1er Congrès de l'Education, de la Formation et de l'Emploi


Le ministre de l’éducation, de la jeunesse et des sports, en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie associative, Tauhiti Nana a clos ce vendredi 06 mai la seconde étape du 1er Congrès de l’Education, de la Formation et de l’Emploi.
Les conclusions des ateliers, qui se sont déroulés du 29 mars au 21 avril, et de la semaine des conférences, qui se sont tenues du 02 au 06 mai, ont été présentées devant une assemblée d’une centaine de personnes. En effet, nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement, représentants de l’assemblée de la Polynésie française, élus municipaux, la présidente de l’université, directeurs d’école, chefs d’établissement, enseignants, chefs d’entreprise, directeurs de centres de formation.
Ainsi après un mois de débats et de réflexions, il en résulte que la Polynésie française a un besoin urgent de disposer d’une politique générale et sectorielle claire, concertée et affirmée. Des outils de mesure doivent être créés afin de connaître le taux d’insertion professionnelle des jeunes, les besoins du marché du travail. La cohérence des cartes de formation et la reconnaissance du potentiel « emploi » en Polynésie ont également été le leitmotiv des participants des ateliers. L’établissement d’un projet de société est une recommandation forte du conférencier Hervé Sérieyx. En effet, la Polynésie française dispose d’outils et d’un potentiel énorme en termes d’emploi. Mais des orientations doivent être prises afin que les actions de mise en œuvre soient cohérentes et efficaces. Par ailleurs, un travail et un partenariat entre tous les acteurs du monde de l’Education, de la Formation et de l’Emploi sont primordiaux pour permettre une meilleure insertion sociale et professionnelle des femmes et des hommes de la Polynésie française.
L’initiative du congrès est saluée tant par les participants aux ateliers que par les conférenciers, venus de Métropole. En effet, cette opération a permis la rencontre, l’échange et la compréhension entre les acteurs de l’éducation et de l’emploi.
Il reste maintenant au comité de rédaction à travailler sur toutes les propositions et préconisations, notamment des experts de la formation tout au long de la vie, messieurs Adama Ouane, Jean Vanoye et Hervé Sérieyx. Le rendu de leurs travaux est fixé à juin 2011.
Un accord d’adhésion de la Polynésie française à la Fondation des Régions Européennes pour la Recherche, l’Education et la Formation (FREREF), a également signé par monsieur Tauhiti Nena, ministre en charge de l’éducation et monsieur Jean Vanoye, président de cette même fondation. La signature de cet accord d’adhésion est le premier pas vers un partenariat cohérent et efficace avec les régions européennes. C’est aussi un pas premier vers une ouverture raisonnée de la Polynésie française avec d’autres pays, qui lui permettra de mieux lutter contre les fléaux de la société moderne.

Synthèse des ateliers et de la semaine des conférences

Introduction :

Le 23 mars 2011 a vu l’ouverture du 1er Congrès de l’Education, de la Formation et de l’Emploi (CEFE). Cette vaste réflexion a pour objectif d’adapter au mieux la carte de formation initiale, supérieure non universitaire et universitaire aux besoins du marché du travail et d’établir un plan stratégique de formation tout au long de la vie de la Polynésie française.
L’organisation de cette opération s’articule autour de 3 étapes majeures :
• 1ère étape : la tenue d’ateliers de débats et de réflexions par secteurs d’activités du 29 mars au 21 avril.
Les objectifs de ces ateliers sont de réunir les différents acteurs et experts des domaines de l’Education, de la Formation et de l’Emploi, afin d’identifier les emplois potentiels au sein des entreprises, de réfléchir à de nouveaux débouchés et d’identifier les filières, les certifications adaptées au marché du travail. Les secteurs d’activités professionnelles ont été répartis de la manière suivante :
 Agriculture, sylviculture, élevage
 Pêche, aquaculture
 Bâtiment, travaux publics, l’architecture, l’urbanisme et autres métiers du bâtiment
 Recherche, santé et social
 Droit et justice, Fonction publique (administration, enseignement)
 Energie, maintenance et entretien, mécanique et électronique
 Arts et Culture
 Hôtellerie- restauration, Tourisme
 Sports, loisirs, activités de jeunesse et autres
 Logistique- Transports, Automobile
 Banque-assurance, Audit-gestion
 Commerce-marketing- publicité, Informatique et télécoms



