40 ans et le combat continue


Après 40 ans de loyaux services, le maire de Faa'a se présente devant ses administrés avec toujours le même enthousiasme.
Tahiti, le 14 décembre 2023 – Ce jeudi, la commune de Faa'a fêtait les 40 ans de mandature du tāvana Oscar Temaru. L'occasion pour les administrés et les employés de la commune d'honorer leur maire qui, après tant d'années de service, l’a martelé : “Le combat est devant nous !”
 
“Servir et non pas se servir.” Une punch line récurrente dans les différents discours prononcés en hommage au maire de Faa'a, Oscar Temaru, qui fêtait ses 40 ans de service ce jeudi, sur le parking de la mairie. Une punch line, certes, mais une promesse tenue auprès de ses administrés surtout : “Ce que j'aime avec mon maire, c'est qu'on a beau dire, on a beau ne pas être d'accord avec l'indépendance qu'il défend… il ne s'est jamais enrichi sur le dos des gens de sa commune. Et ça, en politique, c'est rare” félicitait papa Teva, habitant de Faa'a depuis toujours. Et difficile de dire le contraire. Convoqué par la justice à de nombreuses reprises, le metua de Faa'a s'en est toujours sorti blanc comme neige. Une fierté dont le maire ne se cache pas : “Ils ont essayé. Ils essayeront sûrement encore”, a affirmé Oscar Temaru d'un air narquois.
 
D'autant que l'enfant de Faa'a, né et élevé dans ses rues, se souvient avoir été très tôt empêché : “Nous sommes les premiers enfants de l'école NDA à Faa'a, et à l'époque, on nous interdisait de parler notre langue. Je me souviens m'être dit que ce n'était pas normal, et qu'un jour je ferai quelque chose pour y remédier.” Une mission accomplie depuis, selon Oscar Temaru : “Ensemble, avec ceux d'aujourd'hui mais également ceux qui ne sont plus là, avec nos tout petits moyens, nous avons respecté notre culture, notre langue. Et aujourd'hui les gens parlent tahitien à Faa'a. Cela a été notre toute première victoire.”
 
Et depuis, les combats se sont enchainés. Leader politique du mouvement indépendantiste, appelé à de plus grands desseins, le natif de Faa'a a cependant toujours eu à cœur d'assurer ses fonctions de maire : “J'ai été témoin du bien qu'il a apporté à sa population”, témoignait Père Abraham, curé de la paroisse de Saint Joseph. “Ne serait-ce que l'eau. L'eau c'est la vie. Beaucoup de communes à Tahiti n'ont pas l'eau potable, mais ici à Faa'a, même durant les intempéries, lorsque tu ouvres le robinet, ce n'est pas du chocolat qui sort de là : L'eau est propre !”
 
Un travail de la commune et de son maire salué également par le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson : “Quand on y pense, aujourd'hui en Polynésie, nous sommes je crois environ 285 000 habitants. Ce qui veut dire que plus d'un habitant sur dix vivent ici à Faa'a. Cela donne la mesure de la charge qui pèse sur les épaules de notre tāvana depuis 40 ans.” Mais pour le président du Pays, aucun hasard là-dessous. “Pour ceux qui connaissent le personnage public mais pas l'homme, il est têtu. Ou plutôt devrais-je dire obstiné. Et c'est cette obstination qui fait que 40 ans après, il est encore là.”
 
Une obstination qui n'est plus à prouver, notamment concernant le projet d'accession de la Polynésie française à sa pleine souveraineté. Et en bon metua, le maire de Faa'a et président du Tavini Huiraatira s'est d'ailleurs assuré que le cap sera maintenu pour les générations à venir : “Le combat n'est pas terminé. Il est devant nous. Utilisez le droit ! Toujours le droit et rien que le droit ! Il y a des combats où l'on nous pousse, mais il faut demeurer dans la non-violence. Toujours ! Et on finira par gagner ! Rien ne peut empêcher un peuple debout.” La consigne est donnée.

La jeunesse de Faa'a était également là pour rendre hommage à leur maire.

Le président du Pays, Moetai Brotherson, a lui aussi tenu à rendre hommage à son mentor pour l'occasion.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 14 Décembre 2023 à 17:57 | Lu 1948 fois