1er salon Vegan - Cédric Wane : "La révolution vegan est en marche"

Dimanche a eu lieu à Pirae le premier salon Vegan. Notre champion de Xterra Cédric Wane y a tenu une conférence, nous avons voulu en apprendre un peu plus sur cette « révolution » vegan annoncée par cet athlète désormais incontournable en Polynésie. D’autres sportifs reconnus semblent suivre ce mouvement, notamment la combattante Flore Hani, le triathlète Teva Poulain ou encore le champion de jiu jitsu Maui Lacaze.


Cédric Wane s'est engagé pour défendre la cause végane
Les mots employés ont été forts : une « révolution ». Comment y voir clair entre l’info, l’intox ? Le végétarisme, le végétalisme, le veganisme, le bio ? Quel est le but ? Pour certains c’est la perte de poids, pour d’autres c’est l’éthique animale, d’autres encore le regain d’énergie, la prévention du cancer...La réponse à chaque problématique n’est pas la même. Le salon a en tous cas attiré de nombreux exposants et la « salle de conférence » de Red Zone était pleine.
 
Ce premier salon Vegan a été initié par [Réale Couchaux]url:https://www.tahiti-infos.com/Defi-veggie-deux-semaines-pour-manger-responsable_a147850.html , gérante de la salle de sport et représentante de l’association végétarienne de France et de l’association L214 Ethique et Animaux. Pour cette dernière « La consommation de protéines animales n’est pas indispensable au bon fonctionnement du corps, elle est même nocive sous plusieurs aspects. Contrairement aux idées reçues, les protéines vitales pour notre fonctionnement peuvent se trouver dans les végétaux, [à part la vitamine B12]url:https://vegan-pratique.fr/nutrition/la-vitamine-b12/ qu’il suffit de prendre quotidiennement sous forme de comprimé. »
 
Les protéines végétales sont ainsi favorisées car « meilleures pour la santé que les protéines animales ». Selon Réale Couchaux « L’organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la charcuterie est un cancérigène avéré, que la viande rouge est un cancérigène probable. Les autres protéines animales telles que le lait et ses dérivés, les œufs, le poisson etc…ne sont pas non plus exempts d’éventuelles conséquences néfastes pour la santé en général, inflammation, développement des allergies etc…Ils ne sont en tous cas aucunement indispensables. »
 
Selon les différents intervenants, la notion éthique par rapport à la souffrance animale reste centrale au même titre que l’aspect santé. Le chiffre de 50 milliards d’animaux tués par an a été avancé.

Plusieurs sportifs sont venus témoigner
Le veganisme se développe dans le sport
 
Certains sportifs sont en recherche d’optimisation entre ce qui est ingéré, digéré et l’énergie qu’on en retire. C’est ainsi que certains en sont arrivés, pour gagner en énergie, à délaisser complètement le modèle de consommation « viande-féculent » plus « fatiguant » à digérer pour l’organisme, pour privilégier les fruits, les légumes et les légumineuses dont les nutriments sont « plus facilement assimilables et sans les effets nocifs des protéines animales ».
 
La consommation de « whey », cette protéine d’origine animale déshydratée en pot qu’affectionnent certains sportifs polynésiens, a été pointée du doigt et déclarée « délétère à moyen et long terme, nocive pour les reins et le foie. Pour paraître musclé, on s’abîme la santé. »
 
La question du coût a également été abordée. Selon les vegans, « la protéine animale coute cher, contrairement aux légumineuses et donc finalement cet argument ne tient pas. » La question du bio a été également omniprésente : « On a une chance inouïe ici en Polynésie de pouvoir compter sur les fruits et féculents locaux, variés et bio. »
 
Le veganisme n’est pas une religion
 
Les produits transformés en général ont été pointés du doigt, les circuits courts privilégiés. On a également entendu que « l’offre bio commence à être de plus en plus importante, même en supermarché, plus la demande se développera, plus l’offre suivra ».
 
« Il me faut de la protéine animale pour être musclé, pour ne pas être carencé, pour ne pas tomber malade, pour ne pas avoir faim…autant d’idées reçues générées par les médias, les publicités, par les lobbies, qui maintiennent le consommateur dans une illusion qui l’empêche d’amorcer le changement. Le veganisme n’est pas une religion mais un choix. » selon Jordane Carrère, intervenante lors de ce premier salon Vegan.
 
