6 ans de prison ferme pour l'agresseur de Jules Reichart


L'agresseur de Jules Reichart lors de sa mise en examen
PAPEETE, le 19 novembre 2014 - En avril 2013, Jules Reichart trouvait la mort suite à une altercation avec un vagabond qu'il avait surpris à voler des chaussures devant son palier. La cour d'assises a condamné jeudi son agresseur à 6 ans de prison ferme.

Ce drame avait bouleversé la Polynésie. Le dimanche 7 avril 2013 au petit matin, Jules Reichart trouvait la mort suite à une agression devant son domicile à Te Maru Ata (Punaauia). Toute la journée d'aujourd'hui sa compagne, sa famille et ses amis sont rassemblés au tribunal en espérant obtenir des réponses sur les circonstances de cette tragédie.

Il a essayé d'appréhender un voleur

En rentrant d'un dîner, Jules Reichart, accompagné de sa compagne et de leur bébé alors âgé d'un mois et demi, s'est retrouvé nez à nez avec un inconnu assis dans les escaliers menant chez lui au troisième étage, en train d'essayer les tennis du locataire de l'appartement du deuxième.

La résidence connaissait alors une épidémie de vols, avec une quinzaine de plaintes déposées en quelques mois. Selon le récit de l'accusé, en partie corroboré par le témoignage de sa compagne, Jules (61 ans) a plaqué l'intrus – H.T. (28 ans aujourd'hui) – contre le mur pour lui demander des explications. Ce dernier lui a alors envoyé un coup-de-poing dans la bouche et tenté de prendre la fuite. Jules s'est accroché à lui pour essayer de le retenir, et dans une scène confuse les deux sont tombés dans l'escalier qui descend au premier étage. Jules était dessous dans la chute et sa tête a violemment heurté le sol.

Retrouvé avec un selfie

H.T. s'est relevé et s'est enfui en sautant de la balustrade dans la haie de bougainvilliers. Il a abandonné sa casquette et son téléphone portable dans la confusion. Jules Reichart, lui, ne se relèvera plus. Il est rapidement décédé d'une hémorragie méningée.

Lors de l'enquête, les gendarmes ont retrouvé le téléphone, avec lequel l'accusé avait pris un selfie. La concubine de Jules l'identifia formellement, et H.T. fut arrêté dans l'après-midi. Lors de son audition il a reconnu les faits, à l'exception de la tentative de vol. Il a assuré aux gendarmes qu'il n'était dans la résidence que pour essayer de récupérer du paka auprès d'un ami, effectivement résident. Déjà connu des forces de l'ordre, ce SDF originaire de la Mission était alors hébergé dans une maison à quelques centaines de mètres du lieu du drame.

La victime était un citoyen respecté

Jules Reichart était très apprécié de ses proches. Lors de l'audience, sa compagne de 32 ans, mère de son dernier enfant, l'a décrit comme "très gentil, serviable, toujours présent pour les autres, un bon mari". Il était également président d'honneur pendant un temps de l'association Rima Here, qui se consacre à l'insertion des adultes porteurs d'un handicap mental. C'est à cette association qu'il louait tous les appartements de sa résidence à Punaauia, à l'exception de son propre logement.

Également actif en politique, il a été militant au Tahoera'a Huiraatira et a œuvré au sein du "Club 89", une association de professionnels du parti. Lors de son décès, plusieurs dirigeants du parti autonomiste, dont l'actuel président du Pays Edouard Fritch, lui avaient rendu hommage.

La cour d'assises a condamné l'agresseur de Jules Reichart à 6 ans de prison ferme. Le parquet général avait requis 8 ans de prison ferme. L'accusé a tenu à s'excuser auprès des proches de la victime et assure être "vraiment désolé de ce qu'il s'est passé."

Jules Reichart en compagnie de l'une de ses filles, le 14 octobre 2010 à Tahiti-Faa'a

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 20 Novembre 2014 à 09:26 | Lu 2541 fois