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50% d’énergie renouvelable en 2020 : un objectif difficile à tenir en Polynésie


Sur le barrage de Titaaviri 2 (sur la commune de Teva i Uta), un des plus grands barrages de Tahiti, EDT réalise d’importants travaux de mise aux normes : 800 millions de Fcfp investis en quatre ans. Des réhabilitations sont prévues aussi, entre 2017 et 2020, sur les ouvrages de Papenoo. Le programme général de réhabilitation à Tahiti est chiffré à 3,8 milliards de Fcfp.
Sur le barrage de Titaaviri 2 (sur la commune de Teva i Uta), un des plus grands barrages de Tahiti, EDT réalise d’importants travaux de mise aux normes : 800 millions de Fcfp investis en quatre ans. Des réhabilitations sont prévues aussi, entre 2017 et 2020, sur les ouvrages de Papenoo. Le programme général de réhabilitation à Tahiti est chiffré à 3,8 milliards de Fcfp.
PAPEETE, le 5 octobre 2014. Dans sa loi sur les principes directeurs de la politique énergétique de décembre 2013, le Pays s’était fixé un objectif minimum de 50% de production électrique issue de l’exploitation des énergies renouvelables, à échéance 2020, sur l’ensemble de la Polynésie française. Le cap paraît difficile à atteindre.

La dépendance du Pays pour les énergies fossiles n’est pas prête de s’arrêter. Actuellement, EDT (électricité de Tahiti) fournit en moyenne 30% d’électricité grâce à ses installations hydroélectriques. Le solaire fournit 3% supplémentaires. Le cap des 50% d’électricité issus des énergies renouvelables, inscrit dans la loi de Pays est dans l’esprit de tous comme un objectif vertueux vers lequel il faut tendre. Mais la concrétisation ne semble pas possible dans les délais impartis.

Pourtant EDT et sa filiale Marama Nui s’emploient à améliorer les installations existantes pour augmenter cette production hydroélectrique. Samedi, le directeur général adjoint de GDF Suez, en charge de la branche énergies du groupe, Jérôme Tolot, emmenait en visite le ministre des énergies, Nuihau Laurey et quelques autres membres du gouvernement sur des travaux d’augmentation des capacités de production hydroélectrique d’EDT dans différentes vallées de Teva i Uta, à Vaite et Titaavari.
Grâce à de nouveaux équipements plus performants, le rajout de turbines de nouvelle génération, le projet Hydromax va permettre d’optimiser les rendements. Les investissements réalisés sont peu coûteux, ils ne modifient en rien de la pression environnementale des installations existantes, ne demandent pas de foncier supplémentaire. Le rêve idéal. Quant au gain de productivité de l’hydroélectricité, il ne sera que de quelques pourcents.

Pour véritablement faire décoller la part des énergies renouvelables en Polynésie française, via l’hydroélectricité, il faudrait pouvoir construire d’autres barrages, ce qui n’a pas été fait depuis 1996. Celui de Vaiha à Faaone est en gestation. Des études de maîtrise d’ouvrage ont commencé, mais comme souvent, les problèmes fonciers vont compliquer la donne. Si le projet aboutit, ce ne sera pas avant quelques années. De plus, il faudrait au moins trois nouveaux barrages de même envergure pour parvenir à l’objectif de 50% d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2020.

Alors, il n’y a pas que l’hydroélectricité. Le solaire a toujours un potentiel de développement fort en Polynésie, mais il faudrait qu’en plus des centaines de petits producteurs, il y en ait quelques gros pour concurrencer véritablement l’hydroélectricité. Les 700 panneaux de la centrale solaire photovoltaïque placés sur le toit terrasse du centre commercial Carrefour à Punaauia sont un bon exemple. Mais un cas unique. D’autres centrales photovoltaïques d’envergure ne sont pour l’heure qu’à l’état d’esquisse en Polynésie. Les investisseurs chinois de Tian Rui international Investment, qui portent le projet de ferme aquacole à Hao se sont déjà mis sur les rangs via une société de leur groupe, Suntech. Mais il ne s’agit pour l’instant que d’une discussion.

Sur la photo on reconnait Tearii Alpha, ministre et maire de la commune de Teva i Uta  ; Jérôme Tolot, directeur général adjoint du groupe GDF Suez qui détient plus de 70% du capital d'EDT et Nuihau Laurey vice-président du Pays et ministre de l'énergie.
Sur la photo on reconnait Tearii Alpha, ministre et maire de la commune de Teva i Uta ; Jérôme Tolot, directeur général adjoint du groupe GDF Suez qui détient plus de 70% du capital d'EDT et Nuihau Laurey vice-président du Pays et ministre de l'énergie.
EDT et le Pays ont des relations «apaisées»

Entre Electricité de Tahiti (EDT) et le Pays les relations ont été parfois électriques au cours des derniers mois. Dans la loi de Pays du 23 décembre 2013, EDT a fait annuler un article, jugé illégal, par le Conseil constitutionnel. Cet article LP10 empêchait tout simplement EDT de poursuivre ses investissements en matière d’hydroélectricité. Un comble pour l’opérateur historique. Quand on interroge Hervé Dubost-Martin, le P-dg d’EDT sur ce conflit, il estime qu’il appartient au passé et que désormais avec le Pays «les discussions se poursuivent sur la base d’arguments techniques et rationnels». Tous les sujets sont abordés : la poursuite des équipements hydroélectriques mais aussi la grille tarifaire. «Nous avons des discussions très denses avec ce nouveau gouvernement» précise-t-il.

De son côté, Nuihau Laurey, vice-président du Pays et nouveau ministre de l’énergie estime que les échanges sont apaisés «parce que c’est dans l’intérêt des deux parties. Nous venons de visiter des installations hydroélectriques et nous sommes tous d’accord pour avancer dans ce domaine». La concession de distribution électrique accordée à EDT jusqu’en 2030 nécessite de discuter avec ce partenaire privilégié, mais il n’est pas le seul. Ainsi, rien ne lie la construction d’un nouveau barrage prévu à Vaiha avec ce partenaire-là, «tout reste ouvert».

Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 5 Octobre 2014 à 18:25 | Lu 2616 fois