29 militants de Greenpeace arrêtés après leur intrusion au Tricastin


SAINT-PAUL-TROIS-CHÂTEAUX, 15 juillet 2013 (AFP) - Vingt-neuf militants de Greenpeace ont été interpellés lundi après avoir pénétré dans la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) pour dénoncer des failles dans la sécurité, une action saluée par EELV, tandis que le gouvernement envisage de sanctionner plus lourdement ce type d'intrusion.

Les militants, en majorité de nationalités étrangères, sont entrés sur le site vers 05H00 du matin et ont déployé deux banderoles au niveau des réacteurs 1 et 3 où l'on pouvait lire: "Tricastin: accident nucléaire" et "François Hollande: président de la catastrophe?"

Plus tôt dans la nuit, Greenpeace avait diffusé le même message sur la façade des bâtiments avec un vidéo-projecteur.

D'après EDF, les écologistes ont franchi les grilles de l'enceinte avec des échelles et sont arrivés à l'extérieur du réacteur et de la station de pompage. Certains se sont encordés avec du matériel d'escalade aux structures métalliques, près des cuves des réacteurs, où les banderoles ont été déployées.

"Les militants sont rentrés le plus simplement du monde, ils n'ont mis que vingt minutes pour aller de l'entrée de l'enceinte en haut des structures", a souligné Isabelle Philippe, chargée de communication de Greenpeace.

L'organisation veut ainsi "pointer du doigt toutes les failles de sécurité dans la production d'énergie nucléaire", a-t-elle ajouté.

Mais selon les autorités, les 29 interpellés, de nationalité française, russe, espagnole, roumaine, belge, italienne, portugaise, suisse et allemande, n'ont franchi qu'un seul périmètre de sécurité, aucun n'ayant accédé aux zones sensibles de la centrale.

Risque terroriste

"Il s'agit d'une opération de communication qui ne prouve strictement rien", a estimé EDF, tandis que le président François Hollande disait sa confiance dans le niveau de sécurité du nucléaire en France.

Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a estimé au contraire que cette action "citoyenne", qui a mobilisé 160 gendarmes, alertait avec raison les Français sur un "risque terroriste".

"Si des dizaines de militants peuvent pénétrer en 15 minutes dans la centrale et que ceci est considéré comme un +non-événement+ par les responsables d'EDF, alors la situation est grave", a renchéri l'eurodéputée verte Michèle Rivasi.

Les ministres de l'Intérieur et de l'Energie, Manuel Valls et Philippe Martin, ont demandé un rapport d'inspection sur les circonstances de cette intrusion.

Le gouvernement étudie par ailleurs la mise en oeuvre de "sanctions pénales plus lourdes" en cas d'intrusion sur un site nucléaire, ce que souhaite EDF qui va "porter plainte pour violation de domicile comme les fois précédentes" après une dizaine d'intrusions de ce type. Les ministères de l'Intérieur et de l'Ecologie jugent cette qualification juridique "inadaptée".

En mars, un militant avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir survolé en paramoteur la centrale nucléaire du Bugey (Ain) en mai 2012. En novembre, deux militants de l'organisation avaient écopé de quatre mois avec sursis en appel pour s'être introduits dans la centrale de Cruas (Ardèche) fin 2011.

Fissures

En mars, Greenpeace avait demandé la fermeture du Tricastin et de trois autres centrales françaises, rebaptisées "Fessenheim", du nom de la centrale du Haut-Rhin vouée à fermer fin 2016.

"La question du risque nucléaire a été absente du débat" national sur la transition énergétique, dont les recommandations doivent être validées jeudi, a déploré lundi Sophia Majnoni, de Greenpeace.

En août 2012, la sécurité des réacteurs de Tricastin avait été mise en cause par l'Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN) qui avait évoqué des fissures "dangereuses" dans la Drôme, pour relativiser des problèmes survenus alors sur un site nucléaire belge.

L'ASN avait indiqué à cette occasion que sur 37 "défauts sous revêtement" effectivement détectés dans le parc français, 20 étaient situés sur la cuve du réacteur numéro 1 du Tricastin, mais que ceux-ci, régulièrement contrôlés, ne présentaient pas de danger.

La centrale du Tricastin, mise en service en 1980, a produit 6% de la production nucléaire française en 2012.

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Rédigé par Par Julie Pacorel-Mouttet le Lundi 15 Juillet 2013 à 06:22 | Lu 214 fois