Nuihau Laurey en ministre des énergies de la Polynésie française a dévoilé son plan de transition énergétique ce lundi durant le conseil des ministres.
PAPEETE, le 2 novembre 2015. Nuihau Laurey, le vice-président et ministre en charge des énergies a enfin présenté "avec quelques semaines de retard" le plan de transition énergétique de la Polynésie française. Un plan jusqu'en 2030 pour favoriser l'utilisation des énergies d'origine renouvelable, modifier les comportements des usagers pour consommer moins et changer de discours et d'attitude avec l'opérateur principal.
Au pas de course… Le ministre en charge des énergies travaille son sujet depuis longtemps et il en maîtrise les problématiques sur le bout des doigts. Aussi, sa présentation à la presse ce lundi après-midi du plan de transition énergétique 2015-2030, quelques heures à peine après le même exposé devant le gouvernement, est fait avec vélocité mais précision. Que faut-il retenir de ce plan de 15 pages ? D'abord que les actions proposées -au nombre de 45 au total- s'attaquent au sujet de l'énergie sur tous les fronts : réglementaire, économique et productif. Il ne s'agit pas seulement de développer les énergies renouvelables pour se libérer de la dépendance au territoire du pétrole, mais aussi de travailler dans le même temps sur la structuration du prix de l'électricité, de soutenir les nouvelles filières et cerise sur le gâteau de le faire dans une ambiance de saine concurrence. Le programme est ambitieux non seulement sur le papier mais sur le calendrier fixé car bon nombre de modifications (via au moins trois lois du Pays et une adaptation de la loi organique statutaire) devront être réalisées au cours de l'année 2016 qui promet d'être si le plan est respecté, une année charnière…
LA FIN ANNONCEE DE LA PETACE…
Première révolution et non des moindres, celle qui a trait au prix de l'électricité. L'année 2016 devrait être celle de la fin de la Petace. Cette formule tarifaire du prix de l'électricité "P" étant la somme du coût "E" de l’énergie primaire (carburant), des charges "T" liées au transport de l’énergie et de"ACE" pour le autres charges d’exploitation du concessionnaire ne devrait plus être dès mars 2016 la base de calcul incompréhensible pour les usagers et même les professionnels. A la place, et les discussions ont démarré avec EDT depuis longtemps, "une analyse des coûts réels pour déterminer véritablement les charges liées à la production de l'électricité et sortir celles qui ne sont pas liées à la délégation de service public" détaille Nuihau Laurey. "C'est un changement radical de culture" admet le ministre de l'énergie qui semble indiquer que le dialogue avec la nouvelle direction de la société concessionnaire de l'électricité est constructif. Toutefois "s'il y a des désaccords il y a des tribunaux pour ça et ce recours ne devra pas être vu comme un échec, seulement comme une possibilité dans la négociation".
Au bout du compte, l'objectif du ministre des énergies est d'arriver avec une grille tarifaire simplifiée des tarifs de l'électricité présentant "le juste prix de l'électricité". On compte aujourd'hui une vingtaine de tarifs différents, le but serait de resserrer cette grille tarifaire sur quatre à six tarifs différents, pas plus. Au risque toutefois de voir disparaître les tarifs les plus bas pour les plus petits consommateurs domestiques, un système qui pourrait néanmoins être compensé par un système d'aide "pour ceux quoi doivent l'être et dans des conditions bien spécifiques". Une idée serait de proposer un prix de l'électricité le moins cher lors des creux de consommation, en soirée ou le matin tôt, pour faire coïncider le tarif de l'électricité en fonction de la demande d'énergie.
