Tahiti Infos

​“Une ombre qui nous pourchassait”


Tahiti, le 30 juillet 2024 - Albert et Anita ont échappé de justesse à une nouvelle chute d’arbre mardi après-midi sur Prince Hinoi à Papeete. Leur pick-up a été a écrasé mais eux s’en sortent indemnes.
 

Alors que lundi en début d’après-midi, l’incident avait provoqué le décès d’un jeune militaire de 23 ans en vacances au Fenua, un incident similaire s’est produit ce mardi à Papeete, presqu’à la même heure.
 
Un couple circulant dans son pick-up sur Prince Hinoi en direction du front de mer a vu un arbre s’abattre sur sa voiture alors que celle-ci roulait à une vitesse d’environ 40 km/h. Une frayeur importante pour le couple, stoppé net par la chute de l’arbre, qui n’avait miraculeusement aucune blessure corporelle à déplorer. Le pick-up, en revanche, aura beaucoup de mal à retrouver les routes un jour.
 
“On roulait tranquillement quand on a vu une ombre nous foncer dessus”, témoignait ce mardi Albert Vivi, le chauffeur du véhicule. “Je regardais la route et par derrière, j’ai vu une ombre qui grandissait, comme venant du ciel. Je me suis dit ‘tiens, quelque chose va tomber’.” “Nous avions l’impression que l’ombre nous suivait, comme si elle nous pourchassait”, poursuit son épouse, Anita. “On a eu une sacrée chance quand même.”
 
Sur place, un expert a été dépêché pour faire les premières constatations sur les raisons qui ont conduit cet arbre à céder sous un vent, certes un peu fort, mais loin des standards tropicaux que la Polynésie peut connaître. L’arbre, apparemment saint, aurait été fragilisé par des travaux de voiries quelques années auparavant. Une enquête définira si la pause d’un nouvel enrobé sur Prince Hinoi ou des travaux d’électricité peuvent avoir été la cause, à long terme, de cette chute prématurée.
 
Des représentants des services de l’Équipement prenaient la chose très au sérieux, ce mardi. La route est territoriale et c’est au service des parc et jardins du Pays d’en assurer l’entretien des espaces paysagers. Cependant, il était décidé à intervenir immédiatement sur les autres arbres de ce même axe en les étêtant pour en réduire leur poids et prises au vent. Non loin de l’arbre déraciné, un autre arbre voyait déjà son écorce sauter à son pied alors qu’entre les deux, un dernier arbre était fiché d’un imposant fer à béton, stigmate des travaux passés qui l’ont certainement fragilisé.

Quelles responsabilités ?

Lundi, quelques heures après la chute de l’arbre à Paofai qui a coûté la vie à un jeune militaire, le parquet de Papeete décidait d’ouvrir une enquête pour homicide involontaire. “Cette enquête, menée par la DTPN, s’attachera dans un premier temps à éclaircir les circonstances exactes de ce drame avant d’établir les éventuelles responsabilités qui s’y attachent”, expliquait le communiqué de la procureure de la République.
 
La rue du lieutenant Varney à Paofai, où s’est produit l’accident tragique lundi, est communale. Le boulevard Prince Hinoi, de son côté, est de responsabilité territoriale.
 
Les responsabilités des deux collectivités pourraient être engagées dans ces deux accidents. Cependant, l’enquête devra définir les niveaux de responsabilité car différentes actions en justice peuvent être intentées.
 
Les collectivités par exemple peuvent être tenues responsables en raison de la chute d’un arbre en mauvais état leur appartenant, mais différentes jurisprudences entrent aussi en jeu. La lumière devra alors être faite pour savoir si l’accident relève d’un défaut d’entretien, imputable à la collectivité, une dégradation, imputable au responsable de la dégradation, ou un pourrissement naturel non visible, qui pourrait dédouaner la collectivité.


Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 30 Juillet 2024 à 18:18 | Lu 8152 fois