L’un des rares portraits de Cyrille Laplace que l’histoire officielle a eu tendance à oublier malgré le rôle qui fut le sien dans notre région.
A peu près à la même époque, la première moitié du XIXe siècle, deux grands noms de l’histoire française dans le Pacifique Sud s’illustrèrent : Dumont d’Urville et Dupetit-Thouars, ces deux fortes personnalités parvenant à presque totalement éclipser un marin d’exception, Cyrille Laplace auquel nous voulons rendre justice. Sans lui en effet, il n’y aurait peut-être ni église ni catholiques à Tahiti comme à Hawaii. Car les protestants d’alors, dominant dans la région, pratiquaient une véritable guerre de religion à l’encontre des « papistes », allant même jusqu’aux persécutions (emprisonnement et tortures) à Hawaii.
Au tout début des années 2000, le quotidien La Dépêche de Tahiti avait fait réaliser un sondage (par un institut officiel, selon une méthode scientifique) qui fit l’effet d’une bombe : à Tahiti, la première religion, celle qui comptait le plus de fidèles, n’était pas le protestantisme mais bien le catholicisme, une information qui bouscula bien des certitudes.
Le phénomène avait plusieurs causes : entre autres, la politisation extrême de l’Eglise évangélique locale, et la nécessité pour les fidèles de s’acquitter du « me », ni plus ni moins qu’un denier du culte forcé ; sans parler d’une affaire de détournements de fonds ayant abouti à ce que la malversation d’un haut dirigeant soit étouffée et que le responsable soit expédié quelques années en Suisse, le temps de se faire oublier…
Au tout début des années 2000, le quotidien La Dépêche de Tahiti avait fait réaliser un sondage (par un institut officiel, selon une méthode scientifique) qui fit l’effet d’une bombe : à Tahiti, la première religion, celle qui comptait le plus de fidèles, n’était pas le protestantisme mais bien le catholicisme, une information qui bouscula bien des certitudes.
Le phénomène avait plusieurs causes : entre autres, la politisation extrême de l’Eglise évangélique locale, et la nécessité pour les fidèles de s’acquitter du « me », ni plus ni moins qu’un denier du culte forcé ; sans parler d’une affaire de détournements de fonds ayant abouti à ce que la malversation d’un haut dirigeant soit étouffée et que le responsable soit expédié quelques années en Suisse, le temps de se faire oublier…
Premier tour du monde en 1830
Mais si le catholicisme se porte si bien aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à un homme aussi efficace que discret, Cyrille Laplace.
La naissance de Cyrille Pierre Théodore Laplace en faisait un marin prédestiné, puisqu’il vit le jour en mer le 7 novembre 1793, époque ô combien troublée pour la France. On ne sait que peu de choses de sa prime enfance, mais on le retrouve en mer alors qu’il a tout juste 16 ans ; il est enseigne en 1812, puis lieutenant de vaisseau en 1819 et capitaine de corvette en 1828. Parcours sans faute donc d’un officier irréprochable, à qui une mission d’importance est enfin confiée en 1830 alors qu’il est promu capitaine de corvette : il doit entreprendre un tour du monde d’ouest en est, en passant donc par l’océan Indien ; les Indes (alors anglaises, mais la France y dispose de comptoirs), l’Asie du Sud-Est (Paris y a des visées coloniales fortes), l’Australie (déjà anglaise) et la Nouvelle-Zélande (encore indépendante, mais sous tutelle britannique via la Nouvelle-Galles du Sud), puis, après une traversée du Pacifique, le Chili, le cap Horn et le retour en France. La mission, de 1830 à 1832, sur la corvette La Favorite, est un succès qui vaut à Laplace une nouvelle promotion, celle de capitaine de vaisseau en 1834.