UN RÔLE CENTRAL POUR LA TEP
Pas de surprise, on le sent venir depuis des mois, le gouvernement souhaite donner à la TEP un rôle central et en "faire un arbitre neutre du système électrique polynésien". La société de transport d'énergie électrique en Polynésie qui est une société d'économie mixte verrait son domaine d'intervention s'élargir considérablement pour s'occuper du dispatching jusqu'aux consommateurs de l'électricité en privilégiant d'abord l'électricité produite à partir des énergies renouvelables (hydroélectricité et photovoltaïque). Afin de garantir la neutralité de cette structure, la TEP verrait son capital évoluer considérablement. En effet, actuellement, EDT est actionnaire à 39% de cette société d'économie mixte. "Pour faire de la TEP un acteur neutre il est difficile d'avoir dans son capital l'acteur le plus prépondérant du système électrique polynésien" explique Nuihau Laurey qui souhaite que la société EDT "cède ses parts à la société nationale RTE (réseau de transport d'électricité, filiale d'EDF en France métropolitaine). "Est-ce que EDT va accepter ce que nous souhaitons ?" s'interroge le ministre des énergies. Visiblement la question reste posée…
DES BARRAGES SINON RIEN
Autre certitude, répétée à plusieurs reprises par le ministre en charge des énergies durant son exposé, le passage obligé par l'augmentation de la production d'hydroélectricité. Ce qui signifie donc un ou des barrages en plus à Tahiti. Depuis 20 ans, aucune nouvelle installation hydroélectrique n'est venue compléter les équipements structurants qui existent déjà, or "si nous ne sommes pas capables de relancer les investissements en hydroélectricité on n'atteindra pas les objectifs fixés" à savoir disposer de 50% d'énergie renouvelable dans la production électrique en 2020 et de 75% en 2030. Nuihau Laurey sait très bien qu'il s'attaque à des résistances marquées de riverains et d'associations qui refusent la défiguration de leurs vallées par l'installation de barrages aussi il propose la création de comités de suivi pour associer toutes les parties prenantes dans les projets à venir. Il insiste par ailleurs sur les réalisations de barrages faites dans le passé avec des "installations qui ont un aspect environnemental remarquable". Il n'est pas certain que ce simple argument de l'intégration de ces ouvrages dans leur milieu naturel suffise à écarter définitivement tous les opposants des projets de barrage.
Au pas de course… Le ministre en charge des énergies travaille son sujet depuis longtemps et il en maîtrise les problématiques sur le bout des doigts. Aussi, sa présentation à la presse ce lundi après-midi du plan de transition énergétique 2015-2030, quelques heures à peine après le même exposé devant le gouvernement, est fait avec vélocité mais précision. Que faut-il retenir de ce plan de 15 pages ? D'abord que les actions proposées -au nombre de 45 au total- s'attaquent au sujet de l'énergie sur tous les fronts : réglementaire, économique et productif. Il ne s'agit pas seulement de développer les énergies renouvelables pour se libérer de la dépendance au territoire du pétrole, mais aussi de travailler dans le même temps sur la structuration du prix de l'électricité, de soutenir les nouvelles filières et cerise sur le gâteau de le faire dans une ambiance de saine concurrence. Le programme est ambitieux non seulement sur le papier mais sur le calendrier fixé car bon nombre de modifications (via au moins trois lois du Pays et une adaptation de la loi organique statutaire) devront être réalisées au cours de l'année 2016 qui promet d'être si le plan est respecté, une année charnière…
LA FIN ANNONCEE DE LA PETACE…
Première révolution et non des moindres, celle qui a trait au prix de l'électricité. L'année 2016 devrait être celle de la fin de la Petace. Cette formule tarifaire du prix de l'électricité "P" étant la somme du coût "E" de l’énergie primaire (carburant), des charges "T" liées au transport de l’énergie et de"ACE" pour le autres charges d’exploitation du concessionnaire ne devrait plus être dès mars 2016 la base de calcul incompréhensible pour les usagers et même les professionnels. A la place, et les discussions ont démarré avec EDT depuis longtemps, "une analyse des coûts réels pour déterminer véritablement les charges liées à la production de l'électricité et sortir celles qui ne sont pas liées à la délégation de service public" détaille Nuihau Laurey. "C'est un changement radical de culture" admet le ministre de l'énergie qui semble indiquer que le dialogue avec la nouvelle direction de la société concessionnaire de l'électricité est constructif. Toutefois "s'il y a des désaccords il y a des tribunaux pour ça et ce recours ne devra pas être vu comme un échec, seulement comme une possibilité dans la négociation".
Au bout du compte, l'objectif du ministre des énergies est d'arriver avec une grille tarifaire simplifiée des tarifs de l'électricité présentant "le juste prix de l'électricité". On compte aujourd'hui une vingtaine de tarifs différents, le but serait de resserrer cette grille tarifaire sur quatre à six tarifs différents, pas plus. Au risque toutefois de voir disparaître les tarifs les plus bas pour les plus petits consommateurs domestiques, un système qui pourrait néanmoins être compensé par un système d'aide "pour ceux quoi doivent l'être et dans des conditions bien spécifiques". Une idée serait de proposer un prix de l'électricité le moins cher lors des creux de consommation, en soirée ou le matin tôt, pour faire coïncider le tarif de l'électricité en fonction de la demande d'énergie.
