7 ans de prison ferme requis contre deux trafiquants d'ice dans une affaire portant sur 800 grammes


Les prévenus qui comparaissaient détenus ont regagné Nuutania en attendant le jugement, mis en délibéré au 1er mars.
PAPEETE, le 25 février 2016 - Six prévenus étaient jugés devant le tribunal correctionnel, ce jeudi, pour leur implication dans un réseau d'importation et de revente de méthamphétamine, depuis Los Angeles vers Tahiti. Entre 2013 et 2015, 800 grammes d'ice auraient ainsi été introduits et écoulés sur le territoire. Délibéré le 1er mars.


L'affaire avait éclaté après un contrôle des douanes, le 30 janvier 2015, suite à un renseignement recueilli auprès d'une consommatrice d'ice.

A bord du véhicule soupçonné, celui qui deviendra le principal suspect et pivot de cette enquête aux multiples ramifications, un directeur commercial jusque-là inconnu de la justice, se balade avec 53 grammes d'ice, plus de 4 millions de francs en liquide et… le planning de vol d'un personnel naviguant d'Air Tahiti Nui qui s'avèrera être complice, sollicité par le premier pour ramener de la drogue des Etats-Unis.

En poussant les investigations, les gendarmes de la section de recherches puis le juge d'instruction arriveront à faire admettre au premier l'importation de 800 grammes de cette drogue de synthèse. L'idée d'importer en Polynésie française ces stupéfiants aux effets ravageurs mais très lucratifs avait germé dans sa tête en 2013, encouragée par quelques mauvaises fréquentations.

L'homme, qui n'est pas consommateur lui-même, a comme tous les autres avant lui "cédé à la tentation de l'argent facile", a insisté le parquet, rappelant une nouvelle fois "le profit énorme réalisable en quelques mois". Difficilement décelable, acheté autour de 2 500 francs le gramme à Los Angeles, l'ice est ensuite revendu entre 80 000 et 100 000 francs le gramme au fenua. "Cela aiguise les appétits, il y aura encore du trafic d'ice en Polynésie française" a prévenu un ministère public sans illusions.

80 millions de francs d'amendes douanières

Le parquet a respectivement requis 7 ans et 4 ans de prison ferme contre ces deux hommes, avec maintien en détention pour le premier et mandat de dépôt pour le second, qui comparaissait libre. De lourdes peines judiciaires encourues auxquelles il convient d'ajouter deux amendes douanières correspondant à la valeur de la marchandise sur le marché, soit 80 millions de francs en tout.

7 ans ferme avec maintien en détention, c'est également la peine requise par le parquet contre un troisième larron, identifié lors de l'enquête comme étant celui qui avait passé commande des 53 grammes initialement saisis par les douanes. Formellement mis en cause par ses co-prévenus au début de l'enquête –ils se sont rétractés hier à l'audience- il nie les faits malgré des interceptions téléphoniques compromettantes réalisées le soir ou devait avoir lieu la transaction. Son passé ne plaide pas pour lui, le jeune homme a déjà été condamné à 4 ans ferme pour trafic d'ice en 2013. Des voitures de luxe avaient été saisies à son domicile alors qu'il était sorti de prison, bénéficiant d'un généreux aménagement de peine, et ne percevait officiellement que 70 000 francs par mois : "C'est un trafiquant, il a des revenus occultes, il s'est constitué un petit trésor de guerre, nous le savons" a laissé entendre le représentant du ministère public.

Des peines de 2 ans à 3 ans de prison ferme ont enfin été requises contre le second rideau de ce trafic, des intermédiaires qui stockaient ou revendaient la drogue pour le compte des premiers, contre rémunération ou pour financer leur consommation. L'un de ces "seconds couteaux" est en état de récidive légale pour avoir déjà été condamné à 2 ans de prison ferme pour trafic d'ice en août 2015. Un trafic d'ice organisé avec de nombreuses complicités extérieures depuis… la maison d'arrêt de Nuutania.

Revendus au gramme, les 800 grammes dont il est question dans ce dossier comme le tribunal a à en juger deux ou trois fois par an pèsent autour de 64 millions de francs pacifiques. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 1er mars.



Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 25 Février 2016 à 18:03 | Lu 5773 fois