Cette révolution annoncée par les vegans soulève de nombreuses questions, notamment celle des cantines scolaires. SB

Les proteines végétales
Parole à Cédric Wane :
 
Tu as employé le terme de « révolution ? »
 
« On est une minorité pour l’instant. J’ai pris cet exemple pendant la conférence, toute révolution passe par trois phases. Le ridicule, ensuite le danger et enfin l’assimilation. Dans la première phase on se moque de nous, dans la deuxième on se fait « excommunier » par son environnement social et enfin l’acceptation, cela devient normal. Je fais le parallèle avec le combat pour le féminisme dans les années 60. On est donc en quelque sorte des pionniers. Il faut juste s’accrocher et ne pas perdre confiance. Le temps nous aidera. »
 
Peut-on vivre sans protéines animales ?
 
« Les protéines animales indispensables ? C’est un mythe. Qu’elles soient d’origine animales ou végétales, les protéines ont la même structure moléculaire. Par contre, du côté animal, il y a tout le côté éthique. Il y aura plus de mauvais gras dans la protéine animale. Il y a également des hormones. La végétale est plus dense en protéines. 100 grammes d’épinards contiennent plus d’acides aminés que 100 grammes de steack. Peu de gens le savent. Quand on prend l’exemple de la spiruline, là c’est encore plus concentré en protéines. »
 
Il y a un blocage psychologique ?
 
« C’est sûr, parfois on a du mal à y voir clair. D’où l’intérêt d’en discuter avec des nutritionnistes pour en avoir le cœur net, par rapport à ces supposées carences en fer ou en vitamines B. Si on fait les bonnes associations légumineuses-céréales, il n’y a pas de problème. C’est sûr qu’il y a une période de transition, on ne devient pas vegan du jour au lendemain. »
 
« Au lycée, je consommais casse-croute hachis et limonade, comme tous mes amis. J’ai démarré le sport de manière intensive aux US et là j’ai vu que mes camarades voyaient leur performances progresser plus vite que les miennes. Ce sont eux qui m’ont dit que j’avais un souci par rapport à mon alimentation, c’est comme ça que je suis devenu végétarien. J’ai vu mes performances s’améliorer, ma consommation de médicaments s’arrêter. J’ai poursuivi progressivement vers le végan. »
 
Le véganisme, ce n’est pas juste l’alimentation ?
 
« Le véganisme c’est un carrefour. Il y a le côté éthique, moral par rapport à la souffrance animale dans les abattoirs, il y a le côté écologique, sanitaire, économique aussi. Il n’y a pas que l’aspect performance physique. En passant la porte d’un supermarché ou d’un commerce de proximité, on vote avec notre fourchette en fait. On peut à terme révolutionner le monde en diffusant ces idées. Nos ressources s’épuisent, on devra donc trouver une alternative, tôt ou tard. Certains prônent la décroissance, c’est peut être la solution. »
 
Le combat bio est tout aussi important ?
 
« Le véganisme est un mode de vie. Je donne la priorité au végétalisme et si c’est bio c’est encore mieux. Manger des céréales, des fruits et légumes pleins de pesticides n’a pas de sens. L’offre bio heureusement se développe de plus en plus. Et plus il y aura de demande, plus l’offre se développera, c’est aussi simple que ça. A Tahiti, on a la chance d’avoir des tubercules, des fruits. A nous de réorienter notre manière de consommer vers le local. Fei, taro, patates douces, uru etc...On est pas obligés de reproduire ce qui se fait sur les continents. »

Les termes :
 
Végétarien : Exclut la viande rouge et blanche, les poissons et les fruits de mer mais consomme du lait, des œufs
 
Végétalien : Adopte un régime alimentaire basé sur des aliments d’origine végétale.
 
Vegan : Refuse l’exploitation animale pour l’alimentation mais aussi pour les cosmétiques, les vêtements…

Rédigé par SB le Mercredi 13 Décembre 2017 à 12:18 | Lu 7012 fois