UN RÔLE CENTRAL POUR LA TEP
Pas de surprise, on le sent venir depuis des mois, le gouvernement souhaite donner à la TEP un rôle central et en "faire un arbitre neutre du système électrique polynésien". La société de transport d'énergie électrique en Polynésie qui est une société d'économie mixte verrait son domaine d'intervention s'élargir considérablement pour s'occuper du dispatching jusqu'aux consommateurs de l'électricité en privilégiant d'abord l'électricité produite à partir des énergies renouvelables (hydroélectricité et photovoltaïque). Afin de garantir la neutralité de cette structure, la TEP verrait son capital évoluer considérablement. En effet, actuellement, EDT est actionnaire à 39% de cette société d'économie mixte. "Pour faire de la TEP un acteur neutre il est difficile d'avoir dans son capital l'acteur le plus prépondérant du système électrique polynésien" explique Nuihau Laurey qui souhaite que la société EDT "cède ses parts à la société nationale RTE (réseau de transport d'électricité, filiale d'EDF en France métropolitaine). "Est-ce que EDT va accepter ce que nous souhaitons ?" s'interroge le ministre des énergies. Visiblement la question reste posée…
DES BARRAGES SINON RIEN
Autre certitude, répétée à plusieurs reprises par le ministre en charge des énergies durant son exposé, le passage obligé par l'augmentation de la production d'hydroélectricité. Ce qui signifie donc un ou des barrages en plus à Tahiti. Depuis 20 ans, aucune nouvelle installation hydroélectrique n'est venue compléter les équipements structurants qui existent déjà, or "si nous ne sommes pas capables de relancer les investissements en hydroélectricité on n'atteindra pas les objectifs fixés" à savoir disposer de 50% d'énergie renouvelable dans la production électrique en 2020 et de 75% en 2030. Nuihau Laurey sait très bien qu'il s'attaque à des résistances marquées de riverains et d'associations qui refusent la défiguration de leurs vallées par l'installation de barrages aussi il propose la création de comités de suivi pour associer toutes les parties prenantes dans les projets à venir. Il insiste par ailleurs sur les réalisations de barrages faites dans le passé avec des "installations qui ont un aspect environnemental remarquable". Il n'est pas certain que ce simple argument de l'intégration de ces ouvrages dans leur milieu naturel suffise à écarter définitivement tous les opposants des projets de barrage.
Pour avoir des factures électriques plus légères, il ne suffit pas d'avoir un prix "unitaire" de l'électricité moins cher mais aussi d'adapter sa consommation et avoir des équipements basse consommation. Le plan de transition énergétique passe aussi par des changements de comportement de tous les usagers.
Prix de l'électricité : comparer ce qui est comparable
Pas question d'énoncer que le prix de l'électricité en Polynésie française est cher sans avoir une vision objective. C'est en substance le travail effectué par le ministre en charge des énergies Nuihau Laurey. Pour comparer ce qui existe actuellement en Polynésie française, il faut pouvoir comparer avec des états ou des régions avec un bassin de population de taille comparable et contraintes par les mêmes difficultés d'éloignement et de dispersion. "Une comparaison avec la France métropolitaine n'est pas appropriée" indique Nuihau Laurey. On se consolera donc avec une comparaison, mieux adaptée nous dit-on, avec les pays du Pacifique. Bonne pioche ! Cette comparaison permet de montrer que les prix de l'électricité pratiqués pour les consommateurs domestiques placent Tahiti au 7e rang (sur 24) ; enfin Tahiti est au 15e rang (donc juste en dessous de la moyenne) pour les tarifs de l'électricité appliqués aux consommateurs professionnels. "La Polynésie française n'a pas l'électricité la plus chère du monde" indique encore le ministre en charge des énergies. Nous voilà rassurés ?
Pas question d'énoncer que le prix de l'électricité en Polynésie française est cher sans avoir une vision objective. C'est en substance le travail effectué par le ministre en charge des énergies Nuihau Laurey. Pour comparer ce qui existe actuellement en Polynésie française, il faut pouvoir comparer avec des états ou des régions avec un bassin de population de taille comparable et contraintes par les mêmes difficultés d'éloignement et de dispersion. "Une comparaison avec la France métropolitaine n'est pas appropriée" indique Nuihau Laurey. On se consolera donc avec une comparaison, mieux adaptée nous dit-on, avec les pays du Pacifique. Bonne pioche ! Cette comparaison permet de montrer que les prix de l'électricité pratiqués pour les consommateurs domestiques placent Tahiti au 7e rang (sur 24) ; enfin Tahiti est au 15e rang (donc juste en dessous de la moyenne) pour les tarifs de l'électricité appliqués aux consommateurs professionnels. "La Polynésie française n'a pas l'électricité la plus chère du monde" indique encore le ministre en charge des énergies. Nous voilà rassurés ?
