Tahiti Infos

​L’action sociale du Pays dévoilée


Après un an de travail, l’audition de plus de 200 acteurs institutionnels et de la société civile, la vice-présidente, en charge de la Solidarité, Chantal Galenon, a présenté son Schéma directeur de l’action sociale et médicosociale du Pays pour les années 2025 à 2030. De nombreuses actions, et peu de chiffres, sont évoqués dans ce document qui sera étudié ce mardi au Conseil économique, social, environnemental et culturel.

 
Attendu depuis le mois d’août, alors que la présidence communiquait sur sa prochaine présentation, le nouveau Schéma directeur de l’action sociale et médico-sociale de la Polynésie française sera étudié ce mardi matin par les membres du Cesec, avant d’atterrir sur les bureaux des élus pour une validation prochaine à l’assemblée de la Polynésie française.

Ce schéma succède à celui mis en place en 2020 par la précédente équipe d’Édouard Fritch et en reprend les grands axes pour les peaufiner pour la période 2025-2030. Ce schéma directeur, élaboré sur la base du programme politique du gouvernement Brotherson, repose évidemment sur trois piliers de campagne du Tavini aux dernières territoriales : Fa’atura (respecter), Fa’aora (soutenir) et Fa’atupu (bâtir).

À travers sept axes stratégiques visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion, 27 fiches-actions ont été retenues pour une mise en œuvre dès l’année prochaine. En tout, 55 pages de fiches techniques qui tentent de synthétiser un prévisionnel des actions retenues.


Ce schéma restera néanmoins malléable puisque chaque année, un bilan des actions mises en œuvre et des actions à réaliser sera établi. Plusieurs d’entre elles sont d’ailleurs déjà envisagées pour 2025 comme le renforcement de l’accessibilité des services d’aide sociale 24h/24 avec la mise en place d’astreintes à la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE), et l’ouverture d’un centre d’appel pour les urgences sociales, la formation des accueillants familiaux socio-éducatifs et médicoéducatifs, la généralisation des cartes solidaires Fa’atupu, le soutien aux familles monoparentales et aux foyers démunis ou encore la mise en place d’une allocation complémentaire pour les matahiapo dépendants dans le cadre de la Protection sociale généralisée.


Ce schéma est amené, par la suite, à être suivi par la mise en place d’un Observatoire territorial de l’action sociale et médico-sociale. Un organisme que le Pays s’apprête à créer, mi-ISPF, mi-CTC, à l’image de ce que fait déjà l’Observatoire national du développement et de l’action sociale (Odas) dans l’Hexagone.

Par ce schéma, le gouvernement souhaite “planifier des actions concrètes avec des impacts mesurables sur la situation des publics les plus vulnérables : mineurs, personnes âgées dépendantes, personnes en situation de handicap, personnes victimes de violences intrafamiliales, personnes sans-abri et en voie d’exclusion”.

Sept axes forts

Au cœur du schéma directeur de l’action sociale et médico-sociale ont été mis en place sept axes, qui proposent ensemble un panel de 27 mesures que le gouvernement souhaite lancer sur les cinq prochaines années. Pour protéger les personnes sans abri (axe 1), le Pays souhaite créer un Samu social par exemple sur Tahiti et des écovillages dans les archipels ou encore favoriser les mesures d’aide à l’emploi.

Pour prévenir les violences intrafamiliales (axe 2), la lutte contre les clichés sexistes dès la petite enfance sera encouragée, ainsi que le renforcement des signalements.

Les personnes âgées dépendantes (axe 3) ne sont pas oubliées avec quatre volontés du gouvernement comme la structuration et la réglementation de l’offre d’accueil des unités de vie et la proposition d’une allocation complémentaire pour certaines d’entre elles. Au Pays de fournir prochainement quels seront les critères retenus pour l’allocation de cette aide financière.

Pour l’enfance (axe 4), le Pays envisage par exemple de mieux accompagner les sorties du dispositif “protection de l’enfance” mais aussi, grande nouveauté de ce schéma proposé aux élus prochainement, de prévoir un encadrement spécifique à l’adoption fa’a’amu. On notera dans cet axe l’absence de mesures de prévention contre le suicide des jeunes en Polynésie française. Un fléau qui a augmenté de façon très préoccupante. En 2023, 40 décès de jeunes de 10 à 20 ans étaient recensés et 150 tentatives de suicide étaient comptabilisées par l’association SOS Suicide.

Un plan quinquennal de rénovation des structures d’accueil devrait permettre aux personnes en situation de handicap (axe 5) de pouvoir accéder à plus de démarches, comme le dispositif d’aide par le travail que le gouvernement souhaite lancer dans les années à venir.

Enfin, au niveau des aides sociales (axe 6) et des plans de formation (axe 7), plusieurs mesures sont envisagées dans le nouveau schéma comme la généralisation de la distribution de multicartes Fa’atupu dès janvier 2025, la création de centres communaux d’action sociale au sein des Fare Ora, ou encore l’instauration de VAE (validation des acquis de l’expérience) pour les métiers du social.

Un document en manque de chiffres

Afin de ne pas tomber dans la liste à la Prévert, ou dans les travers des promesses de campagne, le document souhaité par le Pays évite consciencieusement l’écueil de l’énumération d’actions à n’en plus finir pour se focaliser sur quelques actions ciblées. Un document intelligent, qui souffre cependant d’un manque criant de chiffrage, même prévisionnel, dans sa présentation. Dans l’axe 1 par exemple, malgré des actions fortes, et forcément budgétivores, comme la création du Samu social, la mise en place des écovillages ou le doublement de la convention d’insertion sociale. Seule la revalorisation de l’aide aux familles monoparentales de 3 000 francs par mois est chiffrée à 54 millions de francs par an.

Idem pour l’axe 3 ou seule la hausse de l’aide aux personnes âgées dépendantes est créditée de 375 millions de francs.

Le renforcement de l’accessibilité des services d’aide sociale (24h/24 et 7j/7) coûtera en 2025 60 millions francs supplémentaires (axe 6) alors que l’axe 7 coûtera dans son volet formation des accueillants familiaux socioéducatifs et médicoéducatifs 36 millions de francs par an jusque 2026.

Les axes 2, 4 et 5 n’ont pour leur part aucune ligne de crédit.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 2 Décembre 2024 à 18:41 | Lu 1853 fois