Tahiti le 21 novembre 2024 - Début novembre, une mission de la Direction de la santé, sous la toute nouvelle direction de Romina Ma, a conduit une mission d’inspection à l’hôpital de Uturoa. Suite à cette “Mission Uturoa”, la Direction de la santé a établi un rapport très dur à l’encontre de l’établissement de santé et de ses personnels soignants. Un établissement qui ne cesse de quémander auprès des autorités un renfort en personnel ainsi que des travaux nécessaires, comme ceux du bloc opératoire, qui est en attente depuis deux ans.
La Direction de la santé souhaite remettre de l’ordre à l’hôpital de Uturoa, et nul doute que la procédure, sur place, fait grincer des dents les professionnels de santé. Dans un document que Tahiti Infos s’est procuré, la Direction de la santé a listé plusieurs problèmes, de l’absence d’astreinte de direction à des arrêts maladie du personnel en passant par la problématique des évasans. La gestion des risques, le management qualité, la gestion documentaire, le service d’urgence ou encore la maternité sont passés au crible.
Le rapport évoque ainsi des “arrêts maladie pour convenance personnelle réalisés par les médecins de la structure entre eux, sans possibilité de contrôle” ou encore “l’absence d’un pédiatre tous les vendredis sans concertation au préalable de la direction”.
Plus grave encore, la Direction de la santé relève “un EIG (événement indésirable grave, NDLR) non déclaré aux urgences” faisant état de “la ventilation d’un patient avec une trachéotomie aboutissant à un décès et une falsification du dossier par un médecin des urgences avant envoi de celui-ci pour saisie judicaire”.
Un autre point, aussi évoqué au niveau de la santé, celui de l’acharnement thérapeutique qui serait “récurrent au sein des services”.
La Direction de la santé souhaite remettre de l’ordre à l’hôpital de Uturoa, et nul doute que la procédure, sur place, fait grincer des dents les professionnels de santé. Dans un document que Tahiti Infos s’est procuré, la Direction de la santé a listé plusieurs problèmes, de l’absence d’astreinte de direction à des arrêts maladie du personnel en passant par la problématique des évasans. La gestion des risques, le management qualité, la gestion documentaire, le service d’urgence ou encore la maternité sont passés au crible.
Le rapport évoque ainsi des “arrêts maladie pour convenance personnelle réalisés par les médecins de la structure entre eux, sans possibilité de contrôle” ou encore “l’absence d’un pédiatre tous les vendredis sans concertation au préalable de la direction”.
Plus grave encore, la Direction de la santé relève “un EIG (événement indésirable grave, NDLR) non déclaré aux urgences” faisant état de “la ventilation d’un patient avec une trachéotomie aboutissant à un décès et une falsification du dossier par un médecin des urgences avant envoi de celui-ci pour saisie judicaire”.
Un autre point, aussi évoqué au niveau de la santé, celui de l’acharnement thérapeutique qui serait “récurrent au sein des services”.
Manquements administratifs
Sur le volet administratif, la Direction de la santé pointe aussi de nombreux manquements. Pas de projet d’établissement, pas de projet de soins, pas de formalisation de la politique qualité, pas de réunion de la cellule qualité depuis janvier 2024, une armoire à pharmacie ouverte et non surveillée, des dossiers de suivi de grossesse non retrouvés et une absence d’affichage de la charte du patient hospitalisé.
Plusieurs actions sont proposées par la Direction de la santé à la fin du rapport comme la redéfinition du projet d’établissement, le rappel des bonnes pratiques en pharmacovigilance, l’actualisation des sorties Smur, le rappel des bonnes pratiques de traçabilité des dossiers patients ou encore l’apport d’un soutien administratif pour les agents afin de garantir la permanence des soins.
Plusieurs actions sont proposées par la Direction de la santé à la fin du rapport comme la redéfinition du projet d’établissement, le rappel des bonnes pratiques en pharmacovigilance, l’actualisation des sorties Smur, le rappel des bonnes pratiques de traçabilité des dossiers patients ou encore l’apport d’un soutien administratif pour les agents afin de garantir la permanence des soins.
“Des écrits fallacieux”
Bien entendu, un tel rapport aussi peu flatteur pour l’établissement et son personnel n’allait pas rester sans réponse de ses derniers qui ont eu tôt fait de répondre à la Direction de la santé par leurs syndicats, rejetant la faute de cette situation sur un immobilisme croisé de la Direction de la santé et du Pays.