Pour l'instant seuls 5% de l'électricité consommée en Polynésie est produite par des installations photovoltaïques.
Développer la part du solaire
Les centrales photovoltaïques ont vu leur puissance totale installée croitre de manière exponentielle entre 2009 et 2015, passant de moins de 1 mégawatt avant 2008 à près de 24 mégawatts en 2015. Avec La puissance totale installée en photovoltaïque représente à certains moments de la journée une production atteignant 30% de la consommation instantanée. La tarification de rachat de l’électricité produite sera adaptée pour permettre la poursuite du développement de l’équipement des ménages et des entreprises : une prime à l’installation de dispositifs de stockage sera instaurée.
Dans les archipels, un programme d’équipement en centrales hybrides des atolls sera établi afin de réduire la fracture énergétique entre Tahiti et les petites communes éloignées.
Les centrales photovoltaïques ont vu leur puissance totale installée croitre de manière exponentielle entre 2009 et 2015, passant de moins de 1 mégawatt avant 2008 à près de 24 mégawatts en 2015. Avec La puissance totale installée en photovoltaïque représente à certains moments de la journée une production atteignant 30% de la consommation instantanée. La tarification de rachat de l’électricité produite sera adaptée pour permettre la poursuite du développement de l’équipement des ménages et des entreprises : une prime à l’installation de dispositifs de stockage sera instaurée.
Dans les archipels, un programme d’équipement en centrales hybrides des atolls sera établi afin de réduire la fracture énergétique entre Tahiti et les petites communes éloignées.
Vers un code de l'énergie
La mise en œuvre d'un plan de transition énergétique nécessite un cadre réglementaire adapté aux objectifs à atteindre au cours des 15 prochaines années. Aussi, pas question de laisser s'empiler les uns sur les autres des textes parfois anciens, obsolètes voire même incohérents les uns avec les autres. C'est pourquoi le gouvernement proposera dans le courant du 1er semestre 2016 un code de l'énergie regroupant l'ensemble des dispositions juridiques et réglementaires relatives à l'organisation du secteur. Ce texte fondateur fixera tous les principes juridiques de l'organisation du système énergétique polynésien.
La mise en œuvre d'un plan de transition énergétique nécessite un cadre réglementaire adapté aux objectifs à atteindre au cours des 15 prochaines années. Aussi, pas question de laisser s'empiler les uns sur les autres des textes parfois anciens, obsolètes voire même incohérents les uns avec les autres. C'est pourquoi le gouvernement proposera dans le courant du 1er semestre 2016 un code de l'énergie regroupant l'ensemble des dispositions juridiques et réglementaires relatives à l'organisation du secteur. Ce texte fondateur fixera tous les principes juridiques de l'organisation du système énergétique polynésien.
Une fiscalité adaptée avec bonus et malus
La transition énergétique sera facilitée par la poursuite des adaptations économiques et fiscales initiées depuis 2008 en matière d’exonération et de réduction de droits sur les équipements, de tarification incitative au rachat des énergies "vertes" ou encore de fiscalité préférentielle pour les petits producteurs photovoltaïques. La fiscalité générale des entreprises de production d’énergie sera modulée avec une baisse de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises produisant de l’électricité exclusivement issue d’énergie renouvelable et une surtaxe sera appliquée pour toutes les productions à base de ressources fossiles. Cette surtaxe alimentera un fonds destiné à financer des investissements relatifs à la transition énergétique.
La transition énergétique sera facilitée par la poursuite des adaptations économiques et fiscales initiées depuis 2008 en matière d’exonération et de réduction de droits sur les équipements, de tarification incitative au rachat des énergies "vertes" ou encore de fiscalité préférentielle pour les petits producteurs photovoltaïques. La fiscalité générale des entreprises de production d’énergie sera modulée avec une baisse de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises produisant de l’électricité exclusivement issue d’énergie renouvelable et une surtaxe sera appliquée pour toutes les productions à base de ressources fossiles. Cette surtaxe alimentera un fonds destiné à financer des investissements relatifs à la transition énergétique.