La naissance de Cyrille Pierre Théodore Laplace en faisait un marin prédestiné, puisqu’il vit le jour en mer le 7 novembre 1793, époque ô combien troublée pour la France. On ne sait que peu de choses de sa prime enfance, mais on le retrouve en mer alors qu’il a tout juste 16 ans ; il est enseigne en 1812, puis lieutenant de vaisseau en 1819 et capitaine de corvette en 1828. Parcours sans faute donc d’un officier irréprochable, à qui une mission d’importance est enfin confiée en 1830 alors qu’il est promu capitaine de corvette : il doit entreprendre un tour du monde d’ouest en est, en passant donc par l’océan Indien ; les Indes (alors anglaises, mais la France y dispose de comptoirs), l’Asie du Sud-Est (Paris y a des visées coloniales fortes), l’Australie (déjà anglaise) et la Nouvelle-Zélande (encore indépendante, mais sous tutelle britannique via la Nouvelle-Galles du Sud), puis, après une traversée du Pacifique, le Chili, le cap Horn et le retour en France. La mission, de 1830 à 1832, sur la corvette La Favorite, est un succès qui vaut à Laplace une nouvelle promotion, celle de capitaine de vaisseau en 1834.
Les missionnaires en première ligne
La France, à cette époque, s’intéresse de manière « alternative » au Pacifique Sud. En fonction des régimes, Paris oscille entre l’indifférence et le plus grand intérêt. N’osant, en réalité, pas se mesurer frontalement aux Anglais, les Français laissent un peu en première ligne les missionnaires catholiques (Picpus ou Maristes) défricher le terrain.
Bien évidemment, si ceux-ci devaient se trouver victimes de mauvais traitements ou de discrimination, alors la France ferait valoir ses droits en assurant la protection de ses concitoyens, religieux ou commerçants.
Or des mauvais traitements, des affronts, des humiliations, les missionnaires catholiques en furent victimes à peu près à la même époque à Tahiti comme à Hawaii.
A Tahiti, les expulsions et autres menaces venaient des pasteurs méthodistes anglais ; à Hawaii, par l’intermédiaire du régent et du roi, les brimades venaient des missionnaires calvinistes américains. Pour les protestants d’alors, quelle que soit leur chapelle, pas question de faire montre de la moindre tolérance envers les catholiques ; la France se devait donc d’intervenir puisque ses concitoyens faisaient l’objet de maltraitance avérée.
En 1837, Cyrille Laplace reçoit l’ordre de repartir dans le Pacifique Sud par la même route que celle empruntée lors de son premier périple. Il met les voiles pour un périple de quasiment quatre années à bord d’une frégate, L’Artémise, construite en 1828, portant 52 canons et ayant à son bord 465 hommes d’équipage.
Une autre expédition française est en route, celle conduite par Dupetit-Thouars, qui cingle en direction du cap Horn ; Laplace, lui, repasse par le cap de Bonne Espérance. Ses consignes se bornent, au départ, à naviguer pour renforcer les positions commerciales de la France, ainsi qu’à multiplier les observations à caractère scientifique et maritime.
Bien évidemment, si ceux-ci devaient se trouver victimes de mauvais traitements ou de discrimination, alors la France ferait valoir ses droits en assurant la protection de ses concitoyens, religieux ou commerçants.
Or des mauvais traitements, des affronts, des humiliations, les missionnaires catholiques en furent victimes à peu près à la même époque à Tahiti comme à Hawaii.
A Tahiti, les expulsions et autres menaces venaient des pasteurs méthodistes anglais ; à Hawaii, par l’intermédiaire du régent et du roi, les brimades venaient des missionnaires calvinistes américains. Pour les protestants d’alors, quelle que soit leur chapelle, pas question de faire montre de la moindre tolérance envers les catholiques ; la France se devait donc d’intervenir puisque ses concitoyens faisaient l’objet de maltraitance avérée.
En 1837, Cyrille Laplace reçoit l’ordre de repartir dans le Pacifique Sud par la même route que celle empruntée lors de son premier périple. Il met les voiles pour un périple de quasiment quatre années à bord d’une frégate, L’Artémise, construite en 1828, portant 52 canons et ayant à son bord 465 hommes d’équipage.
