappelé que la direction de l’Équipement représentait un gros client pour leurs entreprises en minimisant cependant les accusations qu’ils avaient pu porter contre Michael Vanaa devant les enquêteurs. À la barre, la gérante de la société Tahiti Terrassement a évoqué une réunion qui aurait eu lieu en 2015 entre des entrepreneurs et Michael Vanaa. Constatant que ces derniers étaient mécontents de ne pas avoir été payés après être intervenus à la suite d'intempéries, Michael Vanaa aurait appelé son supérieur hiérarchique, Jean-Paul Le Caill, qui lui aurait dit de se "débrouiller". C’est de cette manière que plusieurs entrepreneurs s’étaient défendus lors de l’enquête, en indiquant qu’ils avaient accepté de faire de fausses factures afin d’être payés pour des factures antérieures. Sauf que le système existait bien avant ces fameuses intempéries…
Au terme de plus de dix heures d’audience, le procureur de la République a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis assortis d’un mandat de dépôt à l’encontre de Michael Vanaa. Deux ans de prison avec sursis ont été requis contre Vaiata Friedman et un an de sursis à l’encontre de Jean-Paul Le Caill, ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique.
Open bar pour le carburant
Si les enveloppes de numéraires ont été longuement évoquées durant ce procès, le tribunal a également abordé la question du carburant. Les enquêteurs avaient en effet découvert que la subdivision de l’Équipement de Moorea finançait du carburant qui était gracieusement donné aux entrepreneurs. Une citerne de gasoil, alimentée par cette même subdivision, avait d’ailleurs été installée au sein de l’une des entreprises qui émettaient de fausses factures.