PAPEETE, le 22 mai 2016 - Philippe Cury, un scientifique au CV impressionnant, expert en biologie marine, prend position en faveur des aires marines protégées. Le principal projet polynésien dans le domaine, le Rāhui Nui nō Tuha’a Pae est pour l'instant suspendu par manque de soutien politique.
Un grand projet d'Aire marine protégée (AMP), porté par l'association internationale Pew et par quatre des cinq maires des Australes, a été présenté au gouvernement en avril dernier. Nommé Rāhui Nui nō Tuha’a Pae, il visait à interdire 1 million de kilomètre carré d'océan (à l'exception d'une large zone près des côtes des îles de l'archipel) à la pêche et à l'exploitation minière. Mais, face à l'opposition du gouvernement, le projet a peu de chances de se réaliser un jour.
Le ministre de l'environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a expliqué que le Pays n'a "pas de leçon à recevoir de Pew" et soutient à la place un projet d'Aire marine gérée à l'échelle de toute la Polynésie, précisant tout de même que cette aire marine gérée pourrait accomoder le projet des Australes. Même le président Fritch a signalé ses doutes, car "on est en train de s’enfermer. On ne peut pas interdire aux Polynésiens d’accéder à la zone économique de notre pays. On va commencer par les Australes, puis ce sera les Marquises, les Tuamotu, et on ne pourra plus pêcher nulle part alors que notre flottille de pêche participe au développement et à l’emploi."
Pourtant la fondation Pew, dont la principale mission est de promouvoir la création de ces AMP dans tous les océans du monde, n'abandonne pas son effort pour convaincre la Polynésie de créer la plus grande réserve au monde. Le directeur de la Pew Charitable Trusts en Polynésie, Jérôme Petit, a décidé de répondre aux arguments avancés par les opposants au projet grâce à l'appui scientifique de Philippe Cury, expert internationalement reconnu sur les écosystèmes marins exploités. Il a un CV particulièrement spectaculaire : il est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), directeur de l’UMR-Marbec (laboratoire de recherche sur les écosystèmes marins exploités) et directeur du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale de Sète.
Militant pour une exploitation plus responsable des ressources marines, le scientifique est proche de certaines ONG écologistes. Philippe Cury a ainsi participé au Grenelle de la Mer pour la Fondation Nicolas Hulot. Il a également participé en tant qu'expert au Lenfest Forage fish study, une étude sur le rôle des poissons fourrage financée par la fondation Pew. Mais le directeur de trois laboratoires français nous précise : "je n'ai jamais reçu de financements propres pour mes recherches, ni de la Pew ni d'une autre ONG."
>>> "La séquence est toujours la même, on exploite les ressources sans y voir aucune limite, en accroissant continuellement le nombre de bateaux" Philippe Cury (Directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le Développement)
Un grand projet d'Aire marine protégée (AMP), porté par l'association internationale Pew et par quatre des cinq maires des Australes, a été présenté au gouvernement en avril dernier. Nommé Rāhui Nui nō Tuha’a Pae, il visait à interdire 1 million de kilomètre carré d'océan (à l'exception d'une large zone près des côtes des îles de l'archipel) à la pêche et à l'exploitation minière. Mais, face à l'opposition du gouvernement, le projet a peu de chances de se réaliser un jour.
Le ministre de l'environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a expliqué que le Pays n'a "pas de leçon à recevoir de Pew" et soutient à la place un projet d'Aire marine gérée à l'échelle de toute la Polynésie, précisant tout de même que cette aire marine gérée pourrait accomoder le projet des Australes. Même le président Fritch a signalé ses doutes, car "on est en train de s’enfermer. On ne peut pas interdire aux Polynésiens d’accéder à la zone économique de notre pays. On va commencer par les Australes, puis ce sera les Marquises, les Tuamotu, et on ne pourra plus pêcher nulle part alors que notre flottille de pêche participe au développement et à l’emploi."
