50 000 tonnes de production à la ferme aquacole de Hao : ce sont bien les chiffres annoncés


Sur ce document affiché le 6 mai 2015 lors de l'inauguration du projet de ferme aquacole à Hao, il est écrit que : "le but de Tian Rui est d'atteindre une production annuelle de nourriture océanique de 1 000 000 tonnes"
PAPEETE, le 21 septembre 2015. Un communiqué des sénateurs polynésiens s'émeut ce lundi après-midi d'une interprétation erronée des productions annoncées dans la future ferme aquacole de Hao. Selon eux l'objectif annoncé de 50 000 tonnes de production annuelle ne concerne pas seulement Hao mais d'autres atolls des Tuamotu.

C'est à l'occasion d'un rapport publié par le Sénat sur la biodiversité des outremers que cette guerre des chiffres au sujet de la ferme aquacole de Hao a surgi. Quelques lignes issues de ce rapport prononcé à l'occasion d'une conférence au Sénat le 11 juin dernier, ont mis le feu aux poudres. "Au-delà des inquiétudes induites par le changement climatique (réchauffement des eaux, acidification des océans, montée du niveau de la mer…), on peut légitimement s’interroger sur l’impact potentiellement négatif de certains grands projets de développement récemment lancés en Polynésie française, comme le projet chinois de ferme aquacole sur l’atoll de Hao aux Tuamotu. La société qui investit prévoit une production annuelle de plus de 50 000 tonnes de poissons d’élevage sur cet atoll. Les conséquences environnementales d’une telle activité risquent d’être assez catastrophiques" annonçait Jean-François Silvain, directeur de recherches à l'IRD (Institut de rechercje pour le développement). Une petite phrase d'un rapport complet de 77 pages relevée par nos confrères de Radio 1.

Dans le communiqué diffusé ce lundi, les sénateurs polynésiens Nuihau Laurey et Lana Tetuanui se veulent rassurants sur la pression exercée sur l'atoll de Hao lorsque la ferme aquacole sera en service. "En effet, si les promoteurs du projet ont bien affiché un objectif de production à terme de 50.000 tonnes de poissons d’élevage, la future ferme aquacole de Hao n’est qu’un maillon de cette production. Les cages d’élevage doivent en effet être réparties sur plusieurs atolls des Tuamotu. Il est évident pour le promoteur, et le gouvernement de la Polynésie française y veille, que le seul lagon de Hao ne pourrait survivre à une production d’une telle ampleur. En tout état de cause, le chiffre de 50.000 tonnes correspond à des besoins identifiés pour le marché chinois, mais à ce jour la société en charge de l’exploitation n’a pas confirmé ses objectifs. Si bien qu’il est pour le moins prématuré de tirer des conclusions polémiques à partir de propos que même le chercheur met au conditionnel".

Pourtant, force est de constater –et de vérifier- que depuis le début de la communication officielle sur ce projet de ferme aquacole en Polynésie française, d'abord à Makemo, puis à Hao, cette production annoncée de 50 000 tonnes est un leitmotiv. Un véritable fil rouge. Que les messages officiels ne sont jamais venus contredire. On le lit ainsi dans le compte-rendu officiel du conseil des ministres du 4 mai 2015 "Le projet envisagé par TNOF (Tahiti Nui Ocean Foods) représente une production annuelle attendue de 50 000 tonnes de poissons lagonaires (Mara, Tonu et Kito) avec en phase d’exploitation environ 2800 cages d’élevage en lagon".

Deux jours plus tard, le 6 mai 2015 alors que les investisseurs chinois sont interrogés directement par les journalistes sur la production attendue de la future ferme aquacole sur le site de Hao, la réponse de Cheng Wang, le P-dg de Tahiti Nui Ocean foods est très claire : Tahiti Nui ocean Foods se fixe 20 000 tonnes par an comme premier objectif, puis 50 000 tonnes et "même à terme 100 000 tonnes en plein exercice en ouvrant d'autres fermes aquacoles dans d'autres lagons. Amanu est sur les rangs et Makemo serait de nouveau en course". Donc, oui, l'objectif de 50 000 tonnes de production à Hao a toujours été annoncé comme tel. Au-delà, et pour viser une production atteignant les 100 000 tonnes, il y aurait alors l'ouverture d'autres sites de production dans les Tuamotu.

Pas question non plus de penser que "le chiffre de 50.000 tonnes correspond à des besoins identifiés pour le marché chinois" comme l'affirme le communiqué des sénateurs polynésiens de ce lundi. Toujours à Hao, le 6 mai 2015, sur les panneaux d'information dévoilés au public rassemblé sur le site on pouvait lire que "le but de Tian Rui est d'atteindre une production annuelle de nourriture océanique de 1 000 000 tonnes" (un million de tonnes !). Quand Tahiti Infos s'était informé au sujet de ce chiffre astronomique affiché, la réponse fournie avait été que cela correspondait effectivement aux besoins réels en "nourriture océanique" du marché chinois que Tian Rui aimerait satisfaire, et non à la capacité de production de la Tahiti Nui Ocean Foods, évaluée à son maximum de potentiel à dix fois moins.


Pour lire le communiqué des sénateurs polynésiens en entier, CLIQUER ICI


Pour lire le rapport complet du Sénat sur la biodiversité en outremer et ses menaces, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 21 Septembre 2015 à 16:50 | Lu 1771 fois