13 candidats pour les législatives anticipées


Douze des treize candidats aux prochaines élections législatives anticipées.
Tahiti, le 16 juin 2024 - Après l’annonce dimanche dernier par le président de la République de la dissolution de l’Assemblée nationale, les appareils politiques locaux ont donné leurs candidats. Treize dossiers ont été enregistrés. Place maintenant à leur validation par le haut-commissariat, et à la campagne.

Dès lundi dernier, les autonomistes convenaient d’un axe, l’union, pour tenter de ne pas répéter les erreurs des législatives 2022 et perdre à nouveau les trois circonscriptions. Mais sous quel angle ? Et avec qui ? 

Finalement, vendredi, un accord était signé, au grand désarroi de Lana Tetuanui qui voulait voir sa fille concourir dans la troisième circonscription. 

Cet accord, qui lie Édouard Fritch, Nicole Sanquer, Gaston Flosse, Teva Rohfritsch et Charles Fong Loi pour Taatira no te hau, a été concrétisé dimanche par le dépôt des candidatures au haut-commissariat. Plus de rouge, vert, orange, bleu ou jaune. C’est le rose qui a été retenu pour la campagne. 

Le document précise que l’ensemble des signataires “s’accorde sur une profession de foi unique à l’ensemble des circonscriptions”. Ils s’accordent aussi sur une “dénomination unique”. 

Moerani Frébault est le candidat sur la première circonscription avec comme suppléant Temarama Varney qui vient de A here ia Porinetia (Ahip). Pour la deuxième, Nicole Sanquer (Ahip) sera en binôme avec Artigas Hatitio du Tapura Huiraatira. Et enfin, sur la troisième circonscription, c’est Pascale Haiti-Flosse au titre du Amuitahira’a qui sera candidate avec comme suppléante Tiare Pothier-Bonardi, issue des rangs de Ia ora te nuna’a de Teva Rohfritsch. 

Naumi Mihuraa, en cavalier seul

Échaudée par l’arrivée d’un ‘‘fils de’’ (Moerani Frébault), ‘‘d’une femme de’’ (Pascale Haiti) au détriment de sa propre ‘‘fille de’’ (Naumi Mihuraa), la sénatrice et représentante à l'assemblée de la Polynésie française, Lana Tetuanui, a démissionné du Tapura huiraatira dès vendredi. Elle a envoyé son courrier de démission sans en expliquer les raisons.

Contactée par Tahiti Infos, Lana Tetuanui confirmait avoir envoyé son courrier de démission mais disait "attendre l'accusé de réception" du parti. Si elle n'expose pas les raisons de son départ dans son courrier, elle a expliqué que l'argument de filiation que le Tapura lui a opposé pour écarter sa fille était tout aussi valable pour le fils de Joëlle Frébault. Par ailleurs, Lana Tetuanui fustige la candidature de Pascale Haiti sur la troisième circonscription.

Elle a également démissionné du groupe Tapura à l'assemblée.

Le lendemain, c’est sur les réseaux sociaux qu’elle annonçait l’inscription de sa fille comme candidate dans la troisième circonscription. Naumi Mihuraa, accompagnée de Pari Oito, connu pour son action dans l’arbitrage du football polynésien, sera donc face à une potentielle inéligible, Pascale Haiti-Flosse, Mereana Reid-Arbelot qui est cette fois-ci titulaire, et le Vert Tati Salmon, dans une troisième circonscription qui peut réserver des surprises. Dimanche, à quelques heures de la clôture des dépôts des candidatures, Naumi Mihuraa finissait de réunir les documents lui permettant de se présenter.

De son côté, le représentant du Rassemblement national, Éric Minardi, qui finalement lance son mouvement dans la bataille, n’excluait pas d’apporter son soutien à la candidature de la jeune femme des Raromatai dans la circonscription 3 si cette dernière s’engageait à siéger sur les bancs du Rassemblement national en cas de victoire.