Pourtant la fondation Pew, dont la principale mission est de promouvoir la création de ces AMP dans tous les océans du monde, n'abandonne pas son effort pour convaincre la Polynésie de créer la plus grande réserve au monde. Le directeur de la Pew Charitable Trusts en Polynésie, Jérôme Petit, a décidé de répondre aux arguments avancés par les opposants au projet grâce à l'appui scientifique de Philippe Cury, expert internationalement reconnu sur les écosystèmes marins exploités. Il a un CV particulièrement spectaculaire : il est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), directeur de l’UMR-Marbec (laboratoire de recherche sur les écosystèmes marins exploités) et directeur du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale de Sète.
Militant pour une exploitation plus responsable des ressources marines, le scientifique est proche de certaines ONG écologistes. Philippe Cury a ainsi participé au Grenelle de la Mer pour la Fondation Nicolas Hulot. Il a également participé en tant qu'expert au Lenfest Forage fish study, une étude sur le rôle des poissons fourrage financée par la fondation Pew. Mais le directeur de trois laboratoires français nous précise : "je n'ai jamais reçu de financements propres pour mes recherches, ni de la Pew ni d'une autre ONG."
>>> "La séquence est toujours la même, on exploite les ressources sans y voir aucune limite, en accroissant continuellement le nombre de bateaux" Philippe Cury (Directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le Développement)
Philippe Cury, directeur de recherche à l'IRD, interviewé par Jérôme Petit
Jérôme Petit (directeur de la fondation Pew en Polynésie) et Philippe Cary (directeur de recherche à l'IRD) défendent l'utilité pour la Polynésie des aires marines protégées.
"Il faut gérer les ressources quand elles sont encore bien portantes, c’est le seul moment"
Quelle est votre expérience en matière de gestion des ressources halieutiques ?
Directeur de recherche à l’IRD (institut de Recherche pour le Développement) où j’ai fait l’ensemble de ma carrière, j’ai travaillé en Afrique du Sud, en Californie, en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest pendant de nombreuses années sur la gestion des ressources halieutiques. Pendant onze ans jusqu’en 2015 j’ai dirigé un Centre de Recherche Halieutique basé à Sète. J’ai étudié les ressources marines mondiales, notamment des thons et des ressources hauturières ainsi que leur exploitation. J’ai aussi travaillé sur la dynamique des populations de poissons, sur les écosystèmes marins côtiers et hauturiers et leur gestion. Le centre de recherche halieutique que j’ai dirigé, structuré autour de l’approche écosystémique des pêches, est un des plus importants au niveau mondial.
Quel est l’état des stocks halieutiques dans le Pacifique ?
L’état des stocks de thons dans le Pacifique est meilleur que celui de l’Atlantique où les ressources sont surexploitées et meilleur que dans l’Océan Indien où l’essor du nombre de bateaux de pêche est considérable. Mais le Pacifique fournit environ 60% du thon mondial, et plusieurs espèces commerciales sont déjà menacées dans cette région. Par exemple, le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis) a connu une réduction de 97% de sa population par rapport à son niveau naturel. Le thon obèse (Thunnus obesus) a également dépassé le rendement maximal durable, le point de non-retour ! Cette situation est inquiétante, car l’économie de nombreux pays du Pacifique dépend directement des ressources halieutiques. La pêche vivrière est bien souvent la première source de protéine pour les populations locales. Mais malgré cette importance économique et sociale, les gouvernements de la région n’accordent généralement guère d'attention à la pêche côtière. Les initiatives de développement et les efforts gouvernementaux tendent à être orientés vers le secteur des pêches hauturières commerciales.
Quelles sont les mesures possibles pour lutter contre le déclin des stocks ?
