1er tour des élections territoriales : le tour d'horizon des fiefs


PAPEETE, lundi 22 avril 2013. Au-delà des résultats généraux du premier tour de l'élection territoriale 2013, un coup de loupe sur certaines communes de Tahiti et ses îles qui illustre la situation des uns et des autres sur l'échiquier politique local. Parfois la comparaison avec les résultats des élections territoriales de 2008 offre également quelques enseignements de taille.

Faa’a : l’UPLD toujours en tête mais en net recul


L’UPLD reste maître de la commune de Faa’a où le président sortant Oscar Temaru est également maire tandis que Tauhiti Nena, ministre de l’éducation et des sports est conseiller municipal. Dans l’ensemble des bureaux, l’UPLD arrive en tête au mieux avec 57,7% des voix (bureau 8) au pire avec 31,3% des suffrages (bureau 10). Sur l’ensemble de la commune les résultats de l’UPLD sont de 41,13%. Un recul de plus de 10 points par rapport aux territoriales de 2008 où le parti d’Oscar Temaru sortait avec une majorité de 51,5%. Lors de la soirée électorale, des responsables de l’UPLD ont avancé des difficultés dans l’organisation des bureaux de vote créant des files d’attente et des bouchons lors de la traversée de la commune. Une explication organisationnelle donc qui ne masque pas le désaveu certain du parti indépendantiste sur ses propres terres. D’autant que le Tahoeraa Huiraatira de Gaston Flosse fait un hold-up et double sa mise sur les voix des électeurs de Faa’a. En 2008 le parti orange piétinait dans le pré carré UPLD avec à peine 13,6% des voix. Dimanche soir, le parti au fei a raflé 30,8% des électeurs de la commune de Faa’a. Plus que l’effritement des suffrages UPLD, c’est ce coup double du Tahoeraa qui marque les esprits.

A Pirae : le raz-de-marée orange

Avec 53,26% de suffrages, le Tahoeraa Huiraatira règne en maître. C’est là que Gaston Flosse démarre sa carrière politique en 1965 lorsqu’il devient le premier tavana de la commune. Il restera maire de la ville jusqu’en 2000. 35 ans de mandat local laissent des traces, d’autant que de 2001 à 2008 c’est son dauphin du Tahoeraa, Edouard Fritch qui est maire. Même si depuis cette date, la mairie est pilotée par Béatrice Vernaudon qui soutient aujourd’hui le parti A Ti’a Porinetia, sans être candidate sur la liste de Teva Rohfritsch, Pirae continue de battre à l’orange. Les scores du Tahoeraa oscillent entre 46,02% des voix (bureau 4) et un écrasant 61,67% (bureau 1). Dans cette commune traditionnellement autonomiste A Ti’a Porinetia parvient à recueillir 20,96% des voix. L’UPLD ici est loin derrière avec seulement 11,45% des voix.

Mahina : le maire ne convainc pas

Patrice Jamet et sa liste Ia Tura To’u Fenua a fait un pari en se lançant dans la course aux territoriales. Elu comme maire de Mahina depuis deux ans seulement, issu de la société civile, Patrice Jamet avait promis en février 2011 qu’il ne s’occuperait que de sa commune. Dans le grand bain des territoriales, le leader de Ia Tura To’u Fenua a bu la tasse. Il rentrera néanmoins dans ses frais de campagne puisqu’avec ses 3,56% de suffrages globaux, il disposera d’un remboursement officiel. Mais cette bataille politique dans la cour des grands le fragilise également sur son territoire. Certains de ses opposants locaux donnaient une valeur de «référendum municipal» à cette élection territoriale. Et le baromètre n’est pas très avantageux pour le tavana. Les 12,03% de suffrages obtenus sur sa commune montrent que sa popularité locale a pris un sérieux de blues. Mahina a viré orange avec 38,62% de voix pour le Tahoeraa Huiraatira, en seconde position l’UPLD avec 18,91% puis A Ti’a Porinetia 18,84%. Le maire Patrice Jamet n’est qu’en 4e position.

Bora Bora : Gaston Tong Sang devant mais affaibli

A l’inverse de Mahina, le maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang a encore un peu la main sur son électorat. Ex président de la Polynésie française à plusieurs reprises son expérience du mandat territorial y est un avantage. Dans les cinq bureaux de vote de la commune par conséquent A Ti’a Porinetia auquel appartient Gaston Tong Sang depuis fin janvier 2013 arrive partout en tête avec des scores allant de 34,89% à 38,71%. Sur la commune le jaune de Teva Rohfritsch et GTS est la première force politique avec 38,61% des suffrages mais c’est beaucoup moins que les 55,6% recueillis en 2008 par l’ex formation politique de Gaston Tong Sang avec To Tatou Aia. Dix points derrière, les 27,46% de l’UPLD montrent que les idées indépendantistes représentent plus du quart de l’électorat de Bora Bora. Quant au Tahoeraa Huiraatira il recueille à Bora 20,74% des voix, soit trois fois et demi de plus qu’en 2008.

Marquises : sans repères avec l’absence des partis locaux

Avec 40,93% des voix obtenues sur les six bureaux des Marquises, le Tahoeraa Huiraatira est en position bien confortable dans cet archipel. Bien plus confortable qu’en 2008 où il n’obtenait que moitié moins de voix. La grande différence de ces élections de 2013 ? Le nouveau mode de scrutin avec une circonscription unique qui a fait disparaître les partis locaux. En 2008, le parti marquisien Te Henua Enata A Tu de Benoit Kautai raflait 53,5% des voix. Aujourd’hui la voix des îliens est morcelée dans les partis «tahitiens» et perd donc ses repères. Aussi, étrangement l’UPLD en 2e position dans ces résultats du 1er tour réussit même la prouesse de gagner des suffrages de 2008 à 2013 passant de 20,5% à 25,65% des voix. Un électeur marquisien sur quatre a voté pour le parti indépendantiste : une vraie révolution des mœurs. Grosse déception en revanche pour A Ti’a Porinetia qui ne réussit à convaincre que 15,27% des électeurs marquisiens en dépit de quelques ancrages prometteurs dont le score de 41,49% obtenu à Ua Huka.


Des scores à faire pâlir


Dans quelle section, quelle commune ou quel bureau les partis ont crevé leurs records ? Le résultat est anecdotique mais amusant. C’est à Rapa aux Australes que le Tahoeraa Huiraatira glane un score «stalinien» de 83,53% des voix. Les autres listes restent dans des proportions plus modestes. 58,72% pour l’UPLD dans le bureau 7 de Faa’a ; 56,45% pour A Ti’a Porinetia sur le bureau 3 de Huahine ; et enfin 52,83% au bureau 3 de Rangiroa pour Tous Polynésiens.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 22 Avril 2013 à 17:10 | Lu 1157 fois