Une autre expédition française est en route, celle conduite par Dupetit-Thouars, qui cingle en direction du cap Horn ; Laplace, lui, repasse par le cap de Bonne Espérance. Ses consignes se bornent, au départ, à naviguer pour renforcer les positions commerciales de la France, ainsi qu’à multiplier les observations à caractère scientifique et maritime.
Quasiment naufragé à Tahiti
En réalité, après avoir reçu les plaintes du consul de France à Tahiti concernant l’expulsion de prêtres catholiques, le ministre de la Marine enjoint Laplace, par un courrier reçu à Bombay, de recadrer la reine Pomare en exigeant « des réparations de l’insulte faite à la France en la personne de nos concitoyens et de ne quitter l’île qu’après y avoir laissé une impression durable de la grandeur et de la puissance de notre nation ».
Laplace est en escale à Sydney au mois de mars 1839. Il apprend, sur place, que son confrère Dupetit-Thouars a obtenu satisfaction ; il pense donc que son escale sera courte et juste protocolaire.
Malheureusement pour lui, en arrivant sur la côte est de Tahiti le 22 avril, L’Artémise éperonne le même récif que celui qui avait déjà piégé Boenechea en 1772. La voie d’eau est très importante, L’Artémise est à deux doigts de couler, mais finalement, elle parvient à Fare Ute où la frégate devra être couchée sur le côté pour être réparée.
Douze mètres de bois ont été arrachés, le travail durera plusieurs semaines.
Cet échouage est demeuré célèbre dans les annales de la marine française mais il a aussi une dimension autre que l’exploit technique : il permet d’embaucher de nombreux Tahitiens, un camp est établi à terre et les ouvriers comme les Tahitiennes, fraternisent très vite avec les marins du bord ; les Tahitiens, comme le Français, aiment la musique, le bon vin, la danse, la bonne chère, la fête, tout le contraire du régime digne des pires extrémistes que leur imposent les pasteurs anglais.
Laplace est en escale à Sydney au mois de mars 1839. Il apprend, sur place, que son confrère Dupetit-Thouars a obtenu satisfaction ; il pense donc que son escale sera courte et juste protocolaire.
Malheureusement pour lui, en arrivant sur la côte est de Tahiti le 22 avril, L’Artémise éperonne le même récif que celui qui avait déjà piégé Boenechea en 1772. La voie d’eau est très importante, L’Artémise est à deux doigts de couler, mais finalement, elle parvient à Fare Ute où la frégate devra être couchée sur le côté pour être réparée.
Douze mètres de bois ont été arrachés, le travail durera plusieurs semaines.
Cet échouage est demeuré célèbre dans les annales de la marine française mais il a aussi une dimension autre que l’exploit technique : il permet d’embaucher de nombreux Tahitiens, un camp est établi à terre et les ouvriers comme les Tahitiennes, fraternisent très vite avec les marins du bord ; les Tahitiens, comme le Français, aiment la musique, le bon vin, la danse, la bonne chère, la fête, tout le contraire du régime digne des pires extrémistes que leur imposent les pasteurs anglais.
La reine Pomaré jouant aux cartes en 1877, dut céder à Laplace et admettre que les catholiques n’étaient pas des pestiférés à Tahiti, au grand dam des protestants anglais, particulièrement intolérants à l’époque.
La reine Pomare cède
Même les religieux à bord, catholiques, se montrent très tolérants, un vrai bonheur pour les Tahitiens qui prennent l’habitude de venir chez les Français, y compris le dimanche après l’office protestant (où les pasteurs leur dépeignent l’enfer s’ils continuent à voir cet équipage de mécréants, menaces dont se moquent bien les Tahitiens). Mieux même, spontanément, ceux-ci ravitaillent l’équipage tandis que des couples mixtes se forment, de plus en plus nombreux, Tahitiennes et marins français. Bref, après des années de privations sous la férule des protestants obtus, un vent de liberté souffle enfin sur Tahiti, et cela grâce à la France !