• 2ème étape : La tenue de conférences données par des experts notamment dans le domaine de la formation tout au long de la vie du 02 au 06 mai à l’école normale mixte de Polynésie française à Pirae.
L’objectif de cette semaine des conférences est de bénéficier de l’apport de personnes extérieures à la Polynésie française. Parmi ces personnes, nous pouvons compter sur la participation de messieurs :
- Hervé Sérieyx, conférencier ;
« Comment améliorer le système éducatif selon la démarche Qualité»
« Les jeunes d'aujourd'hui et le monde du travail"
"Les mutations du travail et de l'emploi"

- Jean Vanoye, Président de la Fondation des Région Européennes pour la Recherche dans l’Education et la Formation (FREREF) ;
« L’absence de qualification facteur d’exclusion sociale et professionnelle, un fléau à vaincre. »
« La formation tout au long de la vie, un concept à clarifier »
« La diversité des acteurs de la formation »

- Adama Ouane, Directeur de l’Institut UNESCO pour la formation tout au long de la vie.
« La formation tout au long de la vie, un concept à clarifier »

En outre, pendant cette même semaine des conférences, nous avons bénéficié de l’éclairagesur certains dispositifs existants en Polynésie française, pour le thème de :
« L’absence de qualification facteur d’exclusion sociale et professionnelle, un fléau à vaincre. »
monsieur Michel Unzel pour les centres des jeunes adolescents et le Lieutenenat Colonel Didier Rossi pour le Groupement du Service Militaire Adapté.

« La diversité des acteurs de la formation »
monsieur Vetea Van Hoeffen pour le service jeunesse et sports- département « jeunesse » et madame Patricia LoMonaco pour le Medef- Polynésie française.

• 3ème étape : la rédaction de propositions de carte de formation adaptée au marché du travail et de plan stratégique de formation tout au long de la vie par un comité restreint.
Le rendu des conclusions des travaux a été fixé en juin 2011. La composition dudit comité est prévue comme suit :
- monsieur Christian Forestier, administrateur général du CNAM
- 1 représentant du MEDEF Polynésie française
- 1 représentant de la CGPME
- 1 représentant de l’Université de Polynésie française