Il faut gérer les ressources quand elles sont encore bien portantes, c’est le seul moment où l’on peut contrôler les prélèvements efficacement et sur le long terme. Il faut négocier les accès aux ressources qui sont des biens communs. Le poisson appartient généralement à celui qui le pêche alors qu’en réalité, il devrait appartenir à tous. C’est un bien commun et sa gestion doit être discutée avec toutes les parties prenantes – populations riveraines, pêcheurs, industriels, société civile, ONGs, scientifiques, etc. Parmi les outils de gestion, le contrôle de la pêche doit être une priorité. Il ne faut pas prélever plus que ce que nous donne la nature. C’est une règle élémentaire mais qui est bafouée la plupart du temps par l’avidité des capitaux et la tragédie des communs - une situation de compétition entre les pêcheurs pour l'accès à une ressource limitée créant un conflit entre l'intérêt individuel et le bien commun et qui aboutit à un résultat perdant-perdant. Aujourd’hui certaines espèces de requins, de tortues marines, de mammifères marins, mais aussi de thons, de marlins, et d’espadons, sont en danger. Il faut donc non seulement limiter la pression de la pêche sur ces espèces, mais aussi développer des espaces pour les préserver, c’est le but de la création d’Aires Marines Protégées (AMP).
Qu’est-ce qu’une AMP ? À quoi ça sert ?
En quelques décennies le nombre de pêcheurs a augmenté considérablement ce qui fait que presque tous les océans sont aujourd’hui exploités, que ce soit en profondeur ou en surface, et de nombreuses espèces sont menacées. Devant ce phénomène global il est important de laisser à la nature des espaces pour se reconstruire, sinon nous risquons de vider les océans rapidement. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une AMP est une zone pour laquelle la première vocation est la conservation des écosystèmes naturels. Il y a un grand intérêt pour toutes les pêcheries du monde, et les stocks de poissons en particulier, à préserver des zones d’abondances, fermées à la pêche, qui peuvent aider à la reconstitution des stocks. En effet, les poissons qui se reproduisent et grossissent dans les zones protégées débordent dans les zones de pêche adjacentes et profitent aux pêcheries. C’est ce que l’on appelle l’effet « spill-over ». Les activités industrielles, comme la pêche industrielle et l’extraction minière, ne sont pas possibles au sein des AMP, car elles ne sont pas compatibles avec la protection des écosystèmes. Des activités de pêches traditionnelles sont permises, mais il faut alors les contrôler, les gérer tout en respectant les ressources et les savoirs locaux. D’un point de vue économique, un milieu marin en bonne santé peut être une source incroyable de développement vers une autre forme d’économie : la préservation de la pêche côtière, le tourisme, mais aussi la sauvegarde (ou la constitution) d’un réservoir de nouvelles molécules issues des espèces à des usages de santé humaine et pour le développement de nouvelles technologies.
Est-ce que les AMP fonctionnent pour les espèces pélagiques ?
Les réserves marines sont efficaces pour préserver les stocks halieutiques, aussi bien pour les ressources côtières qu’hauturières. On s’aperçoit avec les nombreux marquages faits dans différentes régions que les poissons pélagiques ont, comme les humains, leurs habitudes : ils fréquentent souvent les mêmes lieux et reviennent dans des lieux de ponte bien précis, d’une année sur l’autre. De grandes réserves marines sont donc utiles pour la protection des espèces pélagiques menacées. Mais pour qu’elles soient efficaces, elles doivent couvrir une grande partie du bassin de vie des espèces pélagiques. Par ailleurs, les AMP du large permettent aussi de lutter contre toutes sortes d’incertitudes et de changements globaux qui affectent aujourd’hui les ressources marines, comme le changement climatique ou la pollution. Si aujourd’hui un certain nombre de grandes réserves marines ont été créées dans le monde, et en particulier dans le Pacifique, leur nombre s’avère toujours insuffisant. Il faudrait protéger entre 20 et 30% de nos espaces marins si nous voulons vraiment que les ressources ne fondent pas en quelques décennies à des niveaux dérisoires. L’avenir de notre sécurité alimentaire, de nos pêcheurs artisans et de leur savoir traditionnel est en jeu. Pourtant, actuellement, seulement trois pourcent de nos océans sont protégés! Nous devons radicalement changer nos façons d’exploiter le monde marin qui nous apporte bien plus que des tonnes de protéines.
