PAPEETE, le 11 janvier 2019 - Des Polynésiens ont décidé d'agir pour préserver le lagon et les espèces marines qui y vivent. Ils ont donc répondu à l'appel à projet lancé par Pew et la fondation Bertarelli, pour la protection des lagons en Polynésie. 25 dossiers ont donc été retenus et les porteurs de projet ont présenté leurs idées.
Les écosystèmes s’effondrent dans le monde, et en particulier les écosystèmes lagonaires, menacés par le changement climatique, la surpêche, la pollution et l’urbanisation. Face au désastre annoncé et au pessimisme ambiant, des polynésiens, beaucoup de femmes, des associations, des écoles, des élus, des patentés, et leurs équipes sur le terrain, ont décidé d’agir à leur façon, pour préserver leur lagon et les espèces marines qui y vivent, et surtout pour conserver notre cadre de vie en Polynésie, tourné vers la mer et envié de par le monde.
Afin de soutenir ce mouvement, Pew et la fondation Bertarelli en Polynésie française, en partenariat avec la FAPE (Fédération des Associations de Protection de l'Environnement), contribuent depuis plusieurs années à des initiatives locales pour la promotion du concept du rahui et la protection des ressources marines. A travers des appels à projet ou des partenariats avec des communes, cette démarche a permis de soutenir 25 projets de rahui et de protection des lagons, dans les différents archipels de Polynésie française.
Au cours d’une demi-journée d'échange, ces porteurs de projets se sont réunis pour présenter des solutions concrètes et originales dans les domaines de l’éducation, l’écotourisme, la science, l’art, la gestion, la communication, le 4 décembre dernier, dans les locaux de Pew. Des Marquises aux Australes, en passant par les Tuamotu et Moorea chacun a pris la parole pour exposer ses actions de terrains, ses succès, mais aussi ses difficultés rencontrées.
Ces 25 projets pour nos lagons contribuent directement aux recommandations de la FAPE de créer un rahui dans chaque commune et de protéger strictement 30% des habitats marins du fenua. Enfin, ils démontrent que chacun peut agir, et qu'ensemble, nous sommes plus forts pour protéger nos océans.
Les écosystèmes s’effondrent dans le monde, et en particulier les écosystèmes lagonaires, menacés par le changement climatique, la surpêche, la pollution et l’urbanisation. Face au désastre annoncé et au pessimisme ambiant, des polynésiens, beaucoup de femmes, des associations, des écoles, des élus, des patentés, et leurs équipes sur le terrain, ont décidé d’agir à leur façon, pour préserver leur lagon et les espèces marines qui y vivent, et surtout pour conserver notre cadre de vie en Polynésie, tourné vers la mer et envié de par le monde.
Afin de soutenir ce mouvement, Pew et la fondation Bertarelli en Polynésie française, en partenariat avec la FAPE (Fédération des Associations de Protection de l'Environnement), contribuent depuis plusieurs années à des initiatives locales pour la promotion du concept du rahui et la protection des ressources marines. A travers des appels à projet ou des partenariats avec des communes, cette démarche a permis de soutenir 25 projets de rahui et de protection des lagons, dans les différents archipels de Polynésie française.
Au cours d’une demi-journée d'échange, ces porteurs de projets se sont réunis pour présenter des solutions concrètes et originales dans les domaines de l’éducation, l’écotourisme, la science, l’art, la gestion, la communication, le 4 décembre dernier, dans les locaux de Pew. Des Marquises aux Australes, en passant par les Tuamotu et Moorea chacun a pris la parole pour exposer ses actions de terrains, ses succès, mais aussi ses difficultés rencontrées.
Ces 25 projets pour nos lagons contribuent directement aux recommandations de la FAPE de créer un rahui dans chaque commune et de protéger strictement 30% des habitats marins du fenua. Enfin, ils démontrent que chacun peut agir, et qu'ensemble, nous sommes plus forts pour protéger nos océans.