I. Un besoin vital de politiques générales et sectorielles claires, concertées et affirmées :
« On a besoin de clarifier la volonté politique en matière d’agriculture pour pouvoir mettre les moyens et les projets de formation en face. »- Atelier Agriculture, Sylviculture, Elevage.
La demande de disposer d’orientations, de lignes directrices et aussi d’un plan d’actions concrètes a été le leitmotiv des ateliers, mais également des conférenciers : savoir où nous allons pour définir nos besoins en termes de ressources humaines et donc de formations.
Selon les participants de l’atelier « Culture et Arts », la Polynésie française n’a pas de réelle politique culturelle. Le Ministère et les services existent. Cependant, les budgets alloués servent essentiellement à leur fonctionnement. Or, la Culture contribue au développement du pays et constitue sa vitrine. Il s’agit alors de faire connaître l’importance des sites culturels et patrimoniaux au niveau national et international, de palier la méconnaissance de ce qu’est Polynésie française qui fait partie du triangle polynésien. Dans l’atelier relatif aux transports, peu de projets voient le jour du fait de l’absence d’une réelle stratégie de mise en œuvre et de développement de transport tout type confondu. Pour les énergies, les décisions doivent être prises aujourd’hui pour voir les effets dans les 10 ans. Pour le Tourisme, il faut mettre en place une vraie stratégie, une vraie politique en la matière. On constate un panel de services à dispenser et cela aura forcément des répercussions sur la formation.
« Aujourd’hui le pays est en crise, le secteur du bâtiment en crise,
on a plus que jamais besoin de trouver un projet de société. Atelier Bâtiment, BTP
Cette absence de politique et d’orientations génère tant pour les entreprises que pour les organismes de formation publics et privés des difficultés à se projeter à court comme à long terme, un manque de cohérence entre les dispositifs de formation et les besoins sociaux et une grande frustration.
a. Un besoin d’outils pour se projeter:
On dispose de peu d’études chiffrées et croisées relatives aux entreprises (cartographie, taille …), à l’insertion des jeunes sur le marché du travail, aux jeunes étudiants diplômés… Un rassemblement de données a été fait pour le congrès. Mais les chiffres sont épars et pas forcément récents. En effet, chaque ministère et service gèrent ses propres données sans que des croisements soient effectués avec d’autres administrations.
On retrouve cette difficulté à se projeter dans les entreprises comme le témoigne le SEFI. Ce dernier ne dispose pas de vision par métier des personnes qui vont partir à la retraite. La demande est faite aux syndicats d’employeurs, or une absence récurrente de réponse est constatée. Disposer de ces chiffres par secteur permettrait de planifier les besoins. Dans l’administration, il en est de même. Il est impératif d’avoir un référentiel des emplois, une cartographie des métiers de l’administration, pour en connaître les besoins.
A de maintes reprises, la création d’un observatoire de l’emploi a été demandée.
b. Un besoin de cohérence :
Dans les ateliers, notamment celui de la santé et du social, les constats sociaux sont que la population polynésienne est de plus en plus vieillissante et la problématique des addictions et de la délinquance de plus en plus affirmée. Si en formation initiale et supérieure non universitaire, des qualifications « d’aide à la personne » sont dispensées, les Institutions prennent beaucoup appui sur le tissu familial, rendant la création et la mise en place des métiers « d’aide à la personne » difficiles. Les décisions de fermeture effective de l’école de formation d’éducateur et prochaine de l’école d’assistante sociale ne répondent pas non plus aux besoins identifiés.
L’administration, un secteur encore prisé par beaucoup, car synonyme de stabilité financière, va vers une suppression massive de postes. Mais la majorité des formations supérieures sont encore très généralistes. « En termes de formations, le master dispensé par l’université est jugé trop généraliste. Les étudiants ont développé le sentiment que l’université forme des étudiants pour entrer dans l’administration. Or les débouchés de cette voie se réduisent de plus en plus. »- Atelier Transports. En outre, ces mêmes formations supérieures ne sont pas adaptées aux étudiants sortant des filières professionnelles qui doivent poursuivre leurs études à l’étranger, mais qui n’ont pas les moyens. Une situation qui aboutit souvent à un abandon ou à un échec, dévalorisant ainsi à tort l’étudiant.
Certains métiers ne sont pas « reconnus » au sens législatif. Le statut du marin pêcheur est en cours, les métiers d’artisan ou le gestionnaire d’école de danse ne sont encadrés par aucun texte.
La demande d’une planification réfléchie est aussi été faite notamment pour les festivités. Aujourd’hui comment vendre correctement aux touristes une destination si on n’est pas en mesure de lui donner un calendrier.
Peu de postes pour nos étudiants diplômés. Les chiffres 2010 du SEFI affichent 538 offres d’emplois de niveaux I, II et III (BAC+5 à BAC+2) pour 776 demandeurs d’emplois. L’écart n’est pas énorme. Néanmoins, certains se réorientent vers d’autres secteurs, comme l’administration, ou décident de partir à l’étranger.
c. Un besoin de reconnaissance:
Certains professionnels se sentent mis à l’écart notamment par les Institutions, « Les associations culturelles se sentent mises de côté par les autorités du pays. Pourtant elles jouent un rôle social important auprès des jeunes, et participent à leur intégration et à leur ouverture (promotion à l’étranger)-Atelier Arts et Culture ».
Nombreux sont les participants à demander la valorisation des métiers de leurs secteurs.
« En outre, il est important de valoriser les métiers du secteur agricole qui souffrent des préjugés que l’on attribue aux métiers manuels- Atelier Agriculture».
« Les filières du BTP ont besoin d’être valorisées auprès des élèves. Les filères telles que le bâtiment, la maçonnerie, les finitions, la métallerie, ou encore la chaudronnerie ne sont pas très attractives. L’impression est que l’orientation vers ses filières est un pis-aller. Les enfants ne voient l’emploi que par le biais des enseignants et des parents. Or ce sont les professionnels qui peuvent parler le mieux de leurs métiers- Atelier Bâtiment».
« Suivant les recommandations du COST, l’attractivité des métiers du tourisme doit être organisée- Atelier hôtellerie, Restauration, Tourisme. »
Le potentiel « emploi » est présent et important aussi bien de manière directe qu’indirecte.
« Dans le secteur de l’agriculture, la Polynésie française doit établir sa carte des productions en fonction de sa géographie, ses spécifités mais également dans une logique de réductions des produits importés. Il a été question du projet de création d’une centrale d’achats des produits de l’agriculture. Mais il conviendrait mieux de construire des zones de stockage dans les îles, contrôlées et gérées par les agriculteurs eux-mêmes. Les agriculteurs pourraient ainsi se maintenir dans leur métier. Par ailleurs, la production de produits habituellement importés va aboutir à des débouchés et susciter des formations nouvelles.- Atelier Agriculture »
« Selon les professionnels, la pêche hauturière et la pêche poti maraa côtière lagonnaire génèrent pour chacun près de 300 emplois directs, et la pêche lagonnaire : 6.000 emplois. Néanmoins, les pêcheurs professionnels ont de grosses difficultés de trouver des marins pêcheurs de longue durée. Pour la pêche fraîche (15 jours), les marins sont plus faciles à trouver, alors que pour la pêche congelé (3 mois), ils hésitent. La perliculture a été un très gros pourvoyeur d’emplois, jusqu’à 6 000 emplois dans le secteur. 80% des emplois sont des manœuvres, peu qualifiés, souvent formés sur le tas. Le métier de greffeur constitue une niche d’emploi non négligeable. Or ce métier est peu motivant pour les polynésiens qui ne veulent pas rester assis 08h00.- Atelier pêche. »
« L’Artisanat est l’activité la plus importante du secteur primaire en termes d’emplois mais il n’a jamais été mené d’études sur le secteur. On estime qu’environ 15 000 personnes vivent de l’artisanat dont 8 000 exclusivement, les autres ont des compléments de ressources. La Danse génère de l’emploi et fait vivre certains professionnels qui se sont regroupés en associations. Or certaines fonctionnent comme de véritables entreprises, avec des « salariés », mais aucun cadre n’est mis en place.-Atelier Arts et Culture »
« Dans les secteurs du Tourisme ou des loisirs, il faut développer les activités de pleine nature, entre terre (guide pédestre, équestre, VTT) et mer (guide de plongée, guide de lagon). Des activités nouvelles peuvent être développées comme le canyoning, ou la randonnée en plongée, ou les activités nautiques dans les hôtels, toutes les activités de création, d’entretien et de balisage des sentiers de randonné, etc.- Atelier Tourisme »
« Si le tourisme et les loisirs se développent,
les activités se développeront automatiquement. »
« Les métiers dans les secteurs des banques, assurance, audit-conseil, sont nombreux : commercial banque, l’audit, commissaire aux comptes, collaborateur en cabinet d’expertise-comptable (classement, enregistrement…), comptable, assistant comptable, gestionnaire de risques, juriste. Des métiers sont à créer: e-business, rachat de crédit, banque en ligne, concepteur de projet…. Cependant, la fiscalité du pays ne permet à ce secteur de se développer correctement, les aides à la création d’entreprise se sont adaptées à la nouvelle carte des métiers. C’est le cas pour le secteur de l’audit-gestion-conseil. Beaucoup d’entreprises sont en difficultés parce qu’elles sont mal gérées. Le métier de contrôleur de gestion a donc du potentiel. Les entreprises qui exportent ou qui disposent une image internationale auront tendance à développer l’audit qualité.- Atelier Banque »
Dans divers secteurs, il est possible de développer les métiers liés au développement durable, à la préservation de l’éco-système, de l’environnement, aux énergies propres …
Il s’agit ici de quelques métiers directs. Mais des métiers peuvent aussi se développer de manière indirecte. « Dans le secteur de l’Energie comme de la Recherche, ces domaines ne sont pas forcément générateurs d’emplois directs. Par exemple un barrage c’est 90% de génie civil et de mécanique ». Pour l’agriculture, la chaîne qui débute avec le cultivateur va finir au vendeur en passant par le transporteur, le grossiste etc …
Ainsi les participants ont mis en exergue de multiples possibilités. Mais une politique générale et sectorielle adaptée et performante est nécessaire. Néanmoins pour une mise en œuvre efficace des passerelles entre tous les acteurs est primordiale.

