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​Alerte au taramea à Bora Bora


Des regroupements inhabituels de taramea à Bora Bora ont été signalés sur une petite zone du récif.
Des regroupements inhabituels de taramea à Bora Bora ont été signalés sur une petite zone du récif.
Bora Bora, le 15 novembre 2021 - Plongeurs et prestataires de la Perle du Pacifique ont signalé la présence de taramea sur la frange externe du récif ces dernières semaines. La commune de Bora Bora, l’association environnementale Ia Vai Ma Noa Bora Bora, la société Polynésienne des eaux et le Criobe ont tenté d’apporter quelques éclairages sur cette étoile de mer piquante qui dévore le corail.
 
Alerte au taramea. Le phénomène n’est pas alarmant mais inquiète la population de Bora Bora, soucieuse de voir son île envahie par cette espèce d’étoile de mer scientifiquement appelée acanthaster planci (ou pourpre). Généralement de couleurs vives, elle est aussi appelée couronne du Christ, couronne d’épines ou encore coussin de belle-mère. C’est une espèce carnassière et invasive qui se nourrit presque exclusivement de corail (plus exactement de polypes des coraux).
 
Plusieurs signalements ont alerté les acteurs de la vie sous-marine de Bora Bora qui ont rapidement mis en place un système de relevé. Le Criobe, notamment, a effectué sur la côte Ouest des observations en plongée (neuf en une semaine) entre 60 mètres de profondeur et la surface.

Les observations sur le récif extérieur ont montré la présence de nombreux regroupements de taramea, généralement entre 35 et 15 mètres de profondeur. Sur une zone de 100 à 200 m², 3 à 5 taramea assez proches les uns des autres ont pu être signalés, chaque groupe à 50 à 100 mètres d'intervalle. Aucun taramea n’a été trouvé seul, ni en grande profondeur ou dans la zone des 10 mètres sous la surface. Sur la petite centaine de taramea observée, plus de 90 % étaient de grande taille soit entre 30 et 60 centimètres de diamètre. Sur ces secteurs de regroupement, de nombreuses taches blanches ont été observées, preuves que le taramea est dans la zone.

Pas d’affolement… pour l’instant !
 
En concertation avec des chercheurs australiens et de Nouvelle Calédonie, l’hypothèse retenue par les spécialistes polynésiens pour expliquer ces regroupements est la période de reproduction. Soit un mâle émettrait des hormones sexuelles pour attirer les femelles, soit une femelle émettrait des hormones sexuelles pour attirer les mâles. Un taramea de 40 centimètres émettrait 50 millions de gamètes, soit 20 à 25% de son poids, ce qui favoriserait une reproduction massive et rapide. En comparaison, un poisson adulte émet 1 million d’œufs, soit 50 fois moins. Ces gamètes mâles et femelles vont se féconder, donner naissance à une larve qui reviendra sur nos récifs plusieurs mois après. Si la fécondation est un succès cette année et que les larves ne meurent pas dans l’océan, il est fort probable qu’une prolifération de jeunes taramea apparaissent en 2022 à Bora Bora ou ailleurs.
 
Pas d’affolement pour l’instant, mais… L’urgence réside dans le fait de prélever ces envahisseurs et de les sortir de l'eau. Mais il faut absolument manipuler ces animaux avec précaution, car au-delà de la dangerosité de leurs piquants, ils ont une fâcheuse tendance à se reproduire lorsqu’on les stresse ou lorsqu’on les pique, ce qui favorise l’émission des gamètes.
 
De nombreux signalements de taramea en forte abondance ont également été émis sur différentes îles polynésiennes cette année. L'hypothèse d’un regroupement de taramea à Bora Bora pour se reproduire n’exclut pas d'autres explications sur les autres îles, par exemple le regroupement pour se nourrir.
 
Le Criobe et l'Institut des récifs coralliens du Pacifique (IRCP) ont mis en place un suivi participatif de la présence de taramea en Polynésie, sur le site internet: http://www.ircp.pf/participez/.

Rédigé par Nij le Lundi 15 Novembre 2021 à 14:55 | Lu 3081 fois