Laplace et Moerenhout, le consul de France à Tahiti, s’entendent de leur côté très bien ; par bonheur, le patron de la mission protestante, le révérend Pritchard, est en tournée aux Marquises ; la reine Pomare IV, pas très décidée à faire face à de possibles plaintes des pasteurs, a courageusement disparu. Une fois de plus…
Les pasteurs sont exaspérés, presque autant que Laplace qui ne veut pas partir sans la rencontrer et mettre les points sur les « i ».
Si les relations franco-tahitiennes sont bonnes depuis le passage de Dupetit-Thouars, il n’en demeure pas moins qu’une loi, inspirée et ordonnée par Pritchard, interdit aux prêtres catholiques d’exercer leur ministère. Pour Laplace, cette loi doit être abrogée mais il se voit mal, en cas de refus de la reine, entamer un conflit avec cette population si accueillante ; le 20 juin 1839, la reine se décide à faire face à ses responsabilités.
Après une réunion de trois jours avec les chefs, majoritairement pro-français, Pomare IV ajoute une clause au traité signé avec Dupetit-Thouars précisant que « le libre exercice de la religion catholique est permis dans l’île de Tahiti et dans toutes les autres possessions de la reine Pomare. Les Français catholiques y jouiront de tous les privilèges accordés aux protestants… ».
Il n’est certes pas clairement dit que les missionnaires de l’ordre de Picpus peuvent s’installer, mais par cette escale haute en couleur, par la sympathie que les Tahitiens d’alors éprouvèrent envers les Français, le séjour de Laplace fut un pas décisif peu avant l’instauration du protectorat de la France, instauré par Dupetit-Thouars en août 1842.
Laplace et Moerenhout, le consul de France à Tahiti, s’entendent de leur côté très bien ; par bonheur, le patron de la mission protestante, le révérend Pritchard, est en tournée aux Marquises ; la reine Pomare IV, pas très décidée à faire face à de possibles plaintes des pasteurs, a courageusement disparu. Une fois de plus…
Les pasteurs sont exaspérés, presque autant que Laplace qui ne veut pas partir sans la rencontrer et mettre les points sur les « i ».
Si les relations franco-tahitiennes sont bonnes depuis le passage de Dupetit-Thouars, il n’en demeure pas moins qu’une loi, inspirée et ordonnée par Pritchard, interdit aux prêtres catholiques d’exercer leur ministère. Pour Laplace, cette loi doit être abrogée mais il se voit mal, en cas de refus de la reine, entamer un conflit avec cette population si accueillante ; le 20 juin 1839, la reine se décide à faire face à ses responsabilités.
Après une réunion de trois jours avec les chefs, majoritairement pro-français, Pomare IV ajoute une clause au traité signé avec Dupetit-Thouars précisant que « le libre exercice de la religion catholique est permis dans l’île de Tahiti et dans toutes les autres possessions de la reine Pomare. Les Français catholiques y jouiront de tous les privilèges accordés aux protestants… ».
Il n’est certes pas clairement dit que les missionnaires de l’ordre de Picpus peuvent s’installer, mais par cette escale haute en couleur, par la sympathie que les Tahitiens d’alors éprouvèrent envers les Français, le séjour de Laplace fut un pas décisif peu avant l’instauration du protectorat de la France, instauré par Dupetit-Thouars en août 1842.
Kamehameha III ne fit pas la forte tête longtemps face à Laplace ; en vingt-quatre heures, le capitaine français remit les pendules à l’heure aux îles Hawaii où les missionnaires catholiques purent s’installer, là encore malgré les protestants américains.
Une « inquisition » à l’américaine
L’Artémise met ensuite le cap sur Hawaii ; la frégate est réparée, elle tient parfaitement la mer et sa coque ne prend pas une goutte d’eau. Le 9 juillet 1939, les Français parviennent à Honolulu. La situation des catholiques est désastreuse ; les missionnaires ont fait plusieurs tentatives d’installation, ont pu convertir des indigènes, mais ont plusieurs fois été expulsés sans ménagement.
