192 lots en projet sur les hauteurs de Miri


La zone de travaux est bordée au nord de « zones de végétations dépourvues de construction (à l'exception de quelques habitations réparties de manières éparses) suivies de la décharge de Saint Hilaire ». Au sud, c'est « le lotissement Miri 4 et les hauteurs non urbanisées de la commune de Punaauia. A l'est, le récif montagneux de l'île de Tahiti, dont les monts Mamanu, Tuhi et Marau ». A l'ouest de la zone de travaux, on retrouve les « lotissements Green Vallée, Teroma, Lotus suivi du littoral urbanisé de Punaauia-Faa'a ».
PUNAAUIA, le 1er août 2018. La SNC Capoe, gérée par Thierry Barbion, a pour projet de réaliser 192 lots sur un terrain de 22 hectares, mitoyen au lotissement Miri 4. L'étude d'impact sur les terrassements et la viabilisation des terres est consultable jusqu'au 27 août aux mairies de Faa'a et de Punaauia et au service de l'urbanisme de Papeete.

A la mairie de Faa'a, l'étude d'impact sur l'environnement du projet de lotissement Capoe a déjà été consultée de nombreuses fois et une vingtaine de personnes ont déjà déposé des remarques. Alors que parfois les registres de doléances restent immaculés, ce projet ne laisse pas de marbre.

Le projet de lotissement Capoe, initié par Thierry Barbion, vise à créer 192 lots viabilisés (réseaux divers, voirie) mitoyens au lotissement Miri 4. Le lotissement sera situé sur la commune de Faa'a. « Les lots auront une superficie moyenne de 1040 m2 », peut-on lire dans l'étude d'impact. La superficie totale du projet est de 22,4671 hectares, soit l'équivalent de près de 31 terrains de football.

L'accès au projet se fait aujourd'hui depuis la route de ceinture au niveau du PK 9,5 à Punaauia côté montagne, en empruntant la route d'accès aux lotissements Le Lotus et Miri après avoir monté environ quatre kilomètres. « A l'avenir le lotissement sera également désenclavé par la route de Teroma », indique l'étude d'impact. « Une troisième voie liant le lotissement au lotissement Green Valley en contrebas est également envisagée mais non validée à ce stade. » Le site dispose d'un talweg et de trois versants.

L'étude d'impact est consultable depuis le vendredi 27 juillet et ce jusqu'au 27 août aux mairies de Faa'a et de Punaauia et au service de l'urbanisme de Papeete. Cette étude ne concerne que les travaux de terrassement et la viabilisation des terres concernées.

On y apprend que les travaux de terrassement (900 000 m3, dont 400 000m3 de déblais et 500 000m3 de remblais) consisteront principalement en la réalisation de remblais. « Les terres de déblais ne seront ainsi pas évacuées hors site mais seront réutilisées en remblais (minimisant ainsi les impacts liés au transport de terres). Cela ne suffira pas toutefois à répondre aux besoins », indique le document. Des matériaux seront ainsi extraits de deux parcelles voisines.

Le projet prévoit également la réalisation de voies en impasses, de postes transformateurs, d'un réservoir de stockage d'eau potable, d'un bassin ecrêteur (destiné à stocker des volumes d'eau importants lors de fortes pluies) et d'une bâche de reprise. Un ouvrage de rétention est prévu en aval du site afin de minimiser les inondations lors de fortes crues.

En l'absence de réseau collectif sur la commune de Faa'a, aucun réseau d'assainissement en eaux usées n'est prévu. Celui-ci sera donc de type individuel. « Les filières de traitement pourront être définies ultérieurement après terrassement des plates formes et étude de dimensionnement sur chaque lot lors du dépôt de permis de construire des futurs acquéreurs », précise l'étude d'impact.

L'étude met en garde contre les risques d'impact des travaux de terrassement sur l'environnement lors des fortes pluies. Elle rappelle notamment que le rapport du centre d'hygiène et de salubrité publique précise que l'eau de baignade est de qualité bonne à excellente sur les deux zones de prélèvement les plus proches du projet (Vaipoopoo et l'Intercontinental). "L'enjeu de préservation de cette qualité d'eau est fort, et ce d'autant plus que la rivière Piafau est présente en limite nord et qu'un cours d'eau provisoire est localisé au sein même du projet", met en avant l'étude d'impact.

Rappelant les risques liés à l'apport de matières terrigènes importantes sur le lagon et ses habitants et l'océan et les cétacés notamment, l'étude note que "de nombreux habitants de la commune dépendent de cet écosystème. De nombreuses activités de loisirs y sont également présentes. Sa gestion durable est par conséquent une priorité. L'impact de pollutions liquides et l'apport de sédiments au milieu marin sera notamment une composante importante du chantier qu'il conviendra de maîtriser au mieux".
Le projet est situé en zone d'aléa de mouvement de terrain moyen et fort. Pour suivre l'évolution des talus, Fenua environnement recommande de faire réaliser "par un bureau d'études spécialisé en géotechnique un diagnostic de l'état d'évolution des talus et du système de drainage". Ce diagnostic devrait être fait tous les deux ans.

Un million pour « compenser la perte d'habitat avifaune »

L'étude d'impact a étudié les espaces naturels de ce site. « Le site est situé à cheval sur des talwegs abritant une végétation type des basses vallées de Tahiti. En ce sens, les espèces y étant présentes sont communes et pour la majorité envahissantes », note l'étude d'impact. C'est là qu'on retrouve notamment des tulipiers du Gabon, des facaltas... « Cependant, le fond du talweg côté nord abrite des communautés végétales d'espèces d'intérêt (indigènes endémiques), notamment pour l'habitat qu'elles procurent. Deux espèces d'oiseaux endémiques et protégées (Ruro et Uupa, catégorie A – code de l'environnement) fréquentent cette formation végétale d'intérêt. Le lotissement contribuera indéniablement à la perte de cet habitat », précise l'étude d'impact.

Un courrier du gérant de la SNC Capoe, Thierry Barbion, au service de l'urbanisme en date du 17 juillet indique : « Nous prévoyons de former un référent de chantier (aux) exigences environnementales, afin que ce dernier puisse s'assurer du respect des préconisations émises. »

Dans cette lettre, Thierry Barbion précise qu'à « l'obtention du permis de lotir, la SNC Capoe s'est engagée à reverser une compensation à hauteur de 1 million de Fcfp à l'association Manu en compensation de la perte d'habitat pour l'avifaune présente sur site ».
Les experts ont aussi observé lors de l'étude la présence de trois plants de Meryta lanceolata, petit arbre endémique de la Société et considéré quasi menacé sur les listes rouges de l'Union internationale pour la conservation de la nature, et de la grande orchidée terrestre endémique de Polynésie française Calanthe triplicata, « qui semble relativement commune dans ce vallon ».

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 1 Aout 2018 à 17:00 | Lu 10656 fois