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77% des victimes de violences intrafamiliales sont des femmes


Tahiti, le 25 novembre 2022 – Chiffres, causes, réalisation et réflexions… La Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes a été l'occasion, vendredi, d'un focus spécifique sur la situation en Polynésie française fait par la directrice de cabinet du haut-commissaire, Emila Havez.
 
La date du vendredi 25 novembre a été choisie pour la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes en 2022. Une problématique nationale sur laquelle le Grenelle contre les violences conjugales, organisé en 2019, est venu apporter un éclairage plus précis, mais qui prend encore plus de sens en Polynésie française, où l'enjeu touche gravement la société. Les chiffres sont hélas éloquents. On dénombre, en proportion de la population, deux fois plus de violences intrafamiliales en Polynésie qu'en métropole. Et on sait que sur l'ensemble du territoire, 77% des victimes de ces violences intrafamiliales sont des femmes.
 
La journée du 25 novembre était donc l'occasion pour la directrice de cabinet du haut-commissaire, Emilia Havez, d'un point appuyé sur la situation des violences faites aux femmes en Polynésie, vendredi matin à la caserne de gendarmerie, avenue Pouvana'a. “Il y a eu beaucoup de travail et il en reste encore à faire. On peut reprendre les propos du président de la République lorsqu'il estime que durant les quatre à cinq dernières années, on a franchi un cap, mais on ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle”, explique la haute-fonctionnaire. En Polynésie en particulier, la dernière visite officielle du président Macron avait identifié ce sujet comme ceux nécessitant en priorité le soutien de l'action publique en Polynésie française. On se souvient des quatre postes d'intervenants sociaux, du soutien au centre Pu o te Hau… “Mais ce n'est pas en une année qu'on résoudra ce sujet-là”, souligne Emilia Havez.
 
Trois grandes causes de ce fléau ont été “clairement identifiées”, insiste Emilia Havez. La première est la consommation “massive” d'alcool et la deuxième celle de stupéfiants. “On constate en Polynésie que ces consommations se retrouvent chez les auteurs et les victimes. Et c'est ce phénomène de consommation massive qui aggrave, d'après notre analyse, cette prévalence des violences intrafamiliales et conjugales”, insiste-t-elle. La troisième cause est davantage un axe de prévention des comportements dès le plus jeune âge. Puisqu'il s'agit de la question des “représentations de la violence et de l'éducation au respect”.
 
“Encore des choses à travailler”
 
Parmi ces trois causes, c'est véritablement sur la réduction de la consommation massive d'alcool que la directrice de cabinet du haut-commissaire estime que l'on peut attendre des “effets immédiats”. Ces dernières années, plusieurs politiques publiques ont été mises en place en Polynésie pour tenter d'endiguer le phénomène. Le Téléphone grave danger, le dépôt de plainte simplifié à l'hôpital, la garde à vue systématique dans les situations de violences, la formation des forces de police et de gendarmerie ou encore l’augmentation significative d'un à cinq du nombre d'intervenants sociaux en commissariat et en gendarmerie sont “autant d'outils déployés sur le fenua depuis 2016”, rappellent les services de l'État.
 
Côté répression, Emilia Havez rend également hommage au travail du parquet de Papeete. “On peut signaler, quand même, que la réponse pénale est vraiment rapide et forte en Polynésie. En particulier, le parquet est vraiment engagé de manière continue depuis plusieurs années dans une réponse pénale cohérente et continue.” Mais elle concède que sur les suites du judiciaire, sur les accompagnements sociaux notamment, il reste des possibilités à exploiter. “C'est vrai qu'on a encore beaucoup à faire pour développer le travail avec les acteurs qui peuvent développer des soutiens.” La Polynésie manque notamment de lieux de sevrage par rapport aux addictions identifiées comme étant à l'origine de ces violences intrafamiliales en général et contre les femmes en particulier. “On a aussi la situation, en Polynésie, pour une partie des victimes, d'un manque d'autonomie financière avec parfois des difficultés pour trouver des alternatives dans leur organisation de logement, dans leur organisation conjugale”, souligne la haute-fonctionnaire, qui conclut : “On a encore des choses à travailler.” Côté prévention notamment, il ne faudrait pas oublier que le sujet relève surtout de la compétence du Pays.

 

La Maison de la protection des familles à la gendarmerie

La journée du 25 novembre a été l'occasion pour la gendarmerie de présenter sa Maison de la protection des familles, créée au 1er janvier 2021. L'unité a repris toutes les missions de la Brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ). L'adjudante-Cheffe Sandrine Demurger, responsable de l'unité, explique que la Maison de la protection des familles regroupe des actions de prévention auprès des enfants, des auditions de mineurs victimes d'agression mais également un suivi des victimes. “Toutes les victimes qui déposent plainte en zone gendarmerie vont entrer en contact avec une intervenante sociale. Elles sont quatre en gendarmerie et une au commissariat de police pour tout le territoire. Ces intervenantes vont pouvoir tout de suite voir avec la victime ses besoins d'ordre social et pouvoir l'orienter vers ses partenaires : Fare Tama Hau, Te Rama Ora, Vahine Orama…”, explique la gendarme.
 
“Au bout de trois mois, la Maison de la protection de la famille va prendre la suite en recontactant la victime pour voir si sa situation a évolué, s'il y a eu récidive, si elle va bien ou si elle a eu des réponses d'ordre social et pour savoir si elle en a besoin.” En 2022, 1 081 victimes ont été suivies par la Maison de la protection des familles, 631 ont été accompagnées par un intervenant social en commissariat et gendarmerie.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 28 Novembre 2022 à 05:37 | Lu 945 fois