II. Un besoin d’établir des passerelles entre les mondes de l’éducation, de la formation et de l’emploi … et la Société
« Le Diable est dans les cloisons ».
La majorité des participants aux ateliers et les conférenciers ont salué l’initiative du congrès car il a permis la rencontre, l’échange et la compréhension. Fortement cloisonnés, ces mondes agissent chacun dans leur coin sans que de véritables passerelles existent ou sinon de manière ponctuelle.
a. Des passerelles entre le monde de l’Emploi et l’Administration :
Un travail collaboratif entre professionnels et services administratifs du pays est nécessaire. Plusieurs structures du pays pourraient avec les professionnels mieux participer au développement du secteur (maison de la perle, la chambre d’agriculture …)
« Selon les professionnels, elle en est réduite à un rôle d’antichambre du ministère. Elle ne dispose pas d’autonomie financière. Son budget est uniquement du fonctionnement. Elle devrait devenir l’institution professionnelle des agriculteurs, l’interlocutrice principale du gouvernement. Elle doit être une plate forme qui réunit agriculteurs et éleveurs, en mesure de mettre en place un dispositif d’accompagnement et de conseils (conseiller agricole payé par l’agriculteur avec obligation de résultats), de dispenser des formations continues. Cette chambre d’agriculture doit également se faire le centre de gestion et de promotion des produits. »
Un vrai partenariat pourrait préserver les projets des chamboulements politiques et faire aboutir des nécessités :
« Un énorme travail « administratif » reste à faire pour clarifier les statuts de chacun et assainir des situations, comme le statut du marin pêcheur, les problèmes liés au salaire, à la marée, à l’organisation de la filière, à la protection sociale, ou encore la mise en place des titres de formation en fonction des zones de navigation (zone lagonaire, zone côtière, zone hauturière). Ces mises au point peuvent favoriser l’attrait du métier et le maintien de la profession. En résumé, Il faut une stratégie, une vision d’avenir défini par un ministère avec les professionnels. Dans la perliculture, 1.000 à 2.000 emplois pourraient être créés si la filière fonctionne- Atelier Pêche, Perliculture, Aquaculture ».
« Il faut aussi assainir les problèmes du foncier notamment d’indivision. Le développement de l’agriculture est fortement lié à la résolution du foncier. Les dirigeants du pays doivent prendre en compte cette réalité. On ne pourra pas former des cohortes de nouveaux agriculteurs ou éleveurs sans leur proposer des terres à la sortie de leurs études. Le foncier existe mais n’est pas disponible du fait du problème de l’indivision- Atelier Agriculture».
Il faut mettre un terme à l’interventionnisme unilatéral pour favoriser le partenariat.
b. Des passerelles entre le monde professionnel et ceux de l’Education et de la Formation :
Selon les participants des ateliers, les « jeunes » ne disposent pas des connaissances et compétences de base. En 2010, le SEFI a octroyé près de 500 millions pour des formations de remise à niveau. Des dispositifs tels que le Centre des Jeunes Adolescents ou le Groupement du Service Militaire Adapté (GSMA) offrent aux jeunes en difficultés scolaires et en situation d’exclusion une chance de disposer d’une formation, d’un diplôme. Néanmoins, il faut faire acquérir les fondamentaux (lire, écrire, compter) à tous les élèves et étudiants quel que soit leur niveau.
Par ailleurs, l’orientation des élèves reste à améliorer. En effet, nombreux sont ceux qui trouvent que les élèves « choississent » une filière de formation sans forcément bien la connaître. L’impression est que leur choix est un pis-aller.