Pire, les missionnaires américains avaient établi une stricte théocratie aussi obscurantiste que celle des pasteurs protestants à Tahiti et ils avaient poussé la régence à faire abdiquer les catholiques, en les emprisonnant et en allant jusqu’à les torturer ; une « inquisition » américaine en plein XIXe siècle…
Dupetit-Thouars était pourtant passé à Hawaii un peu avant Laplace à bord de La Vénus et avait obtenu le 24 juillet 1937 que les Français puissent circuler normalement à Hawaii, avec les mêmes droits que les Américains.
Jules Dudoit, un propriétaire foncier français fut même nommé consul provisoire sur place, en charge de veiller au respect de cet accord.
Las ! A peine Dupetit-Thouars avait-il tourné le dos que dès novembre 1837 les autorités hawaïennes interdisaient au père Maigret de débarquer ; plus étonnant encore, le 18 novembre 1837, poussé par les pasteurs américains, le roi promulguait une ordonnance déclarant hors la loi la religion catholique.
Laplace avait carte blanche et ne voulait plus perdre de temps face à cette provocation inadmissible.
Pire, les missionnaires américains avaient établi une stricte théocratie aussi obscurantiste que celle des pasteurs protestants à Tahiti et ils avaient poussé la régence à faire abdiquer les catholiques, en les emprisonnant et en allant jusqu’à les torturer ; une « inquisition » américaine en plein XIXe siècle…
Dupetit-Thouars était pourtant passé à Hawaii un peu avant Laplace à bord de La Vénus et avait obtenu le 24 juillet 1937 que les Français puissent circuler normalement à Hawaii, avec les mêmes droits que les Américains.
Jules Dudoit, un propriétaire foncier français fut même nommé consul provisoire sur place, en charge de veiller au respect de cet accord.
Las ! A peine Dupetit-Thouars avait-il tourné le dos que dès novembre 1837 les autorités hawaïennes interdisaient au père Maigret de débarquer ; plus étonnant encore, le 18 novembre 1837, poussé par les pasteurs américains, le roi promulguait une ordonnance déclarant hors la loi la religion catholique.
Laplace avait carte blanche et ne voulait plus perdre de temps face à cette provocation inadmissible.
Le haut fait d’armes de Laplace a, incontestablement, été de sauver son bateau, L’Artémise, grâce à un échouage comme on n’en avait encore jamais vu à Motu Uta.
Un ultimatum ou la guerre
Dès son arrivée, après avoir consulté le consul Dudoit, il expédiait au roi un ultimatum dans lequel il déclarait que si la France respectait l’indépendance du royaume de Hawaii, elle ne le ferait qu’à un certain nombre de conditions :
- la liberté de culte pour la religion catholique, à égalité avec les protestants ;
- l’octroi par le gouvernement d’un terrain à Honolulu pour l’établissement d’une église catholique où des prêtres français pourraient exercer leur ministère ;
- la libération de tous les catholiques emprisonnés pour fait de religion ;
- le versement d’une caution de vingt mille dollars ;
- le salut au drapeau français par vingt et un coups de canons.
En cas de refus, Laplace se considérerait comme en guerre.
Face à ce Français déterminé, plus encore que Dupetit-Thouars, les Hawaiiens cédèrent immédiatement ; le dimanche suivant, Laplace fit défiler cent-vingt fusiliers matins et soixante marins pour aller assister à une messe militaire dans une des résidences royales.
Poussant le bouchon un peu plus loin et soucieux de défendre les intérêts commerciaux et financiers de la France, Laplace imposa, le 17 juillet la signature d’un traité en faveur des Français.
Le roi Kamehameha avait senti le vent du boulet et ne revint jamais sur cette liberté de culte dans son royaume. La mission catholique put enfin se développer, même si les pasteurs américains firent tout leur possible pour empoisonner l’existence de ces missionnaires honnis.
Le 15 mai 1840, Monseigneur Rouchouze, évêque de Nilopolis et ayant à sa charge l’Océanie orientale, se rendit à Honolulu en personne pour y installer trois prêtres, épaulés dès novembre par six autres. Fin 1840, on comptait plus de deux mille catholiques baptisés sur la seule île de Oahu. En août 1843 la cathédrale de Honolulu, dédiée à Notre-Dame de la Paix, était achevée, le père Maigret devenant l’évêque de l’archipel de Hawaii en 1846.