L’indignation règne chez les professionnels de santé, qui évoquent des “écrits fallacieux envers l’ensemble du corps médical”. “Mettre en cause leur probité est inacceptable, d’autant plus qu’il s’agit de toute évidence de propos colportés et non vérifiés au préalable. À l’heure où le recrutement de ce personnel est de plus en plus difficile, de tels écrits sont contre-productifs”, répond le courrier à l’attention de la Direction de la santé.
Les salariés pointent aussi l’absence d’avancées de travaux de la cellule qualité de l’hôpital mise en avant par la Direction de la santé. “Nous déplorons que la cause principale soit passée ‘volontairement’ sous silence”, explique un membre syndical. “Si cette cellule qualité de l’hôpital a ‘dysfonctionné’, c’est bien à cause d’un manque en ressources humaines. Le personnel d’encadrement a réalisé ses missions premières avec deux personnes en moins sur pratiquement toute l’année 2024.”
Et l’absence de remplacement, c’est effectivement à la Direction de la santé que les médecins l’imputent. “Qui a décidé de muter un cadre de santé de l’hôpital de Uturoa vers un autre hôpital de la Direction de la santé sans pourvoir à son remplacement ? N’est-ce pas la Direction de la santé elle-même ?”
Pour conclure, le syndicat des salariés de l’hôpital s’interroge sur “le but recherché” par cette étude. “Ne s’agirait-il pas de discréditer l’hôpital de Uturoa et son personnel pour mieux servir d’autres projets au détriment du développement de l’hôpital de Uturoa ?”, demandent les salariés.
L’établissement traverse régulièrement des épisodes de crise sociale. Une grève en 2023 et plusieurs menaces de grève en 2024 émaillent les relations entre les salariés sur place et le ministère de la Santé. Récemment, lors d’un dépôt de préavis de grève, le syndicat CSTP-FO témoignait : “Le mur du silence auquel nous nous heurtons depuis trois mois a tué la bonne volonté et le dévouement de dix personnels soignants qui quittent leurs fonctions ou qui ne les renouvellent pas aux conditions proposées (…) Continuons sur cette lancée et nous aurons un hôpital fantôme dans une île qui sera l’exemple d’un désert médical polynésien.”
Ce nouveau rapport n’est pas là pour calmer les choses.
L’indignation règne chez les professionnels de santé, qui évoquent des “écrits fallacieux envers l’ensemble du corps médical”. “Mettre en cause leur probité est inacceptable, d’autant plus qu’il s’agit de toute évidence de propos colportés et non vérifiés au préalable. À l’heure où le recrutement de ce personnel est de plus en plus difficile, de tels écrits sont contre-productifs”, répond le courrier à l’attention de la Direction de la santé.
Les salariés pointent aussi l’absence d’avancées de travaux de la cellule qualité de l’hôpital mise en avant par la Direction de la santé. “Nous déplorons que la cause principale soit passée ‘volontairement’ sous silence”, explique un membre syndical. “Si cette cellule qualité de l’hôpital a ‘dysfonctionné’, c’est bien à cause d’un manque en ressources humaines. Le personnel d’encadrement a réalisé ses missions premières avec deux personnes en moins sur pratiquement toute l’année 2024.”
Et l’absence de remplacement, c’est effectivement à la Direction de la santé que les médecins l’imputent. “Qui a décidé de muter un cadre de santé de l’hôpital de Uturoa vers un autre hôpital de la Direction de la santé sans pourvoir à son remplacement ? N’est-ce pas la Direction de la santé elle-même ?”
Pour conclure, le syndicat des salariés de l’hôpital s’interroge sur “le but recherché” par cette étude. “Ne s’agirait-il pas de discréditer l’hôpital de Uturoa et son personnel pour mieux servir d’autres projets au détriment du développement de l’hôpital de Uturoa ?”, demandent les salariés.
L’établissement traverse régulièrement des épisodes de crise sociale. Une grève en 2023 et plusieurs menaces de grève en 2024 émaillent les relations entre les salariés sur place et le ministère de la Santé. Récemment, lors d’un dépôt de préavis de grève, le syndicat CSTP-FO témoignait : “Le mur du silence auquel nous nous heurtons depuis trois mois a tué la bonne volonté et le dévouement de dix personnels soignants qui quittent leurs fonctions ou qui ne les renouvellent pas aux conditions proposées (…) Continuons sur cette lancée et nous aurons un hôpital fantôme dans une île qui sera l’exemple d’un désert médical polynésien.”
Ce nouveau rapport n’est pas là pour calmer les choses.