16 mois après la visite de Macron, le RSMA inauguré à Hao


Tahiti, le 26 octobre 2022 – Le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, a inauguré mercredi la 4ecompagnie de formation professionnelle du Régiment du service militaire adapté de Polynésie française à Hao annoncé par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, lors de sa visite en juillet 2021. 17 stagiaires y sont déjà formés depuis le mois de septembre dans deux filières : la restauration et l'agriculture en région chaude. 
 
Annoncé en juillet 2021 par le président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite en Polynésie, la 4e compagnie de formation professionnelle du Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Polynésie française a été inaugurée mercredi après-midi par le haut-commissaire de la République, Éric Spitz. Accompagné, notamment, par la ministre du travail, Virginie Bruant, et le commandant des forces armées, le contre-amiral Geoffroy d'Andigné, le représentant de l'État a été reçu par la tāvana de Hao, Yseult Butcher et par une partie des 1 300 habitants que compte l'atoll.
 
Depuis le mois de septembre, 17 stagiaires sont déjà formés dans cette compagnie. Tel que l'explique le commandant de la compagnie de formation du régiment de Hao, le capitaine Malatier, ces stagiaires bénéficient d'une filière “multi-techniques” : “Deux filières leur sont proposées : une filière Agent polyvalent de restauration où les stagiaires apprennent à cuisiner en restauration collective et une filière Agriculture en région chaude où l'on se sert d'un grand espace de travail. Il y a une serre où ils apprennent la culture traditionnelle des Tuamotu et sont sensibilisés au manque d'eau douce.”

Retrouver une vie normale

Avant la fin de l'année, les stagiaires du RSMA de Hao devraient également recevoir une serre de vanille. “Nous voulons aussi que les jeunes se familiarisent avec l'apiculture et avec le bouturage de corail”, précise le capitaine Malatier pour lequel cette formation permet à des jeunes ayant, pour certains, eu un parcours “difficile” de “retrouver une vie normale” et de “reprendre confiance en les adultes”.
 
Rappelons que lors de sa visite en juillet 2021, le président de la République avait proposé la création de cette compagnie en enterrant le projet de ferme aquacole annoncé par l'investisseur chinois Wang Cheng. Emmanuel Macron avait alors déclaré : “Ce projet, la ferme aquacole, n'a pas de création d'emplois documentée, a des investisseurs douteux et a fait l'objet de beaucoup de réserve sur la nature des financements. Je préfère que l'on déploie une nouvelle unité du RSMA plutôt qu'on aille embrasser des projets sans lendemain où peut-être quelques-uns feront beaucoup d'argent pour de mauvaises raisons.”

​"Nous avons un devoir vis-à-vis de cet atoll"

Éric Spitz, haut-commissaire de la République
 
L'implantation de ce RSMA aux Tuamotu s'inscrit dans le programme de réhabilitation entrepris par Emmanuel Macron ?

“Oui, c'est dans un programme global. Emmanuel Macron l'avait promis en juillet 2021 et moins de 16 mois plus tard, c'est fait. Il y a maintenant une vingtaine de stagiaires du RSMA qui sont présents ici et qui s'initient aux métiers de l'écotourisme ou de l'agriculture dans les pays chauds.”
 
Quelles sont les autres étapes de ce programme de réhabilitation?

“Il y a eu une réunion mardi pour fixer un plan de réhabilitation des terrains. J'en dirai davantage dans les prochains jours mais il faut savoir qu'il y a dix zones à dépolluer et il y en a deux, voire quatre, qui se sont dépolluées par elles-mêmes. C'est la nature qui a fait son œuvre. Par ailleurs, il y a des projets d'implantations destinés à un meilleur accueil des touristes et notamment des voiliers et pourquoi pas du carrainage pour les navires. On parle aussi de photovoltaïque.”
 
Que retenez-vous des échanges que vous avez eus avec ces stagiaires?

“La majorité des stagiaires ont le sentiment d'avoir une deuxième chance unique à ne surtout pas louper. C'est la raison pour laquelle malgré la dureté de la formation militaire, 88% d'entre eux va jusqu'au bout de leur formation et quatre stagiaires sur cinq trouvent du travail à l'issue alors même qu'en rentrant au RSMA, ils avaient parfois des difficultés à lire ou à écrire. C'est vraiment un très beau succès.”
 
Pourquoi l'État a-t-il choisi Hao pour implanter ce RSMA?

“L'archipel des Tuamotu-Gambier était le seul archipel à ne pas avoir de RSMA et Hao reste un symbole car il a été la base arrière de l'armée française et nous avons un devoir vis-à-vis de cet atoll de le renforcer économiquement et de le faire vivre”.
 
Concernant le projet de ferme aquacole à Hao, où en est-on?

“En ce qui concerne l'annonce d'investissement pour ce projet qui remonte maintenant à dix ans, il y a un certain nombre d'autorisations administratives qui ont été données par le Pays dont il me semble qu'elles sont maintenant dépassées. Le président de la République n'a pas caché sa réserve par rapport à cet investissement qui semble aujourd'hui derrière nous.”
 

“On sait que l'État est là”

Yseult Butcher-Ferry, tāvana de Hao
 
Que représente l'implantation du RSMA pour les Tuamotu ?

“C'est une perspective, cela ouvre des portes à nos jeunes. Beaucoup d'entre eux sortent de l'école sans rien. Ils reviennent chez eux mais au niveau de la commune, je ne peux pas leur trouver du travail. Ils seront formés et iront à Tahiti. Cela leur donne une vision beaucoup plus large car il faut savoir que beaucoup de jeunes partent à l'armée et continuent car cela leur plaît.”
 
Lors de votre discours aujourd'hui, vous avez souligné l'importance de faire part de la transition écologique.

“En effet, cela est très important pour moi qui vit aux Tuamotu. On entend beaucoup les scientifiques parler du réchauffement climatique et avec le Covid, nous avons réalisé à quel point nous dépendions ici des énergies fossiles. Il faut donc aller plus loin.”
 
Ce projet a été mené à terme très rapidement. Cela vous a-t-il surprise?

“Effectivement, lorsqu'il est venu ici, nous avions déjà tous été surpris car il a eu des mots forts aussi bien sur les investisseurs douteux que sur le fait d'apporter un petit souffle à Hao. Et là, les choses se sont faites très rapidement. Je suis très confiante car je sais que l'État est là. Je rappelle que Hao était une base arrière de Moruroa et ils sont partis du jour au lendemain. C'est pour cela que j'avais demandé au président de faire quelque chose pour notre atoll.”
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 26 Octobre 2022 à 20:30 | Lu 893 fois