De retour en France en 1840, Cyrille Laplace vit son travail reconnu ; le 12 juillet 1841, il devient vice-amiral commandant la division des Antilles entre 1844 et 1847. Il est ensuite nommé préfet maritime à Rochefort en 1848 puis à Brest en 1855.
Le 11 juin 1853, il avait été promu vice-amiral.
Officier de la Légion d’honneur en 1933, il en devint Commandeur en 1845 et Grand officier en 1851. Il termina sa vie en tant que président de la Société de géographie et décèdera le 23 janvier 1875, à Brest, âgé de 81 ans.
Daniel Pardon
- la liberté de culte pour la religion catholique, à égalité avec les protestants ;
- l’octroi par le gouvernement d’un terrain à Honolulu pour l’établissement d’une église catholique où des prêtres français pourraient exercer leur ministère ;
- la libération de tous les catholiques emprisonnés pour fait de religion ;
- le versement d’une caution de vingt mille dollars ;
- le salut au drapeau français par vingt et un coups de canons.
En cas de refus, Laplace se considérerait comme en guerre.
Face à ce Français déterminé, plus encore que Dupetit-Thouars, les Hawaiiens cédèrent immédiatement ; le dimanche suivant, Laplace fit défiler cent-vingt fusiliers matins et soixante marins pour aller assister à une messe militaire dans une des résidences royales.
Poussant le bouchon un peu plus loin et soucieux de défendre les intérêts commerciaux et financiers de la France, Laplace imposa, le 17 juillet la signature d’un traité en faveur des Français.
Le roi Kamehameha avait senti le vent du boulet et ne revint jamais sur cette liberté de culte dans son royaume. La mission catholique put enfin se développer, même si les pasteurs américains firent tout leur possible pour empoisonner l’existence de ces missionnaires honnis.
Le 15 mai 1840, Monseigneur Rouchouze, évêque de Nilopolis et ayant à sa charge l’Océanie orientale, se rendit à Honolulu en personne pour y installer trois prêtres, épaulés dès novembre par six autres. Fin 1840, on comptait plus de deux mille catholiques baptisés sur la seule île de Oahu. En août 1843 la cathédrale de Honolulu, dédiée à Notre-Dame de la Paix, était achevée, le père Maigret devenant l’évêque de l’archipel de Hawaii en 1846.
De retour en France en 1840, Cyrille Laplace vit son travail reconnu ; le 12 juillet 1841, il devient vice-amiral commandant la division des Antilles entre 1844 et 1847. Il est ensuite nommé préfet maritime à Rochefort en 1848 puis à Brest en 1855.
Le 11 juin 1853, il avait été promu vice-amiral.
Officier de la Légion d’honneur en 1933, il en devint Commandeur en 1845 et Grand officier en 1851. Il termina sa vie en tant que président de la Société de géographie et décèdera le 23 janvier 1875, à Brest, âgé de 81 ans.
Daniel Pardon
L’exemplarité de l’échouage du bateau de Laplace à Tahiti lui vaut de figurer au musée national de la marine sous la forme d’une maquette.
Un triplé de grands navigateurs
Aristide Aubert Dupetit-Thouars avait cru régler le problème de la présence des catholiques à Tahiti, mais c’était sans compter sur l’acharnement des protestants anglais pour qui cette région était une chasse gardée.
Si Cyrille Laplace a été quelque peu oublié de l’histoire, c’est sans doute parce que son voyage à Tahiti et à Hawaii, malgré la destinée peu banale de son navire L’Artémise, sauvé du naufrage et spectaculairement réparé à Motu Uta, fut quelque peu éclipsé par ceux de deux autres grands marins français qui sillonnèrent nos eaux à la même époque.
Cyrille Laplace, à nos yeux, n’a pourtant pas mérité cette zone d’ombre qui entoure son travail en Océanie, un travail discret, mais qui contribua à changer l’histoire de cette région du monde.
