PAPEETE. Le 15 avril 2014 - Le cœur du CAPF, Conservatoire artistique de la Polynésie Française ne pourrait plus battre au rythme des tō’ere et de fa’akete, sans la présence de mamie Louise Kimitete. Notre « jeune » danseuse de 75 ans continue de faire rêver, de créer et d’émouvoir. « Ma force, qui est le ‘ori, c’est de tout voir, même ce qui n’existe pas. » lance-t-elle entre deux chorégraphie.
On croirait que le ‘ori Tahiti est né en même temps que Louise Kimitete. « Je fais donc aussi vieille que cela ? » demande-t-elle en s’esclaffant. Un batteur de percussions polynésiennes lui répond, entre deux frappes « Aussi vieille que mon pahu ! » puis tous deux se lancent dans un rire sympathique comme seuls les polynésiens savent le faire. Louise Kimitete a vu des générations de danseuses défiler au Conservatoire.
Vanina Ehu est l’une d’entre elle. Elle se souvient encore de ses premières années d’apprentissage. La doyenne nous explique à propos de sa protégée : « Elle ne connaissait rien quand elle est arrivée. » ce qui pourrait blesser l’égo de certaines danseuses professionnelles d’aujourd’hui, au contraire ravive de merveilleux souvenirs dans la mémoire de Vanina Ehu, « C’est bien vrai, j’ai su ce que c’était qu’un apprentissage accélérée, deux années (au lieu de 6, voire 8 ans) pour apprendre les pas les plus complexes et les plus complets qui existent. » Louise la regarde fièrement. « Oui, mais regarde aujourd’hui, elle est encore là. » précise-t-elle. En effet, Vanina Ehu enseigne la danse traditionnelle depuis 1990. L’enseignement de mamie Kimitete fut d’une qualité telle qu’elle est devenue responsable du département traditionnel du CAPF.
Nous l’avons rencontré lors du stage de ‘ ori Tahiti organisé pour les meilleures élèves en 1ère et 6ème année.
On croirait que le ‘ori Tahiti est né en même temps que Louise Kimitete. « Je fais donc aussi vieille que cela ? » demande-t-elle en s’esclaffant. Un batteur de percussions polynésiennes lui répond, entre deux frappes « Aussi vieille que mon pahu ! » puis tous deux se lancent dans un rire sympathique comme seuls les polynésiens savent le faire. Louise Kimitete a vu des générations de danseuses défiler au Conservatoire.
Vanina Ehu est l’une d’entre elle. Elle se souvient encore de ses premières années d’apprentissage. La doyenne nous explique à propos de sa protégée : « Elle ne connaissait rien quand elle est arrivée. » ce qui pourrait blesser l’égo de certaines danseuses professionnelles d’aujourd’hui, au contraire ravive de merveilleux souvenirs dans la mémoire de Vanina Ehu, « C’est bien vrai, j’ai su ce que c’était qu’un apprentissage accélérée, deux années (au lieu de 6, voire 8 ans) pour apprendre les pas les plus complexes et les plus complets qui existent. » Louise la regarde fièrement. « Oui, mais regarde aujourd’hui, elle est encore là. » précise-t-elle. En effet, Vanina Ehu enseigne la danse traditionnelle depuis 1990. L’enseignement de mamie Kimitete fut d’une qualité telle qu’elle est devenue responsable du département traditionnel du CAPF.
Nous l’avons rencontré lors du stage de ‘ ori Tahiti organisé pour les meilleures élèves en 1ère et 6ème année.
Tahiti-Infos : A quel âge as-tu réellement commencé à danser ?
" Mais j’ai toujours dansé (rire). J’ai démarré la danse à l’âge de 16 ans environ. Au lieu d’aller au salut du drapeau (cérémonie obligatoire durant ces années d’après-guerre), on « chappait » (école buissonière) pour aller danser dans le groupe de mémé Demonluc, Ari’oi. Et bien que mes parents ne fussent pas trop d’accord, j’ai fait ma rebelle. J’ai désobei pour le ‘ori Tahiti. "
D’où venais-tu alors, avant de t’établir à Tahiti ?
" Je suis originaire des îles Marquises, de Nuku hiva exactement. Mais mon père était mūto’i (policier municipal). Grâce à lui, nous avons fait les Tūamotu, sur l’île de Marutea. Nous y sommes restés quelques années, et c’est là que j’ai fait mes premiers pas. Il ne faut pas oublier que j’ai quitté les îles marquises pendant la deuxième guerre. Je n’avais que quelques mois, donc tu vois. Et là, sur cette île où il n’y avait même pas 80 habitants, un vieux guitariste nous faisait danser et ça nous occupait. Puis ensuite, nous avons également habité aux Gambiers. Là-bas aussi, ils avaient leur style de danse. Après cela, nous sommes venus nous sur Tahiti. "
La danse t'a poursuivi alors ?