Pourquoi créer une réserve dans une zone qui est déjà préservée avec des pressions humaines limitées ?
Ce que j’ai appris avec toutes ces années de recherche et de partenariat autour de la gestion des ressources marines est simple : il faut gérer les ressources quand elles sont encore peu exploitées, si l’on veut éviter la surexploitation ! La séquence est toujours la même : on exploite les ressources sans y voir aucune limite, en accroissant continuellement le nombre de bateaux et en améliorant la technologie et les méthodes de pêches. Par conséquent on se retrouve bien souvent dans des situations de surpêche qui deviennent ingérables d’un point de vue social, économique et bien évidemment écologique. L’absence de gestion écosystémique entraîne inéluctablement la disparition des ressources et in fine, des pêcheurs. Alors, protégeons les océans avant qu’il ne soit trop tard !
Quelle est votre expérience en matière de gestion des ressources halieutiques ?
Directeur de recherche à l’IRD (institut de Recherche pour le Développement) où j’ai fait l’ensemble de ma carrière, j’ai travaillé en Afrique du Sud, en Californie, en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest pendant de nombreuses années sur la gestion des ressources halieutiques. Pendant onze ans jusqu’en 2015 j’ai dirigé un Centre de Recherche Halieutique basé à Sète. J’ai étudié les ressources marines mondiales, notamment des thons et des ressources hauturières ainsi que leur exploitation. J’ai aussi travaillé sur la dynamique des populations de poissons, sur les écosystèmes marins côtiers et hauturiers et leur gestion. Le centre de recherche halieutique que j’ai dirigé, structuré autour de l’approche écosystémique des pêches, est un des plus importants au niveau mondial.
Quel est l’état des stocks halieutiques dans le Pacifique ?
L’état des stocks de thons dans le Pacifique est meilleur que celui de l’Atlantique où les ressources sont surexploitées et meilleur que dans l’Océan Indien où l’essor du nombre de bateaux de pêche est considérable. Mais le Pacifique fournit environ 60% du thon mondial, et plusieurs espèces commerciales sont déjà menacées dans cette région. Par exemple, le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis) a connu une réduction de 97% de sa population par rapport à son niveau naturel. Le thon obèse (Thunnus obesus) a également dépassé le rendement maximal durable, le point de non-retour ! Cette situation est inquiétante, car l’économie de nombreux pays du Pacifique dépend directement des ressources halieutiques. La pêche vivrière est bien souvent la première source de protéine pour les populations locales. Mais malgré cette importance économique et sociale, les gouvernements de la région n’accordent généralement guère d'attention à la pêche côtière. Les initiatives de développement et les efforts gouvernementaux tendent à être orientés vers le secteur des pêches hauturières commerciales.
Quelles sont les mesures possibles pour lutter contre le déclin des stocks ?
Il faut gérer les ressources quand elles sont encore bien portantes, c’est le seul moment où l’on peut contrôler les prélèvements efficacement et sur le long terme. Il faut négocier les accès aux ressources qui sont des biens communs. Le poisson appartient généralement à celui qui le pêche alors qu’en réalité, il devrait appartenir à tous. C’est un bien commun et sa gestion doit être discutée avec toutes les parties prenantes – populations riveraines, pêcheurs, industriels, société civile, ONGs, scientifiques, etc. Parmi les outils de gestion, le contrôle de la pêche doit être une priorité. Il ne faut pas prélever plus que ce que nous donne la nature. C’est une règle élémentaire mais qui est bafouée la plupart du temps par l’avidité des capitaux et la tragédie des communs - une situation de compétition entre les pêcheurs pour l'accès à une ressource limitée créant un conflit entre l'intérêt individuel et le bien commun et qui aboutit à un résultat perdant-perdant. Aujourd’hui certaines espèces de requins, de tortues marines, de mammifères marins, mais aussi de thons, de marlins, et d’espadons, sont en danger. Il faut donc non seulement limiter la pression de la pêche sur ces espèces, mais aussi développer des espaces pour les préserver, c’est le but de la création d’Aires Marines Protégées (AMP).
