100 jours : Tapura et AHIP sur la même longueur d'ondes


Tahiti, le 25 août 2023 - Au lendemain du rendez-vous du président du Pays avec les Polynésiens pour répondre à leurs questions à l'occasion du bilan des 100 jours de son gouvernement, Edouard Fritch et Nicole Sanquer ont réagi au micro de Tahiti Infos. Ils se rejoignent sur le fond comme sur la forme. Tous les deux "déçus,", ils estiment que Moetai Brotherson est certes un "très bon communicant" mais que cela manque de "matière". Réactions.
 
Edouard Fritch : "J'ai regardé mais j'ai décroché rapidement"

Qu'avez-vous pensé de ce second rendez-vous du président Brotherson face aux Polynésiens à l'occasion du bilan des 100 jours ?

"J'ai regardé, mais j'ai décroché assez rapidement. Cette deuxième édition devait compléter la première. Donc tout le monde est resté sur sa faim puisque compte tenu du court délai, 100 jours c'est court, plusieurs d'entre nous attendions les orientations, les objectifs, une feuille de route qui nous donne un cap et qui montre que le gouvernement qui se dit être prêt avant les élections vienne dérouler maintenant. On a vu jeudi soir à la télé quelqu'un qui confirme l'impréparation et une espèce d'improvisation. Le président n'est manifestement pas prêt à répondre aux urgences de son programme qui a été dévoilé à la population. Sur le coût de la vie, je n'ai pas entendu grand-chose, sur l'emploi on a parlé des CAE mais il n'y a pas que ça. Comment créer de l'emploi alors que parallèlement à cela, il rend trois milliards de Fcfp à l'Etat ? Trois milliards qui devaient être affectés au plan de relance, c’est-à-dire à de gros investissements à la commande publique qui est le moteur de ce qu'attendent les entreprises du Pays... non, j'étais déçu. (...) Dans le cadre du remplacement des produits de la CPS (contribution pour la solidarité), les fameux 9 milliards de Fcfp qui ont disparu, on s'attendait là aussi à avoir une feuille de route sur les négociations à venir, sur la PSG (protection sociale généralisée) et sur la fiscalité qui va l'accompagner. Aujourd'hui on n'a aucune réponse. C'est le noir le plus total. On a l'impression, parce qu'il est bon communicant, je le dis et je le redis, Moetai Brotherson a manipulé un certain nombre de personnes pour que la propagande du Tavini Huiraatira se perpétue".
 
 

Nicole Sanquer : "Un bon communicant doit aussi avoir de la matière"

Moetai Brotherson s'est prêté à l'exercice du bilan des 100 jours en deux temps et il faisait donc face aux Polynésiens ce jeudi soir. Qu'avez-vous pensé de ces deux heures et demie de discussion ?

"Alors l'idée était bonne de faire ça en forme de débat, de recevoir les Polynésiens... mais j'ai trouvé qu'à la fin, il n'y avait pas de réponses concrètes finalement, et je me demande si ceux qui ont posé des questions ont obtenu des réponses. Il y avait énormément de généralités, ou bien des choses qui existent déjà, mais pas de changement majeur. Et pourtant il y avait des questions très intéressantes, notamment sur le quotidien des Polynésiens : qu'est-ce qui allait changer ? Quel pouvoir il avait de changer les choses ? Et on a eu des réponses un peu vagues, floues, ou pas de réponses du tout parfois".

Ça vous inquiète pour l'avenir ?

Vous savez, à la fin de sa première allocution, c'est vrai qu'on était restés un peu sur notre faim et on nous avait annoncés que lors de ce débat avec les Polynésiens on aurait des grands axes. Nous, nous ne demandons pas des mesures concrètes, nous demandons des axes d'orientation, et surtout, des axes qui devraient changer notre fonctionnement actuel. Et bien je peux vous dire que ce matin (vendredi, NDLR) je n'ai pas eu de réponses sur la question des grands axes du changement. Vous savez, le grand changement avec Moetai Brotherson, c'est peut-être sa manière de communiquer, parce qu'il faut le reconnaître, c'est un excellent communicant. Il utilise les réseaux sociaux, là, il bouscule un peu les habitudes en faisant ce débat... Mais malheureusement, un communicant doit aussi avoir de la matière dans ses réponses, et je regrette qu'il n'y ait rien eu de concret.  

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 25 Aout 2023 à 12:23 | Lu 5032 fois