- Abel Aubert Dupetit-Thouars (1793- 1864) : il intervint en 1837 à Hawaii en faveur des missionnaires français (en vain nous l’avons vu), puis aux Marquises le temps d’y déposer deux prêtres, avant d’arriver à Tahiti le 29 août 1838 ; il obtint de la reine Pomare IV des excuses après l’expulsion de deux missionnaires catholiques (Laval et Caret) et signa un accord de coopération entre la France et Tahiti. Il quitta Tahiti le 17 septembre (après y avoir rencontré Dumont d’Urville). Promu contre-amiral, il quitta la France le 20 décembre 1841 pour prendre possession des îles Marquises, en accord avec le roi Iotete, le 1er mai 1842. Il arriva à Papeete le 27 août 1842 pour remettre de l’ordre dans les relations franco-tahitiennes et établir un protectorat. Mal conseillée par Pritchard, la reine ne jouait pas le jeu. Dupetit-Thouars revint une troisième fois à Tahiti le 1er novembre 1843 furieux contre Pomare IV et prit purement et simplement possession de son royaume le 6 novembre 1843. Bruat fut nommé premier gouverneur du territoire. Le contre-amiral, après son coup de force, quitta Tahiti le 10 novembre, « mission accomplie ». Le 29 juin 1880, Pomare V fit don de ses Etats à la France.
- Jules Sébastien Dumont d’Urville (1790-1842) : Polytechnicien, il effectua trois grands voyages dans le Pacifique. D’abord comme lieutenant de vaisseau sur La Coquille, puis comme capitaine de frégate sur L’Astrolabe (à la recherche de l’expédition de La Pérouse) et enfin comme commandant d’une mission d’exploration à bord de L’Astrolabe et de La Zélée. Il séjourna en Polynésie française en août et septembre 1838, aux Gambier, aux Marquises, aux Tuamotu et à Tahiti. Il mourut dans le premier grand accident de chemin de fer en France, le 8 mai 1842.
Cyrille Laplace, à nos yeux, n’a pourtant pas mérité cette zone d’ombre qui entoure son travail en Océanie, un travail discret, mais qui contribua à changer l’histoire de cette région du monde.
- Abel Aubert Dupetit-Thouars (1793- 1864) : il intervint en 1837 à Hawaii en faveur des missionnaires français (en vain nous l’avons vu), puis aux Marquises le temps d’y déposer deux prêtres, avant d’arriver à Tahiti le 29 août 1838 ; il obtint de la reine Pomare IV des excuses après l’expulsion de deux missionnaires catholiques (Laval et Caret) et signa un accord de coopération entre la France et Tahiti. Il quitta Tahiti le 17 septembre (après y avoir rencontré Dumont d’Urville). Promu contre-amiral, il quitta la France le 20 décembre 1841 pour prendre possession des îles Marquises, en accord avec le roi Iotete, le 1er mai 1842. Il arriva à Papeete le 27 août 1842 pour remettre de l’ordre dans les relations franco-tahitiennes et établir un protectorat. Mal conseillée par Pritchard, la reine ne jouait pas le jeu. Dupetit-Thouars revint une troisième fois à Tahiti le 1er novembre 1843 furieux contre Pomare IV et prit purement et simplement possession de son royaume le 6 novembre 1843. Bruat fut nommé premier gouverneur du territoire. Le contre-amiral, après son coup de force, quitta Tahiti le 10 novembre, « mission accomplie ». Le 29 juin 1880, Pomare V fit don de ses Etats à la France.
- Jules Sébastien Dumont d’Urville (1790-1842) : Polytechnicien, il effectua trois grands voyages dans le Pacifique. D’abord comme lieutenant de vaisseau sur La Coquille, puis comme capitaine de frégate sur L’Astrolabe (à la recherche de l’expédition de La Pérouse) et enfin comme commandant d’une mission d’exploration à bord de L’Astrolabe et de La Zélée. Il séjourna en Polynésie française en août et septembre 1838, aux Gambier, aux Marquises, aux Tuamotu et à Tahiti. Il mourut dans le premier grand accident de chemin de fer en France, le 8 mai 1842.