LA PAROLE À
Sylvana Nordman, association Fatu fenua no Makatea
Projet de protection des tortues et des ma’oa à Makatea
"Il est encore temps d’agir"
"Le concept du rahui a été complètement oublié. Pourquoi nous en sommes arrivés là ? Il faut que nous, polynésiens, nous réappropriions ce concept ancestral du rahui. Il est encore temps d’agir aujourd’hui. Mais si on attend demain, ce sera trop tard. Il faut secouer les cocotiers et éveiller les consciences sur la nécessité de préserver les ressources, pour nous et pour demain. Le rahui va permettre aux ressources de se régénérer, pour continuer à les exploiter durablement.
Bien souvent les petites associations manquent de moyens. Pew a apporté une petite bourse, mais qui permet d’entamer des actions. Cette rencontre m’a énormément apporté, on se rend compte qu’il y a cette énergie qui émane de chacun des intervenants, et c’est très positif."
Projet de protection des tortues et des ma’oa à Makatea
"Il est encore temps d’agir"
"Le concept du rahui a été complètement oublié. Pourquoi nous en sommes arrivés là ? Il faut que nous, polynésiens, nous réappropriions ce concept ancestral du rahui. Il est encore temps d’agir aujourd’hui. Mais si on attend demain, ce sera trop tard. Il faut secouer les cocotiers et éveiller les consciences sur la nécessité de préserver les ressources, pour nous et pour demain. Le rahui va permettre aux ressources de se régénérer, pour continuer à les exploiter durablement.
Bien souvent les petites associations manquent de moyens. Pew a apporté une petite bourse, mais qui permet d’entamer des actions. Cette rencontre m’a énormément apporté, on se rend compte qu’il y a cette énergie qui émane de chacun des intervenants, et c’est très positif."
Philippe Darius, expert en permaculture à Tahiti
Projet de documentation du rahui terrestre
"S’appuyer sur les traditions et les principes anciens"
"Mon projet consiste à faire le lien entre la protection des lagons et la protection des écosystèmes terrestres ; en restaurant la mémoire du rahui terrestre à travers des documents et des témoignages des anciens ; et en donnant des pistes de réflexion pour que les communautés puissent établir plus tard des rahui terrestre. Ma recherche concerne les écosystèmes terrestres, mais on peut vraiment prendre exemple de ce qui a été fait ces dernières années dans le domaine des écosystèmes marins ; c’est à dire s’appuyer sur les traditions et les principes anciens, variables d’une île à l’autre, et aller puiser dans des méthodes plus modernes, comme la permaculture dans le domaine agricole et l’écoconstruction dans le domaine du bâtiment. Car ce sont les domaines qui exercent le plus de pression sur les écosystèmes terrestres."
Projet de documentation du rahui terrestre
"S’appuyer sur les traditions et les principes anciens"
"Mon projet consiste à faire le lien entre la protection des lagons et la protection des écosystèmes terrestres ; en restaurant la mémoire du rahui terrestre à travers des documents et des témoignages des anciens ; et en donnant des pistes de réflexion pour que les communautés puissent établir plus tard des rahui terrestre. Ma recherche concerne les écosystèmes terrestres, mais on peut vraiment prendre exemple de ce qui a été fait ces dernières années dans le domaine des écosystèmes marins ; c’est à dire s’appuyer sur les traditions et les principes anciens, variables d’une île à l’autre, et aller puiser dans des méthodes plus modernes, comme la permaculture dans le domaine agricole et l’écoconstruction dans le domaine du bâtiment. Car ce sont les domaines qui exercent le plus de pression sur les écosystèmes terrestres."
Herehia Atger, commune de Tatakoto
Projet de rahui du bénitier à Tatakoto
"C’est une pratique qui a toujours existé"
"Il y a 30 ans, Tatakoto détenait la plus importante densité de bénitier au monde, avec 500 bénitiers au m2. Aujourd’hui, cette densité a été divisée par 50, c’est considérable. C’est ce qui a poussé la population à agir et à se lancer dans ce projet ; il consiste en la création de la journée du rahui du kokona (bénitier en Paumotu), pour sensibiliser la population de Tatakoto à la disparition du pahua. Le projet s’étalera sur un an et la journée désormais officielle sera reconduite tous les ans à Tatakoto. Certains ont un peu peur lorsqu’on parle de « râhui », ils pensent qu’on va interdire complètement la pêche. En fait, on va laisser un temps pour que l’espèce se reproduise, pour après en consommer, de manière très modérée. C’est une pratique qui a toujours existé. On est polynésien. On l’est par le sang, mais on doit aussi l’être par la culture et le mode de vie. On doit se forcer, même si on n’est pas habitué, à adopter ce concept du rahui, à le vivre et à le mettre en place. Le meilleur moment du projet a été lorsque la population a accepté à bras ouvert ce projet de rahui, ils étaient en attente d’une aide et étaient très contents que des fondations internationales s’intéressent à leur lagon et se batte pour le protéger."