Enfin, une dernière candidature, assez peu sérieuse, de Jules Tara, un total inconnu, dans la deuxième circonscription a été déposée dimanche dans la journée.

Le RN y va quand même

En dernière heure dimanche, Éric Minardi, le représentant du Rassemblement national en Polynésie française, a, sous l’impulsion de sa base au Fenua, présenté des candidats dans les première et deuxième circonscriptions. La veille encore pourtant, il appelait de ses vœux à l’abstention sur ce scrutin.

James Heaux, un jour Tahoera’a, un jour Tavini, saute le pas du RN pour tenter sa première candidature sous ses nouvelles couleurs. Il sera secondé par Gina Kautai, maire déléguée de Pao Pao à Moorea. Tutu Tetuanui, ancien promoteur du projet de pêcherie aux Marquises, sera quant à lui sur la circonscription 2 avec Laiza Pautehea, professeure en arts plastiques, artiste plasticienne et présidente du collectif Te Hono Tia’au.

Ces candidatures surprises vont pouvoir tenter de s’immiscer entre les déçus des divers camps, autonomistes et indépendantistes. Heiura-Les verts de Jacky Bryant pourrait aussi être un curseur entre les blocs. Les verts s’aligneront avec Jacky Bryant, sur la première circonscription, avec Roroarii Niva, Jules Hauta sera en binôme avec Léontine Gatata sur la deuxième, et Jessy Tupea, en tant que suppléante de Tati Salmon sur la troisième.

Au Tavini, on reprend les mêmes

Les députés sortants Tematai Le Gayic et Steve Chailloux, candidats à leur propre succession, en compagnie de Tevahitua Bordes, suppléant sur la deuxième circonscription.
Vendredi soir, quelques heures après que les autonomistes ont signé leur accord, le Tavini a présenté ses candidats pour ces élections anticipées. Sans surprises, ou presque, les députés sortant se représentent tous dans leurs circonscriptions : Tematai Le Gayic sur la première, Steve Chailloux sur la deuxième et Mereana Reid-Arbelot sur la troisième.

Ce sont donc bien “les meilleurs candidats”, comme l’avait affirmé Moetai Brotherson, que l’on retrouvera pour ces élections dans le camp indépendantiste. Après avoir remporté les trois sièges de députés en 2022, dont un déjà acquis en 2017 par Moetai Brotherson, le Tavini fait le pari de présenter les mêmes candidats pour le scrutin de ces législatives anticipées dont le premier tour se déroulera dans 15 petits jours.

C’est au QG du parti, à Tavararo, devant les militants et la presse que l’annonce officielle a été faite par le président du parti, Oscar Temaru, entouré des candidats bien sûr, mais aussi du président du Pays Moetai Brotherson, et du président de l’assemblée, également vice-président du Tavini, Antony Géros.

Tematai Le Gayic sur la première circonscription aura Rahiti Buchin comme suppléant. Steve Chailloux, pas vraiment emballé à repartir en campagne, sera accompagné d’un nouveau suppléant, Tevahitua Bordes, novice en politique mais au Tavini “depuis petit”.  Âgé de 25 ans et encore étudiant, c’est “une éponge” qui “apprend vite”, dit-il.

Enfin, c’est un duo de femmes sur la troisième circonscription – comme chez les autonomistes d’ailleurs – avec Mereana Reid-Arbelot qui veut “poursuivre le travail” qu’elle a commencé à Paris, et qui sera donc en binôme avec Vannina Crolas.

Tous les trois estiment qu’il est difficile de “faire quelque chose d’abouti en deux ans” et qu’il était donc logique et normal qu’ils se présentent à nouveau à la sanction des électeurs polynésiens pour les trois ans de mandat qui restent.

Bertrand Prévost avec Stéphanie Delorme

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 17 Juin 2024 à 07:26 | Lu 5824 fois