Qu’est-ce qu’une AMP ? À quoi ça sert ?
En quelques décennies le nombre de pêcheurs a augmenté considérablement ce qui fait que presque tous les océans sont aujourd’hui exploités, que ce soit en profondeur ou en surface, et de nombreuses espèces sont menacées. Devant ce phénomène global il est important de laisser à la nature des espaces pour se reconstruire, sinon nous risquons de vider les océans rapidement. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une AMP est une zone pour laquelle la première vocation est la conservation des écosystèmes naturels. Il y a un grand intérêt pour toutes les pêcheries du monde, et les stocks de poissons en particulier, à préserver des zones d’abondances, fermées à la pêche, qui peuvent aider à la reconstitution des stocks. En effet, les poissons qui se reproduisent et grossissent dans les zones protégées débordent dans les zones de pêche adjacentes et profitent aux pêcheries. C’est ce que l’on appelle l’effet « spill-over ». Les activités industrielles, comme la pêche industrielle et l’extraction minière, ne sont pas possibles au sein des AMP, car elles ne sont pas compatibles avec la protection des écosystèmes. Des activités de pêches traditionnelles sont permises, mais il faut alors les contrôler, les gérer tout en respectant les ressources et les savoirs locaux. D’un point de vue économique, un milieu marin en bonne santé peut être une source incroyable de développement vers une autre forme d’économie : la préservation de la pêche côtière, le tourisme, mais aussi la sauvegarde (ou la constitution) d’un réservoir de nouvelles molécules issues des espèces à des usages de santé humaine et pour le développement de nouvelles technologies.
Est-ce que les AMP fonctionnent pour les espèces pélagiques ?
Les réserves marines sont efficaces pour préserver les stocks halieutiques, aussi bien pour les ressources côtières qu’hauturières. On s’aperçoit avec les nombreux marquages faits dans différentes régions que les poissons pélagiques ont, comme les humains, leurs habitudes : ils fréquentent souvent les mêmes lieux et reviennent dans des lieux de ponte bien précis, d’une année sur l’autre. De grandes réserves marines sont donc utiles pour la protection des espèces pélagiques menacées. Mais pour qu’elles soient efficaces, elles doivent couvrir une grande partie du bassin de vie des espèces pélagiques. Par ailleurs, les AMP du large permettent aussi de lutter contre toutes sortes d’incertitudes et de changements globaux qui affectent aujourd’hui les ressources marines, comme le changement climatique ou la pollution. Si aujourd’hui un certain nombre de grandes réserves marines ont été créées dans le monde, et en particulier dans le Pacifique, leur nombre s’avère toujours insuffisant. Il faudrait protéger entre 20 et 30% de nos espaces marins si nous voulons vraiment que les ressources ne fondent pas en quelques décennies à des niveaux dérisoires. L’avenir de notre sécurité alimentaire, de nos pêcheurs artisans et de leur savoir traditionnel est en jeu. Pourtant, actuellement, seulement trois pourcent de nos océans sont protégés! Nous devons radicalement changer nos façons d’exploiter le monde marin qui nous apporte bien plus que des tonnes de protéines.
Pourquoi créer une réserve dans une zone qui est déjà préservée avec des pressions humaines limitées ?
Ce que j’ai appris avec toutes ces années de recherche et de partenariat autour de la gestion des ressources marines est simple : il faut gérer les ressources quand elles sont encore peu exploitées, si l’on veut éviter la surexploitation ! La séquence est toujours la même : on exploite les ressources sans y voir aucune limite, en accroissant continuellement le nombre de bateaux et en améliorant la technologie et les méthodes de pêches. Par conséquent on se retrouve bien souvent dans des situations de surpêche qui deviennent ingérables d’un point de vue social, économique et bien évidemment écologique. L’absence de gestion écosystémique entraîne inéluctablement la disparition des ressources et in fine, des pêcheurs. Alors, protégeons les océans avant qu’il ne soit trop tard !