23 atolls des Tuamotu suspendus à l’avenir du Kura Ora


Le Kura Ora a acheminé 7106 tonnes de marchandises de toutes sortes aux Tuamotu en 2012
PAPEETE, 5 mai 2014 - La Compagnie de transport maritime des îles Tuamotu (CTMIT), armateur du Kura Ora II, est menacée de faillite. Le navire est pourtant un élément clé de la vie économique de 23 atolls des Tuamotu.

36 ans de navigation au compteur. Le Kura Ora II assure chaque mois au départ de Papeete, une tournée de 1208 nautiques à travers le centre, l’est et le nord-est de l’archipel des Tuamotu où il visite 23 atolls dont Anaa, Hao, Makemo, Fangatau, Reao, Tatakoto.

Le dernier recensement général réalisé en août 2012 par l’ISPF, a comptabilisé 6154 habitants sur ces îles. Pour ces populations insulaires, les livraisons du navire sont essentielles pour la fourniture d’hydrocarbures, de matériaux de construction, de gros équipements et de produits alimentaires.

En 2012, le Kura Ora y a acheminé 7106 tonnes de marchandises de toutes sortes. Son activité de commerce à l’aventure l’a conduit à ramener à Tahiti 1114 tonnes de coprah, de nacres et de poisson. La goélette participe à la vie économique de ces îles. Pour tout ce qui est volumineux et lourd, elle est le lien avec Tahiti.

Mais tout cela est menacé. La Compagnie de transport maritime des îles Tuamotu (CTMIT), son armateur, est en phase d’observation à la suite d’une procédure de redressement judiciaire ordonnée par le tribunal de commerce de Papeete le 24 mars dernier. Son avenir est compromis.

La société peine à faire face à près de 600 millions Fcfp de créances : dettes bancaires ; salaires impayés ; une facture de plusieurs années de droit de mouillage au Port de Papeete ; des cotisations impayées à l’Enim, la caisse de retraite des marins ; une importante créance envers la CPS…

Et le Kura Ora IV, navire acquis d’occasion par la CTMIT en juillet 2010 pour remplacer le II, ne répond pas aux normes de sécurité et est interdit de navigation à moins d’engager 50 millions Fcfp de travaux. Le navire est immobilisé au mouillage depuis quatre ans. Et faute de liquidités, la CTMIT est au bord de l’asphyxie.

La situation est vécue comme "délicate" par le ministre en charge des transports maritimes, Albert Solia qui, en dépit de multiples sollicitations, n’a pas souhaité nous recevoir pour évoquer cette question "afin de laisser le tribunal de commerce statuer sereinement".

Mais la déroute de la CTMIT doit-elle être traitée sous le seul angle d’une affaire privée, en proie à des difficultés économiques ? A l’octroi de sa licence en 1997, Jean-Claude Paquier l’armateur était prévenu : "il fait son affaire de l’exploitation à ses risques et périls, le territoire déclinant toute responsabilité en cas de déficit".

Il demeure cependant que le Pays a estimé la charge nette que représenterait l’armement du Tahiti Nui I, s’il devait prendre le relai du Kura Ora, en cas d’interruption des rotations : 30 millions Fcfp par tournée.

Et puis les menaces qui pèsent sur l’avenir de cette ligne pointent les limites du modèle et de l’organisation des transports maritimes en Polynésie française. La collectivité compte 118 îles réparties sur une zone océanique vaste comme l’Europe. Le fret maritime est un élément structurant pour la cohésion et le développement du pays, bien plus que ne l’est le transport aérien.

En 2012, 413 000 tonnes de marchandise ont été transportées par voie maritime à travers la Polynésie française.

Rédigé par JPV le Lundi 5 Mai 2014 à 14:46 | Lu 2476 fois