18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme infidèle


PAPEETE, le 22 février 2019 - L'homme accusé d'avoir tué sa campagne enceinte de son amant de cinq coups de couteaux en juillet 2017 à Paea, a été condamné ce vendredi à 18 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises. L'avocat général avait requis pour sa part 30 ans de réclusion. 

"Un acte sauvage, qui plus est commis devant deux de leurs trois enfants", s'est exclamé José Thorel, l'avocat général. D'ailleurs l'audition de l'un des enfants, qui était âgé de 12 ans au moment du drame, a été diffusée pendant le procès. Ce dernier expliquait alors aux enquêteurs de la gendarmerie avoir tenté d'arrêter son père. "Je l'ai vu sur maman. Je pensais qu'ils étaient en train de jouer. Mais quand j'ai vu le couteau dans les mains de papa, j'ai tapé sa main pour qu'il le lâche." Le petit garçon avoue également lors de son audition que son père lui avait dit quelques jours avant le drame qu'il "allait piquer maman."


Acharnement sur la victime

"Il avait décidé que sa femme ne devait plus vivre", a indiqué Me Toudji, conseil de la victime. Avant d'ajouter, "oui elle lui était infidèle. Méritait-elle de mourir pour autant ? Privant ainsi ses enfants de leur mère et de leur père par la même occasion." L'avocate a insisté par ailleurs sur "l'acharnement" de l'accusé lors du passage à l'acte. "La lame du couteau dont il s'est servi faisait 20 cm. Le médecin légiste indique dans son rapport d'autopsie que la profondeur d'une plaie était de 17 cm. L'expert psychiatre a parlé d'une débilité moyenne. Mais quand il a porté cinq coups de couteau dans sa femme il savait parfaitement ce qu'il faisait."
 

José Thorel affirme de son côté n'avoir "aucun doute sur la volonté de l'accusé de vouloir tuer" la victime. Puis de poursuivre, "sa belle-famille dépeint le portrait d'une personne qui s'emporte facilement lorsqu'on le cherche." Le représentant du ministère explique néanmoins qu'il considérait "les troubles psychiques" de l'accusé qui, "n'avait pas un discernement correct au moment des faits". Avant de requérir 30 ans de réclusion criminelle.
 

"Une peine déraisonnable", a estimé Me Jourdainne, l'avocat de l'accusé. Le conseil s'est ensuite attaché à décrire le parcours chaotique de son client. Abandonné par une mère qui ne voulait pas de lui à cause de son handicap. Puis placé et maltraité dans une famille d'accueil qu'il fuit, avant de trouver des parents fa'amu qui vont finalement commencer à l'éduquer. Me Jourdainne indique aussi les difficultés qu'il a rencontré avec son client qui s'est "prostré dans le silence depuis les faits. Il est également totalement anéanti et vidé après cet acte. Lui aussi a perdu une partie de son être après la mort de la seule femme qu'il ait jamais aimé."
 

Invité à prendre la parole avant que la cour ne se retire pour délibérer, l'accusé s'est adressé à ses enfants en les invitant à venir lui rendre visite en prison.
 

Et après en avoir délibéré les jurés de la cour d'assises se sont montrés plus clément que les réquisitions de l'avocat général en condamnant l'accusé à 18 ans de réclusion criminelle. Il a désormais dix jours pour faire appel de cette décision.


Rédigé par Désiré Teivao le Vendredi 22 Février 2019 à 18:22 | Lu 1881 fois