Teiva Véronique et son équipage sont arrivés dans les temps pour accueillir les pirogues hawaiiennes à Rangiroa. (photo : Teiva Véronique)
Tahiti, le 10 mai 2022 - Teiva Véronique et son équipage composé de Niuhiti Buillard, Jean Rocka et Alexy Moerai ont bouclé, dimanche, leur périple entre Tahiti, Makatea et Rangiroa en va'a holopuni. Au total, 700 km avalés et près de 100 heures de navigation en plein océan sans aucun instrument.
Alors que les pirogues hawaiiennes, Hōkūle'a et Hikianalia, ont été reçues, samedi, en grande pompe à Papeete, l'arrivée, dimanche, de l'équipage mené par Teiva Véronique à bord de leur va'a holopuni a été plus discrète. Et pourtant, c'est une véritable prouesse qu'a réussie le capitaine Véronique, assisté par Niuhiti Buillard, Jean Rocka et Alexy Moerai. L'équipage venait en effet de boucler une traversée longue de 700 km entre Makatea, Rangiroa et Tahiti, dans la plus pure tradition polynésienne.
Pour participer à leur manière à la réception de "nos cousins hawaiiens" à bord de leurs pirogues traditionnelles, Teiva Véronique a décidé de monter, en avril, une expédition en holopuni, baptisée en pa'umotu, "Te ara ki tōku kainga" (Le chemin vers la terre de mes ancêtres). "Quand on a su que les pirogues hawaiiennes, Hōkūle'a et Hikianalia, allaient arriver à Rangiroa et Tahiti, l'idée était de les accueillir et de les accompagner à Tahiti", explique l'ancien grand espoir de la voile polynésienne.
Alors que les pirogues hawaiiennes, Hōkūle'a et Hikianalia, ont été reçues, samedi, en grande pompe à Papeete, l'arrivée, dimanche, de l'équipage mené par Teiva Véronique à bord de leur va'a holopuni a été plus discrète. Et pourtant, c'est une véritable prouesse qu'a réussie le capitaine Véronique, assisté par Niuhiti Buillard, Jean Rocka et Alexy Moerai. L'équipage venait en effet de boucler une traversée longue de 700 km entre Makatea, Rangiroa et Tahiti, dans la plus pure tradition polynésienne.
Pour participer à leur manière à la réception de "nos cousins hawaiiens" à bord de leurs pirogues traditionnelles, Teiva Véronique a décidé de monter, en avril, une expédition en holopuni, baptisée en pa'umotu, "Te ara ki tōku kainga" (Le chemin vers la terre de mes ancêtres). "Quand on a su que les pirogues hawaiiennes, Hōkūle'a et Hikianalia, allaient arriver à Rangiroa et Tahiti, l'idée était de les accueillir et de les accompagner à Tahiti", explique l'ancien grand espoir de la voile polynésienne.
Une traversée musclée entre Tahiti et Makatea
Niuhiti Buillard, à la barre, et Jean Rocka au moment de quitter l'île de Makatea. (photo : Teiva Véronique)
"Pendant un mois, on a rénové le va'a pour qu'il soit vraiment costaud pour la traversée", ajoute Teiva Véronique. En effet, l'équipage allait être confronté aux éléments notamment lors du premier tronçon entre Tahiti et Makatea, long de 240 km. "Le premier tronçon a été plutôt agité dans une mer hyper formée", indique le capitaine. "On avait les restes de vent d'est, de maoa'e, qui ont été forts pendant cette semaine et avec ça, la grosse houle de sud-ouest qui a touché la Polynésie." Mais au bout de 24 heures de navigation, l'équipage atteint Makatea le 30 avril.
"Ce qui nous stressait le plus, c'était de savoir si la pirogue allait tenir le choc", atteste pour sa part Jean Rocka, qui participait à sa première grande traversée en holopuni. "On était concentré sur chaque boute, on faisait attention qu'il n'y ait pas une vague qui poussait trop fort sur un ama, que la voile ne soit pas trop tendue. J'ai l'habitude de naviguer sur un voilier. Sur le voilier, tu as un pilote automatique. Tu appuies dessus et t'as juste à vérifier s'il n'y a pas d'obstacle. Là, il n'y a aucun instrument et tu dois être tout le temps concentré. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est la connexion que l'on a avec la mer."
Après une journée de repos et de partage auprès de la population de Makatea, l'équipage s'est attaqué à la traversée vers Rangiroa, soit 110 km. Et là, changement radical des conditions. "Le vent était tombé et il était de face", se rappelle Teiva Véronique. "On a fait un long bord de 12 heures vers Mataiva puis un autre vers Tikehau avant d'arriver à Rangiroa par la passe de Tivaru après 24 heures de navigation. On devait avancer à entre 3 et 5 nœuds. Mais quand on fait de la voile, on est préparé aussi à ce genre de conditions et l'on essaye de profiter à fond du moment."
"Ce qui nous stressait le plus, c'était de savoir si la pirogue allait tenir le choc", atteste pour sa part Jean Rocka, qui participait à sa première grande traversée en holopuni. "On était concentré sur chaque boute, on faisait attention qu'il n'y ait pas une vague qui poussait trop fort sur un ama, que la voile ne soit pas trop tendue. J'ai l'habitude de naviguer sur un voilier. Sur le voilier, tu as un pilote automatique. Tu appuies dessus et t'as juste à vérifier s'il n'y a pas d'obstacle. Là, il n'y a aucun instrument et tu dois être tout le temps concentré. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est la connexion que l'on a avec la mer."