Il convient dès lors de « renforcer la communication entre les mondes de l’éducation et de l’emploi … Les enfants ne voient l’emploi que par le biais des enseignants et des parents. Or ce sont les professionnels qui peuvent parler le mieux de leurs métiers ». - Atelier Bâtiment ».
Il est important de tisser des relations concrètes entre les mondes de l’éducation et de l’entreprise, comme lors des forums en fin de 3ème et fin de 1ère. En Métropole tous les ans un forum des BTP destiné aux étudiants en BTS, dont l’objectif est de trouver un stage, est organisé ».
Organiser des rencontres entre enseignants et professionnels va palier le problème de communication et permettra de faire évoluer avec réactivité la carte des formations professionnelles. Il est nécessaire de connaître les compétences recherchées par les entreprises pour organiser les filières et orienter les élèves. De même, il faut se méfier de la réponse dans le temps à un besoin précis du marché de l’emploi mais très ponctuel.
Ce rapprochement permettrait de poser et de traiter efficacement la question de la pertinence de certains cursus mis en place en Polynésie française au regard des débouchés.
Les plusieurs propositions d’actions ont été faites:
- des présentations concrètes des métiers du bâtiment par les entreprises elles-mêmes dès le collège ;
- la diffusion de l’information sur les métiers et les offres d’emploi par les médias ;
La création d’un structure permanente qui permettrait de mettre en lien les entreprises les enseignants et surtout les élèves/étudiants.
Il s’agit surtout d’assurer l’information. Pour connaître et comprendre l’entreprise, il est important d’y être. Ainsi les élèves doivent être rapidement en contact avec les entreprises comme les professeurs. Il a été proposé que des professeurs « interviennent » dans l’entreprise afin de disposer d’informations basées sur l’expérience, la pratique et non pas la théorie.
Par ailleurs, il conviendrait de mettre plus de souplesse dans les filières de formation, de permettre des passerelles entre les filières de formation. Ceci permettrait aux élèves et étudiants de se réorienter selon leurs compétences réelles.
Certaines filières professionnelles permettent aux élèves d’aller en stage dans les entreprises, mais certains estiment cela insuffisant. Il faut développer l’alternance, formation de demain.
En effet, la formation en alternance a pour avantage de confronter l’étudiant à l’entreprise. Il prend conscience des exigences du monde professionnel et de ce qu’est le métier. Un bac pro peut être considéré comme une formation en alternance avec 22 semaines de stages en entreprise sur 3 ans, même si ce n’est pas suffisant. Des immersions inter-entreprises seraient à envisager sur 6 mois pour apprendre d’autres manières de faire, d’autres méthodes. Ceci permettrait aussi au stagiaire d’être « coaché » et de mieux comprendre ce qu’attend un recruteur d’entreprise- Atelier Energies ».
L’apprentissage doit aussi être développé. Certaines mesures doivent néanmoins être mises en place pour éviter les effets d’aubaine que nous rencontrons dans certaines formations indemnisées.
« La formation, notamment indemnisée, permet d’insérer des personnes à la recherche d’un emploi. Or, par ce biais, les personnes partent à la recherche d’une indemnité au lieu d’un métier. « On ne répond pas à l’attrait du métier mais au traitement social du chômage »-Atelier Pêche ».
Il est important de développer des formations supérieures et post bac de courte durée, type Formation Complémentaire d’Initiave Locale, ou encore DEUST, ce qui suppose la création d’un IUT. Ceci permettrait aux jeunes disposant d’un diplôme professionnel de poursuivre une formation supérieure. Les passerelles débutent dès le collège et doivent être renforcées au lycée jusqu’aux études supérieures grâce aux dispostifs tels que.