Projet de rahui du bénitier à Tatakoto
"C’est une pratique qui a toujours existé"
"Il y a 30 ans, Tatakoto détenait la plus importante densité de bénitier au monde, avec 500 bénitiers au m2. Aujourd’hui, cette densité a été divisée par 50, c’est considérable. C’est ce qui a poussé la population à agir et à se lancer dans ce projet ; il consiste en la création de la journée du rahui du kokona (bénitier en Paumotu), pour sensibiliser la population de Tatakoto à la disparition du pahua. Le projet s’étalera sur un an et la journée désormais officielle sera reconduite tous les ans à Tatakoto. Certains ont un peu peur lorsqu’on parle de « râhui », ils pensent qu’on va interdire complètement la pêche. En fait, on va laisser un temps pour que l’espèce se reproduise, pour après en consommer, de manière très modérée. C’est une pratique qui a toujours existé. On est polynésien. On l’est par le sang, mais on doit aussi l’être par la culture et le mode de vie. On doit se forcer, même si on n’est pas habitué, à adopter ce concept du rahui, à le vivre et à le mettre en place. Le meilleur moment du projet a été lorsque la population a accepté à bras ouvert ce projet de rahui, ils étaient en attente d’une aide et étaient très contents que des fondations internationales s’intéressent à leur lagon et se batte pour le protéger."
Clément Vergnhes, commune de Teva I Uta
Projet de rahui dans le lagon de Mataiea
"Si on ne fait rien, dans 6-7 ans, il n’y aura plus rien dans nos lagons"
"La principale difficulté, ce sont les familles qui vivent de cette ressource. On essaie de changer les choses, naturellement ils s’inquiètent du devenir de leur métier. Ce qui m’a touché, c’est cette prise de conscience et ce changement radical des pêcheurs, les pêcheurs reconnus et renommés, les mémoires de la pêche. Au fond d’eux-mêmes ils savent que la ressource s’épuise, et qu’il faut faire quelque chose pour les générations futures. Nos ancêtres pratiquaient le rahui, parce qu’ils avaient déjà cette intelligence et cette conscience de préserver la ressource. Les générations d’après ont perdu cette notion de préservation. Les experts nous disent qu’il faut protéger 30% des lagons. A mon sens ce n’est pas assez, il faut protéger 50% ! Si on ne fait rien, dans 6-7 ans, il n’y aura plus rien dans nos lagons. Il faut un élément déclencheur, que les communes s’approprient ce sujet. Imaginez demain nos lagons, sans poissons, je n’imagine même pas !"
Projet de rahui dans le lagon de Mataiea
"Si on ne fait rien, dans 6-7 ans, il n’y aura plus rien dans nos lagons"
"La principale difficulté, ce sont les familles qui vivent de cette ressource. On essaie de changer les choses, naturellement ils s’inquiètent du devenir de leur métier. Ce qui m’a touché, c’est cette prise de conscience et ce changement radical des pêcheurs, les pêcheurs reconnus et renommés, les mémoires de la pêche. Au fond d’eux-mêmes ils savent que la ressource s’épuise, et qu’il faut faire quelque chose pour les générations futures. Nos ancêtres pratiquaient le rahui, parce qu’ils avaient déjà cette intelligence et cette conscience de préserver la ressource. Les générations d’après ont perdu cette notion de préservation. Les experts nous disent qu’il faut protéger 30% des lagons. A mon sens ce n’est pas assez, il faut protéger 50% ! Si on ne fait rien, dans 6-7 ans, il n’y aura plus rien dans nos lagons. Il faut un élément déclencheur, que les communes s’approprient ce sujet. Imaginez demain nos lagons, sans poissons, je n’imagine même pas !"
L'ensemble des acteurs qui militent pour la protection de nos lagons.