Après une journée de repos et de partage auprès de la population de Makatea, l'équipage s'est attaqué à la traversée vers Rangiroa, soit 110 km. Et là, changement radical des conditions. "Le vent était tombé et il était de face", se rappelle Teiva Véronique. "On a fait un long bord de 12 heures vers Mataiva puis un autre vers Tikehau avant d'arriver à Rangiroa par la passe de Tivaru après 24 heures de navigation. On devait avancer à entre 3 et 5 nœuds. Mais quand on fait de la voile, on est préparé aussi à ce genre de conditions et l'on essaye de profiter à fond du moment."
Cérémonie intime à Rangiroa
L'équipage de la traversée "Te ara ki tōku kainga" à Rangiroa. (de gauche à droite) Niuhiti Buillard, Teiva Véronique, Alexy Moerai et Jean Rocka. (photo : Teiva Véronique)
À Rangiroa, Teiva Véronique et son équipage posent leur va'a holopuni chez Punua Tamaehu, ancien capitaine de la pirogue O Tahiti Nui Freedom qui avait réalisé la traversée entre Tahiti et Shanghai en 2010. Sur place, les navigateurs attendent l'arrivée de Hōkūle'a et de Hikianalia. Entre temps, ils proposent également des séances de navigation aux habitants les plus curieux. Un moment spécial pour le waterman, Niuhiti Buillard, originaire de l'atoll. "Naviguer dans mon lagon à Rangiroa avec un va'a holopuni, c'était particulier pour moi. Le partage aussi que l'on a eu avec les personnes. Certains se demandaient pourquoi on navigue de cette manière-là. 'Ce sont des fous' on entendait. Les enfants qui nous demandaient pourquoi on ne prend pas de moteur. Et puis on leur explique que c'était de cette manière que nos ancêtres voyageaient."
"Au-delà de vouloir aller accueillir Hōkūle'a et Hikianalia, l'objectif c'était aussi de revivre ce que nos ancêtres ont vécu sans instrument de navigation moderne, avec très peu de moyens sur le va'a", ajoute Teiva Véronique. "On voulait aussi reconnecter nos familles de Tahiti avec celles des Tuamotu. Niuhiti par exemple a grandi à Rangiroa, moi je suis de Takapoto, c'était important de recréer ces liens."
Puis les pirogues hawaiiennes sont arrivées le 5 mai par la passe de Avatoru. Sur le motu de Punua, Teiva Véronique, Niuhiti Buillard, Jean Rocka et Alexy Moerai qui a rejoint l'équipage à Rangiroa, vivent une cérémonie des plus intimes, loin du grand faste offert samedi au parc Paofai. "Il y a eu un 'ōrero de Punua et puis on a déposé un marōtai (une offrande après un voyage en mer). L'accueil était pour nos cousins hawaiiens mais ce qu'on a vécu là-bas, c'était vraiment spécial, dans une atmosphère extraordinaire", confie Véronique.
Le lendemain, le 6 mai, l'équipage souhaite donc accompagner les pirogues hawaiiennes vers Tahiti. Sauf que ces dernières seront tractées pour arriver à temps pour la cérémonie qui était donc organisée samedi. Teiva Véronique et son équipage de leur côté ont voulu profiter de leur voyage à fond et ont mis 52 heures pour rallier Tahiti. Mission réussie donc, pour ces navigateurs des temps modernes. Prochaine traversée pour Teiva Véronique, dans 15 jours aux Îles Sous-le-Vent pour la Tahiti Pearl Regatta.
"Au-delà de vouloir aller accueillir Hōkūle'a et Hikianalia, l'objectif c'était aussi de revivre ce que nos ancêtres ont vécu sans instrument de navigation moderne, avec très peu de moyens sur le va'a", ajoute Teiva Véronique. "On voulait aussi reconnecter nos familles de Tahiti avec celles des Tuamotu. Niuhiti par exemple a grandi à Rangiroa, moi je suis de Takapoto, c'était important de recréer ces liens."
Puis les pirogues hawaiiennes sont arrivées le 5 mai par la passe de Avatoru. Sur le motu de Punua, Teiva Véronique, Niuhiti Buillard, Jean Rocka et Alexy Moerai qui a rejoint l'équipage à Rangiroa, vivent une cérémonie des plus intimes, loin du grand faste offert samedi au parc Paofai. "Il y a eu un 'ōrero de Punua et puis on a déposé un marōtai (une offrande après un voyage en mer). L'accueil était pour nos cousins hawaiiens mais ce qu'on a vécu là-bas, c'était vraiment spécial, dans une atmosphère extraordinaire", confie Véronique.
Le lendemain, le 6 mai, l'équipage souhaite donc accompagner les pirogues hawaiiennes vers Tahiti. Sauf que ces dernières seront tractées pour arriver à temps pour la cérémonie qui était donc organisée samedi. Teiva Véronique et son équipage de leur côté ont voulu profiter de leur voyage à fond et ont mis 52 heures pour rallier Tahiti. Mission réussie donc, pour ces navigateurs des temps modernes. Prochaine traversée pour Teiva Véronique, dans 15 jours aux Îles Sous-le-Vent pour la Tahiti Pearl Regatta.