« Des dispositifs comme la formation en alternance ou encore des formations courtes doivent être mises en place et developpées.
« La mise en place de formation courte (mention complémentaire ou en IUT) s’adapte bien aux caractéristiques du marché de l’emploi. Si un BTS est mis en place dans un lycée, cette formation sera donnée pendant un long moment. Or les débouchés sont-il garantis pour les diplômés ? Cela n’est pas certain. L’intérêt de mettre en place des mentions complémentaires repose sur la souplesse de ces dernières. De plus, certaines connaissances (conduite de projet, maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre) ne nécessitent pas la mise en place d’une filière longue- Atelier Energies. »
c. Des passerelles entre les mondes de l’Education, de la Formation et de l’Emploi et … la Société :
Beaucoup ont fait le constat du manque d’esprit d’initiative des jeunes, du manque de curiosité. Souvent, ils se mettent dans une position où ils subissent …sans réagir.
« En 1997 les jeunes se voyaient chef de chantier. En 2011 les élèves préfèrent être exécutants, refusent les responsabilités- Atelier Bâtiment ».
« Cet état d’être est présent dès la formation initiale. En effet, on constate la démission de certains élèves au moment de partir en stage, et les parents polynésiens sont « à la traîne » pour motiver leurs enfants. La conséquence première est que le travailleur polynésien va constatement se mettre en situation de réalisation et non de commandement. La formation initiale doit s’adapter et préparer les élèves à des postes d’encadrement et non de simples excécutants-Atelier Bâtiment ».
Cet état d’esprit ne favorise pas la création d’entreprise qui pour les participants reste le seul moyen de créer et développer les emplois. Tous s’accordent à dire que dans l’administration, nous sommes arrivés à saturation. Néanmoins, peu de jeunes savent ce qu’ils feront comme métier, comme études. Très rapidement chez l’élève, l’esprit d’entreprenariat doit être inculquée aussi bien pour qu’il soit en mesure de créer mais aussi de s’adapter à une société en constante mutation.
Le concept de formation tout au long de la vie « exige … un apprentissage de l’autonomie, du discernement et de l’esprit critique. Il s’agit donc bien d’un processus de construction de l’identité d’une personne, de son rapport au monde, de sa responsabilité et de son engagement dans la société ». Jean Vanoye
Néanmoins, le développement de ces compétences ne peut être garanti que par l’acceptation de la diversité des acteurs de la formation mais aussi par l’acceptation son rôle de formateur.
« Les compétences peuvent être acquises et développées au moyen d’une diversité de situations d’apprentissage (la maison, l’école, la communauté, le lieu de travail, les activités de loisirs etc.) et de modes éducatifs (enseignement présentiel, auto-apprentissage et apprentissage autodirigé, enseignement à distance et ouvert etc.) ». Adama Ouane.

Il est important de prendre conscience que la formation est la clé de l’insertion sociale et profesionnelle d’un individu. Il est tout aussi important de comprendre et d’accepter que ce qui nous entoure participe à notre formation.


Les outils existent, les acteurs sont présents, les potentiels sont énormes.
Il nous reste à élaborer un véritable projet de société pour que notre Pays atteigne de manière cohérente et performante l’excellence qui est la sienne.

Rédigé par communiqué du CEFE le Vendredi 6 Mai 2011 à 15:17 | Lu 1535 fois