" Eh bien oui il faut croire car j’ai habité tout près de l’actuel conservatoire. A l’époque, nous avions notre maison à proximité du Stade Willy Bambridge. J’ai rejoint le groupe de Madeleine Mou’a (grand-mère de l’artiste polynésien Guy Laurens), le nom était Heiva. La chance c’est que mon père la connaissait bien. Et me voilà donc dans le groupe en train de déhancher ! ‘Aita atu ai (C’était vraiment super !) "
Plus tard, tu es partie à Hawaii ?
" Oh oui, Je me suis rendue à Hawaii en bateau (cargo) et j’étais une jeune fille. J’y suis tout de même restée 11 ans, à Big Island plus précisément. Après m’être mariée sur place, mon tāne et mois sommes revenus à Tahiti. Mon séjour dans ces îles américaines m’a formé à devenir ce que je suis devenue. Là-bas, j’avais rencontré Iolani Luahine qui a été l’une, si ce n’est LA plus grande « Kumuhula » (chorégraphe-en-chef). C’est grâce à cette merveilleuse danseuse que j’ai commencé à apprécier le hula, ce qui m’a aidé par la suite à vouloir approfondir mes connaissances du ‘ori Tahiti. Et depuis toutes ces années, j’ai assisté à une véritable évolution des mentalités. J’ai vu les plus grands groupes se rassembler afin de codifier les pas de danses. J’ai eu la chance de participé à la structuration du ‘ori Tahiti. Avec tout ce travail, les danses tahitiennes se sont imposées au Conservatoire, et ce, dès sa création en 1981. "
" Mais j’ai toujours dansé (rire). J’ai démarré la danse à l’âge de 16 ans environ. Au lieu d’aller au salut du drapeau (cérémonie obligatoire durant ces années d’après-guerre), on « chappait » (école buissonière) pour aller danser dans le groupe de mémé Demonluc, Ari’oi. Et bien que mes parents ne fussent pas trop d’accord, j’ai fait ma rebelle. J’ai désobei pour le ‘ori Tahiti. "
D’où venais-tu alors, avant de t’établir à Tahiti ?
" Je suis originaire des îles Marquises, de Nuku hiva exactement. Mais mon père était mūto’i (policier municipal). Grâce à lui, nous avons fait les Tūamotu, sur l’île de Marutea. Nous y sommes restés quelques années, et c’est là que j’ai fait mes premiers pas. Il ne faut pas oublier que j’ai quitté les îles marquises pendant la deuxième guerre. Je n’avais que quelques mois, donc tu vois. Et là, sur cette île où il n’y avait même pas 80 habitants, un vieux guitariste nous faisait danser et ça nous occupait. Puis ensuite, nous avons également habité aux Gambiers. Là-bas aussi, ils avaient leur style de danse. Après cela, nous sommes venus nous sur Tahiti. "
La danse t'a poursuivi alors ?
" Eh bien oui il faut croire car j’ai habité tout près de l’actuel conservatoire. A l’époque, nous avions notre maison à proximité du Stade Willy Bambridge. J’ai rejoint le groupe de Madeleine Mou’a (grand-mère de l’artiste polynésien Guy Laurens), le nom était Heiva. La chance c’est que mon père la connaissait bien. Et me voilà donc dans le groupe en train de déhancher ! ‘Aita atu ai (C’était vraiment super !) "
Plus tard, tu es partie à Hawaii ?
" Oh oui, Je me suis rendue à Hawaii en bateau (cargo) et j’étais une jeune fille. J’y suis tout de même restée 11 ans, à Big Island plus précisément. Après m’être mariée sur place, mon tāne et mois sommes revenus à Tahiti. Mon séjour dans ces îles américaines m’a formé à devenir ce que je suis devenue. Là-bas, j’avais rencontré Iolani Luahine qui a été l’une, si ce n’est LA plus grande « Kumuhula » (chorégraphe-en-chef). C’est grâce à cette merveilleuse danseuse que j’ai commencé à apprécier le hula, ce qui m’a aidé par la suite à vouloir approfondir mes connaissances du ‘ori Tahiti. Et depuis toutes ces années, j’ai assisté à une véritable évolution des mentalités. J’ai vu les plus grands groupes se rassembler afin de codifier les pas de danses. J’ai eu la chance de participé à la structuration du ‘ori Tahiti. Avec tout ce travail, les danses tahitiennes se sont imposées au Conservatoire, et ce, dès sa création en 1981. "
Mais, même à 75 ans, Mamie Louise ne fait que commencer sa carrière de « jeune » danseuse. Selon son entourage, elle ne pourra jamais s’arrêter ou plutôt « ne voudra » jamais s’arrêterEt aujourd’hui, sa petit fille, affectueusement surnommée Moon, a suivi ses traces dans l’ombre. Elle fait office d’assistante-chorégraphe, très appréciée de toutes. Louise Kimitete continuera à suivre les cours comme elle l’a toujours fait depuis l’ouverture du CAPF.
TP
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