29 juin : que reste-t-il de la fête de l'autonomie ?


Ils se revendiquent « autonomistes » à l'assemblée, et mercredi, ils seront présents au Rond-Point de l’autonomie pour la traditionnelle fête du 29 juin : le To Tatou Ai’a, le Tahoeraa, et le Ia Ora Te Fenua, dont le leader Jean-Christophe Bouissou a pris la parole, lundi, au nom de tous les autonomistes. Il rappelle que son « camp » espérait cette année faire de la fête de l'autonomie une célébration plus symbolique que jamais, sous cette présidence indépendantiste, et à la veille du débat à l’assemblée sur la réinscription de la Polynésie sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser. Mais l'occasion est bel et bien ratée.

Car avec l’annulation de la séance de jeudi à l'assemblée, leur désir de se rassembler en prend un coup. Et c’est sans beaucoup de conviction que les leaders autonomistes, divisés, et incapables de s’entendre pour former une majorité stable depuis 2004, expliquent leur motivation à fêter le 29 juin. « Nous avons décidé de transcender les clivages politiques, et nous invitons la population à venir manifester son soutien à des valeurs », explique en substance Jean-Christophe Bouissou. Edouard Fritch quant à lui avoue que « jusqu’à ce matin (lundi), on voulait montrer qu’on continue à se battre pour rester au sein de la République française ». C’est donc au nom de « valeurs » qu’il faudrait venir au rond-point de l’autonomie, mercredi, à 9H. Mais lesquelles ? La population aussi l'a oublié. L'an passé, la fête organisée à la présidence par Gaston Tong Sang avait été un flop mémorable.


Sièges vides lors de la fête de l'autonomie, en 2010 à la Présidence
Il faut aussi rappeler que le 29 juin, choisi en 1985 comme journée de célébration du statut d’autonomie, est contesté, au sein même du camp autonomiste. Le 29 juin 1880, Pomare V faisait don de ses Etats à la France. Un « acte d’amour » osait l’avocat de Gaston Flosse, Me Lev Forster, le mois dernier, lors de sa plaidoirie dans le procès des « emplois fictifs » de la présidence. Une vision plus que contestée par Jean-Marc Regnault. « Pomare V était contraint et forcé », rappelle l’historien. « Les documents que nous avons montrent bien que c’était préparé de longue date, et que les gouverneurs de l’époque rendaient régulièrement compte de la façon dont ils poussaient un Pomare ivre dès 9 heures du matin à céder. »

C’est pour cette raison qu’Alexandre Léontieff avait changé la date de la fête de l’autonomie, en 1988. Il avait choisi le 8 septembre, date de publication du statut d’autonomie au JOPF. Rétablie par Gaston Flosse en 1991, la date du 29 juin, qui fait pourtant polémique au sein même du Tahoeraa, n’a plus jamais été changée. Car pour en choisir une autre, il faudrait lever l’ambiguité de cette notion d’autonomie : or aujourd’hui, « personne ne sait ce que c’est », affirme Jean-Marc Regnault. Pas même les autonomistes eux-mêmes. Et l'historien de rappeler une phrase du socialiste Henri Emmanuelli : "L'autonomie, c'est le meilleur moyen qu'a trouvé la classe possédante pour ne rien partager".


Les autonomistes réunis pour annoncer la fête de l'autonomie, mercredi 29 juin 2011
Quelle qu'elle soit, l'autonomie reste en tout cas le repoussoir favori des indépendantistes, qui, comme chaque année, se retrouveront à la stèle de Tavararo de Faa'a à 18H. Mais avec le couac du débat sur la décolonisation, l’ambiance ne devrait pas être beaucoup plus gaie. De ça, de là, quelques voix s’élèvent pour dénoncer cette incessante hostilité de deux idéologies en difficulté. Comme Philip Schyle (Fetia Api), qui avoue sa lassitude devant ces « guéguerres » idéologiques qui se répètent chaque année à la même date. Il a choisi d’ailleurs de ne pas participer à la fête de l’autonomie demain. Et comme d’autres, il estime qu’une « fête du Pays » serait préférable à une « fête de l’autonomie » qui ne rassemble plus grand monde.

En attendant, une couronne sera bel et bien déposée par les autonomistes sur la stèle du 29 juin, mercredi. "Une couronne, pas une gerbe" a insisté Robert Tanseau avec humour.

Célébration de l’Autonomie : déroulé de la cérémonie

8h : rassemblement dans les jardins de la mairie de Papeete
8 h 45 : départ vers la stèle, place de l’Autonomie
9 h : rassemblement devant la stèle
- couronnement de la stèle par les présidents de groupes et le maire de Papeete
- lever des couleurs au son de l’hymne tahitien puis de l’hymne national

9 h 15 : discours d’accueil du maire de Papeete
9 h 20 : discours du président du groupe Tahoeraa Huiraatira
9 h 30 : discours du président du groupe To Tatou Ai’a
9 h 40 : discours du président du groupe Ia Ora Te Fenua
9 h 50 : discours du représentant de l’Etat
10 h : Fin de la cérémonie

Rédigé par F K le Mardi 28 Juin 2011 à 11:03 | Lu 1168 fois