80% des Polynésiens inquiets pour leur océan


PAPEETE, le 11 octobre 2019 - Un sondage d’opinion réalisé en juillet dernier aux îles de la Société, aux Marquises et aux Australes sur un échantillon représentatif de 839 personnes met en évidence que près de huit personnes sur 10 estiment que l’océan se dégrade et est insuffisamment protégé en Polynésie française.
 
L’étude a été rendue publique par Pew Polynésie, vendredi. Une enquête d’opinion réalisée sur le territoire en juillet 2019 par l’agence Alvea à l’initiative du programme de Pew et Bertarelli montre que près de 80% des Polynésiens ont le sentiment que l’océan est en mauvaise santé et insuffisamment protégé.

Ce sondage révèle notamment qu'environ neuf personnes sur dix (87 %) souhaitent la création de rahui (zones interdites à la pêche) dans leur lagon. Les projets de grandes Aires marines protégées (AMP) bénéficient pour l'ensemble du panel (92 %) d’une opinion positive : le projet Te Tai Nui A Hau des Marquises est perçu favorablement par 73 % des personnes, tandis que l’AMP Rahui Nui no Tuhaa Pae des Australes est plébiscité par 78 % des prospects qui en ont entendu parler. Dans ces archipels, 81% de la population des Australes est favorable à la réalisation d’une AMP et 85% de la population des Marquises. Une aire marine protégée est un espace maritime où toute intervention humaine est fortement réglementée, et la pêche interdite pour permettre aux espèces de se reproduire.

L’Aire Marine Gérée sur l’ensemble de la Polynésie française, Te Tainui Atea est connue par 12% de la population, et bénéficie également d’une adhésion très importante (72 %) des personnes qui en ont déjà entendu parler.

61 % défavorables au projet de Hao

En bref, cette enquête met en évidence que 90% des personnes souhaitent l’interdiction des sacs plastiques à usage unique. La grande majorité de la population s’oppose à l’octroi de permis de pêche étrangers (86 %). L’interdiction des crèmes solaires présentant des risques pour la santé des coraux fait également un quasi consensus (74%). Le projet de ferme aquacole à Hao reçoit, de son côté, un accueil plus mitigé de la part des Polynésiens avec 39% d’opinions favorables.

Ce sondage permet de mesurer l’intérêt des Polynésiens pour les projets orientés vers une protection accrue de l’environnement maritime. "Ce que l’on peut retenir c’est déjà que les Polynésiens sont conscients des menaces liées à la surpêche, au changement climatique et qu’ils sont en demande de mesure de protection. On a conscience que les gens veulent protéger leur océan ; mais on ne savait pas dans quelles proportions", explique le docteur Jérôme Petit, directeur du Programme Pew Bertarelli en Polynésie française. "Cette enquête nous permet de voir, avec des chiffres en main que les Polynésiens sont très mobilisés pour un renforcement de la protection des océans. Ces résultats donnent une certaine légitimité à nos actions. On a toujours peur d’être regardés comme faisant de l’ingérence ; là, on voit que nos activités orientés vers la protection des océans correspondent vraiment à une demande de la population de Polynésie française."

L’enquête a été transmise par la fondation au gouvernement fin septembre dernier. "On espère, bien entendu, que ce sera un outil d’aide à la décision", explique Jérôme Petit.

Méthodologie

Etude réalisée par Alvea Consulting à la demande de l’antenne polynésienne de la fondation Pew Charitable trusts dans le cadre du projet Héritage des océans conduit par Pew et la fondation Bertarelli.
Les questionnaires ont été menés en français, tahitien et marquisien, par téléphone sur la base d’un listing de numéros mobiles et fixes généré aléatoirement. L’enquête s’est déroulée du 9 au 22 juillet 2019 par huit enquêteurs.
L’échantillon est composé de 839 Polynésiens de 18 ans et plus (411 aux Iles du Vent, 114 aux Iles-Sous-Le-Vent, 154 aux Marquises et 160 aux Australes, nul représentant des Tuamotu-Gambier). Autant d’hommes que de femmes ont été interrogés.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 11 Octobre 2019 à 16:14 | Lu 2607 fois