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Vanuatu: Décès de l’ancien Président francophone Jean-Marie Léyé


PORT-VILA, mercredi 10 décembre 2014 (Flash d’Océanie) – Le seul dirigeant francophone ayant occupé le poste de Président de la République de Vanuatu, Jean-Marie Léyé, est décédé mardi 9 décembre 2014, à l’âge de 82 ans, a-t-on appris jeudi par la voie officielle.
Le gouvernement de cet archipel mélanésien, ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides devenu indépendant en 1980, a entamé mercredi une série d’hommages à cet homme d’État, qui fut Président de Vanuatu entre 1994 et 1999.
Plusieurs cérémonies se sont déroulées dans la capitale, sous forme d’hommages unanimes de la classe politique, y compris lors d’une cérémonie au Parlement.
Des funérailles nationales sont en cours d’organisation.

Figure historique du paysage politique francophone

Originaire de la petite île d’Anatom (Sud de l’archipel), Jean-Marie Léyé était considéré comme l’un des membres fondateurs de la mouvance politique francophone, au milieu des années 1970.
Il devient rapidement le Président d’un mouvement qui prendra d’abord le nom d’UCNH (Union des Communautés des Nouvelles-Hébrides).
Ce mouvement, à sa formation en 1976, intègre et fédère les partis modérés francophones (qui deviendront ensuite l’Union des Partis Modérés -UPM-).
À l’orée de l’indépendance, en 1980, face à une revendication nationaliste du National Party (devenu ensuite Vanuaaku Pati) prônant une accession rapide à la souveraineté, il se fait pour sa part l’avocat d’un transfert progressif des compétences afin de préparer cette transition dans de meilleures conditions.
Lors de l’arrivée au pouvoir de l’UPM à l’issue des législatives de 1991, pour la première fois après onze années postindépendance marquées par un règne sans partage du Vanuaaku Pati du pasteur anglican Walter Lini, les francophones, jusque là écartés du pouvoir, dirigent un gouvernement sous la houlette du Premier ministre Maxime Carlot.

Kidnappé par les forces mobiles

En 1997, M. Léyé se trouva aussi au centre de ce qui fut la seule tentative de coup d’État de la part des forces paramilitaires mobiles de Vanuatu (Vanuatu Mobile Force, VMF).
Un groupe d’officiers des VMF, porteurs d’une revendication salariale, avait alors kidnappé le Président à sa résidence pour ensuite l’emmener hors de la capitale à bord d’un petit avion et tenter de la convaincre ou de la contraindre de défendre leur cause.
L’incident avait été réglé dans la journée et le Président avait pu regagner sa résidence sans avoir été maltraité.

Des décisions contestées

Parfois vivement critiqué au cours de son mandat présidentiel (1994-1999), il fut même confronté à une fronde politique qui mena une âpre bataille juridique afin de le faire démettre de ses fonctions, fin 1997.
Motif de ses détracteurs : « fautes graves », en raison de multiples tentatives de dissolution du parlement, mais aussi de grâces accordées à plusieurs criminels notoires au cours des mois précédents.
En novembre 1997, M. Léyé avait annoncé la dissolution du parlement et des élections législatives anticipées.
Cette annonce avait ensuite été annulée par la Cour Suprême, qui estimait qu'il y avait « un lien » entre la décision présidentielle et la fermeture précipitée du parlement, le même jour.
Il restait à l'ordre du jour de l'assemblée le débat d'une motion de censure contre le Premier ministre francophone de l’époque, Serge Vohor.
M. Léyé avait alors accusé les députés d'être la cause de l'instabilité politique qui, depuis, n’a pas cessé de sévir de manière chronique à Vanuatu.
" (M. Vohor) ne m'a pas forcé, il n’st pas venu tenir mon stylo (…) j'ai réfléchi, j'ai accepté et j'ai exécuté (…) Je voulais dissoudre le parlement (…) Mais si j'ai eu tort, alors ça veut dire que le gouvernement m'a menti", avait ensuite estimé le Président.

Lors de la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique par la France, en Polynésie française, en 1995, sur décision du Président Jacques Chirac, Jean-Marie Léyé avait, en novembre de cette année-là, estimé que la France avait « le devoir de garantir un environnement sain pour (les pays du Pacifique) et ajouté qu’il était « triste et ironique que notre environnement soit menacé par la décision de l'un de nos deux pères coloniaux ».

Le Premier ministre francophone de l’époque, Maxime Carlot, tout en se déclarant opposé aux essais nucléaires dans le Pacifique, s’était dans le même temps fait l’avocat d’un maintien du dialogue politique avec Paris.
M. Carlot, lors d'une visite de trois jours en France du 18 au 20 octobre 1995, avait été fait Grand Officier de la Légion d'Honneur par Jacques Chirac, qu'il avait longuement rencontré.
Pour 1995, l'aide française à Vanuatu (alors la plus élevée au monde par habitant) avait atteint les 55 millions de Francs de l’époque.
Les essais nucléaires français dans le Pacifique, qui avaient débuté en 1996 sur les atolls polynésiens de Moruroa et Fangataufa, ont pris fin en 1996.
Le 20 octobre 1995, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis annonçaient conjointement leur décision de ratifier le traité de dénucléarisation du Pacifique Sud (dit traité de Rarotonga et adopté en 1985 par les pays du Forum du Pacifique Sud), qui engage les pays signataires à ne pas "posséder, tester et utiliser d'armes nucléaires" dans la région.

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Rédigé par PAD le Mercredi 10 Décembre 2014 à 05:07 | Lu 1439 fois