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4 000 ans de climat dans le sol de Nuku Hiva


Tahiti, le 13 septembre 2022 - Quatre chercheurs, trois Britanniques et un Français, sont actuellement à Nuku Hiva. Ils travaillent sur l’étude du climat à travers les siècles et son impact sur l’environnement et l’activité humaine du Pacifique. Pour comprendre le passé et anticiper l'avenir, ils effectuent des carottages qui seront analysés ultérieurement en laboratoire. Après les Marquises, cette mission scientifique conduira les chercheurs aux Australes puis à Tahiti.
 
Trois chercheurs britanniques de l’université de Southampton au Royaume-Uni, le Professeur David Sear, le Professeur Pete Langdon puis le Docteur Mark Peaple, accompagnés de l’écologue terrestre et biologiste de la conservation de la délégation à la recherche en Polynésie française, Jean-Yves Meyer, ont débuté une mission scientifique qui durera près d’un mois sur trois îles : Nuku Hiva, Tubuai et Tahiti. Cette mission financée par la National geographic society a notamment pour but de montrer comment le climat a pu influencer les grandes migrations humaines vers les îles du Pacifique. Les chercheurs britanniques issus du département géographie et sciences de l’environnement de l’université de Southampton sont en effet paléoclimatologues : ils travaillent sur le changement climatique en général mais surtout sur les climats du passé et en particulier dans la zone de convergence du Pacifique sud (ZCPS).
 
Après plusieurs missions au Vanuatu, aux Tonga, aux Samoa, ou encore aux îles Cook, Les scientifiques sont en Polynésie française afin de récupérer des données climatiques à partir de sédiments lacustres et marécageux qui se sont accumulés lentement au fil du temps, et qui contiennent dans leur mélange de boue et de matière organique, des signaux révélateurs de température, de précipitations, de présence humaine et de changement écologique.
 
Ainsi, à Nuku Hiva, c’est dans la zone humide de Toovii, unique marécage d’altitude des Marquises, que les quatre scientifiques effectuent des prélèvements de sédiments (carottages) allant de 1 à 5 mètres de profondeur. Grâce à des analyses chimiques des sédiments issus de ces carottages, les scientifiques seront capables de remonter jusqu’à 4 000 ans en arrière, ce qui leur permettra de connaitre les changements de climats sur des périodes très longues. Il s’agit d’étudier les impacts du climat sur l’environnement et sur l’activité humaine qui en découle, puisque la théorie des chercheurs britanniques est que les premiers polynésiens arrivés en Polynésie orientale seraient partis de Mélanésie ou de Polynésie occidentale à cause de grandes périodes de sécheresses. Une théorie qu’ils souhaitent officiellement valider après études des carottages.

 
Étude de la végétation
 
D’autre part, à travers la présence de Jean-Yves Meyer sur cette mission, l’aspect botanique est également un angle d’étude. “Je m’intéresse aussi aux changements de végétations passés et futurs en fonction du climat et de l’activité humaine directe, explique Jean-Yves Meyer. L’étude des sédiments permettra de savoir comment était cette végétation avant et après l’arrivée des Polynésiens et de voir comment elle a évolué en fonction des changements de climats mais aussi de la déforestation, de l’introduction d’espèces d’herbivores ou de plantes envahissantes, tout ceci nous permettra de faire des projections en tenant compte du changement climatique, et notamment l’augmentation de la température. Qu’est-ce qu’il va se passer, quelles sont les espèces qui vont se maintenir, ou encore quelles sont celles qui pourraient disparaitre. Finalement le but est de planifier, d’anticiper les effets du changement climatique.”
 
Le programme se poursuivra dans le courant de la semaine aux Australes ou des prélèvements de sédiments seront effectués dans plusieurs tarodières, puis la semaine prochaine à Tahiti dans les marécages des lacs d’altitude. Les sédiments seront ensuite étudiés en Angleterre et les premiers résultats de ces analyses devraient être disponibles à la fin de l’année.



Rédigé par Marie Laure le Mardi 13 Septembre 2022 à 20:32 | Lu 1783 fois