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350 pièces mises à disposition pour l'exposition au musée du Quai Branly


HIVA OA - 28-02-16 - Stéphane Martin, le président du musée du Quai Branly était en vacances à bord de l'Aranui 5 pour le festival des arts des îles Marquises en décembre. L'occasion de discuter avec lui de la prochaine exposition au musée du Quai Branly. Passionné des arts des Marquises et du Pacifique, il vient régulièrement en Polynésie.

Comment avez-vous fait le choix d'organiser une exposition sur les Marquises au musée du Quai Branly à Paris?

Au Quai Branly, nous faisons entre cinq et huit expositions temporaires par an. En tant que président, j'ai une sorte de responsabilité éditoriale, un peu comme dans un journal, où je dois choisir les thèmes et les auteurs. J'ai choisi de faire une exposition sur les Marquises mais je ne voulais pas qu'elle soit avec les pièces de collections habituelles comme les flûtes nasales ou les couronnes. On montre toujours l'image d'une société figée qui ne bouge pas mais par exemple, pour les jambes recouvertes de tatouage on est à peu près sûr que c'est une sorte de mode aux marquises au XIX siècle et qui n'existait pas avant. J'ai voulu montrer une société qui ne cesse d'évoluer.

La commissaire de l'exposition est une historienne américaine. Comment avez-vous ce choix ?

J'ai confié cette exposition à une historienne qui s'appelle Carole Ivory, de l'université de Seattle. Elle a d'ailleurs fait quelques conférences sur l'Aranui 3 en anglais. Le commissaire raconte l'histoire. Pour l'exposition, nous avons une quarantaine de propriétaires des pièces qui proviennent de musée et de collectionneurs. A peu près 350 pièces seront mises à disposition pour l'exposition. Il y a une partie assez importante sur la danse, la sculpture, le renouveau culturel marquisien, les tatouages, etc. J'ai toujours laissé au commissaire un maximum d'autonomie. Je pense que cet auteur doit avoir une bonne distance avec le sujet. Pour choisir un bon commissaire, il ne faut pas quelqu'un trop extérieur au sujet mais il ne faut pas quelqu'un trop près du sujet non plus. Par exemple, si vous avez une exposition sur Picasso, il ne faut pas que ça soit la fille de Picasso qui soit la commissaire de l'exposition. Il faut assumer le choix du commissaire c'est une manière d'aborder le sujet, il n'y a pas d'objectivité de l'exposition.

Comment transportez-vous les pièces pour une exposition ?

Dans le coût de production d'une exposition, ce qui coûte le plus cher c'est la muséographie, les assurances et les coûts de transports. Il faut, par exemple, construire une caisse anti-choc. La plupart des musées font voyager leur pièce avec un accompagnateur voire deux. On essaye de regrouper et limiter le nombre de prêteur. Cela coute très cher de faire des expositions, c'est un luxe et j'espère qu'on pourra continuer. Une exposition c'est comme un livre, il faut l'assumer et laisser le pouvoir à l'auteur qui est le commissaire.

Tu es passionné de Polynésie…

Il y a presque 40 ans j'ai fait mon service militaire sur un petit bateau stationné en Polynésie, un petit patrouilleur comme celui qui est là au festival des Marquises. Depuis 40 ans, je viens à peu près tous les ans en Polynésie et aux Marquises tous les deux-trois ans. J'ai une faiblesse particulière pour Fatu Hiva et Tahuata. J'aime la gentillesse, l'accueil, le rapport à la nature, cette passion du présent. Ce qui est génial en Polynésie Française c'est ce rapport au temps. Hier soir, je me promenais dans le festival, les gens vous reconnaissent et ça leur parait absolument normal de vous voir. C'est très agréable cette continuité dans le temps.

Propos recueillis par Noémie Debot-Ducloyer

MATA HOATA
Art et société aux îles Marquises
12/04/16 - 24/07/16
Musée du quai Branly

L'art marquisien bientôt au Quai Branly

AFP - Les trésors de l'art ancestral marquisien seront bientôt exposés au musée du Quai Branly, où seront transférés 19 objets rares le temps de l'exposition, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le musée de Tahiti et des Îles, à Punaauia, en Polynésie française, a proposé une présentation originale de ses collections : au passage mardi soir (mercredi matin à Paris) de la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin , des Polynésiens vêtus de manière traditionnelle, jusqu'ici immobiles, se mettaient à danser au milieu des pirogues traditionnelles, des herminettes en os ou des lances en bois.

Trois cents objets des XVIIIe et XIXe siècles venus de nombreux musées seront exposés au Quai Branly du 12 avril au 24 juillet. L'exposition est intitulée Mata Hoata, qu'on peut traduire par "regard étincelant", un motif très présent dans l'art marquisien, dont les sculpteurs et les tatoueurs sont toujours réputés.

Parmi les objets transférés en métropole, un délicat perce-oreille en os de cachalot sculpté, ou encore un petit tiki (statue sacrée) en pierre noire. L'énorme tiki en bois de plus de deux mètres de haut qui trône au milieu du musée de Tahiti et des Îles, lui, ne sera pas déplacé.

"Trois mois d'exposition centrée sur la culture polynésienne, sur les Marquises en particulier, pour nous c'est exceptionnel", s'est réjoui auprès de l'AFP le ministre de la culture polynésien Heremoana Maamaatuaiahutapu.

Les Marquises sont l'un des cinq archipels de la Polynésie française. Leur mystère et leurs habitants ont fasciné Stevenson et Melville, mais aussi Paul Gauguin et Jacques Brel qui sont enterrés l'un près de l'autre dans l'une des îles les plus peuplées, Hiva Oa.

"C'est une région du monde qui a toujours fait rêver, et pouvoir se plonger dans ce qu'elle a été, dans un certain nombre de témoignages de son art, ça va, j'en suis sûre, passionner en France métropolitaine" a déclaré George Pau-Langevin à l'AFP.

Les Marquisiens voudraient voir leur archipel inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Une demande distincte a été formulée pour le marae (lieu sacré polynésien) de Taputapuatea, à Raiatea, dans l'archipel des Îles-Sous-le-Vent. Cette candidature a été soutenue par François Hollande, qui a découvert lundi ce marae lors d'un séjour de 24 heures en Polynésie française.

George Pau-Langevin, qui l'accompagnait, est restée 24 heures de plus, avant de s'envoler pour la métropole.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Dimanche 28 Février 2016 à 08:55 | Lu 1830 fois