18 mois de sursis pour avoir enlevé son ex


Tahiti, le 5 décembre 2023 - Il était poursuivi pour enlèvement et séquestration pendant trois heures son ex-petite amie dans sa voiture en juin dernier. Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete l'a condamné à 18 mois de prison avec sursis.

C'est une affaire d'enlèvement et de séquestration qui a été jugée ce mardi au tribunal correctionnel de Papeete. Les faits se sont déroulés en juin dernier, la victime ayant porté plainte en octobre, elle n'a pas été en mesure de se remémorer la date exacte. Ce jour-là, elle reçoit la visite inopinée de son ex-conjoint, dont elle essaie tant bien que mal de se séparer depuis plusieurs mois. Ils sont officiellement séparés depuis avril, mais le prévenu continue de la contacter inlassablement.
 
Si d'ordinaire, les violences sont plus ou moins exclues, cette fois-ci, les événements vont prendre une tournure bien plus effrayante. En effet, l'homme de 27 ans, las des rejets de son ex-petite amie, la saisit violemment par la taille devant les locaux de son travail à Papeete et en pleine rue. La présidente du tribunal a révélé, lors de l'audience, que le prévenu a ensuite entourée son ex par la taille, l’a soulevée et jetée de force dans sa voiture. Plusieurs témoins assisteront à la scène. Choquée mais alerte et déterminée à s'échapper, la victime tente à plusieurs reprises de se libérer de son agresseur en essayant de sortir de la voiture déjà en mouvement. “Vous vous êtes alors montré menaçant en lui disant ‘tu n'as plus intérêt à sortir, tu restes là’”, a précisé la présidente du tribunal.
 
S'ensuivent trois longues heures de séquestration, au cours desquelles le prévenu conduit de force la victime à travers les hauteurs de Papeete. “Il roulait vite pour me faire peur et m'empêcher de sortir”, confiera-t-elle aux enquêteurs. Ce n'est qu'après ces longues heures d'effroi que l'homme de 27 ans laisse enfin son ex-conjointe devant la maison de ses parents. En octobre, plusieurs mois plus tard, elle dépose plainte. “Je ne voulais pas l'accabler”, expliquera-t-elle aux enquêteurs quant à la raison pour laquelle elle n’est pas allée plus tôt à la gendarmerie. En effet, elle avait déjà porté plainte contre lui quelques mois auparavant.
 
Un enlèvement “manu militari”
 
À la barre, ce mardi, le prévenu n’a pas nié pas les faits. “Je voulais juste avoir une discussion avec elle”, a-t-il déclaré lorsque la présidente l’a questionné sur les raisons de son acte. A contrario, l'homme de 27 ans s’est contenté de sourire lorsqu’il lui a été demandé “s'il sait pourquoi il a réagi comme ça”. Lors de son réquisitoire, la procureure de la République s’est montrée intraitable. “C'est le paroxysme de l'appropriation de la victime. Elle n'est plus un sujet, mais un objet qui nous appartient, et quand elle se révolte, on la jette dans la voiture (...). Il n'y a pas d'ambiguïté, elle s'est fait enlever manu militari par quelqu'un dont elle essaie de se séparer depuis des mois”, a-t-elle fustigé.
 
L'avocate de la défense, elle, a estimé qu'il y avait “une autre façon de voir les faits”. “Il voulait juste avoir des explications (...). Il n'aurait jamais dû faire ça, c'est vrai, mais de là à le faire passer pour un être horrible et monstrueux, non”. La procureure a requis 18 mois de prison, dont six mois assortis d'un sursis probatoire. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné l'homme de 27 ans à 18 mois d'emprisonnement avec sursis. Une obligation de suivre un travail ou une formation, ainsi qu'une interdiction d'approcher la victime ont aussi été prononcées. Le prévenu devra également suivre un stage sur les violences conjugales et devra indemniser la victime à hauteur de 150 000 francs au titre du préjudice moral.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 5 Décembre 2023 à 13:14 | Lu 2671 fois