Autour de la tombe de Udre Udre ont été placées, en cercle, les pierres qui rappellent que pour chaque caillou, une victime humaine a été sacrifiée à l’appétit de l’anthropophage le plus célèbre des îles Fidji.
PAPEETE, le 10 février 2017- De tous les récits de la grande Mer du Sud concernant certains de ses personnages souvent violents et cruels, la vie du monstrueux Udre Udre dépasse sans doute en horreur tout ce qui a pu être fait par tel ou tel aventurier sans foi ni loi. Ce chef fidjien, grand guerrier lorsqu’il était jeune, terrible tyran jusqu’à la fin de sa vie, passe en effet pour avoir été le plus affamé des anthropophages, plusieurs centaines de personnes ayant figuré à ses “menus”…
Les îles Fidji (leur réputation n’avait pas été usurpée) avaient été surnommées les “îles aux cannibales” au cours du XIXe siècle, compte tenu du goût prononcé de leurs habitants pour la chair humaine. Il ne s’agit pas là de racontars, mais de faits très souvent constatés par des missionnaires comme par des marins. Et de fait, en remontant l'histoire de l'évangélisation de cet archipel, on est en effet souvent horrifié par les récits que firent les premiers missionnaires, témoins impuissants d’épouvantables massacres.
Un chef fidjien mérite pourtant un traitement à part, puisqu'il détient sans doute le record absolu de contemporains dévorés : 872 personnes !
Les îles Fidji (leur réputation n’avait pas été usurpée) avaient été surnommées les “îles aux cannibales” au cours du XIXe siècle, compte tenu du goût prononcé de leurs habitants pour la chair humaine. Il ne s’agit pas là de racontars, mais de faits très souvent constatés par des missionnaires comme par des marins. Et de fait, en remontant l'histoire de l'évangélisation de cet archipel, on est en effet souvent horrifié par les récits que firent les premiers missionnaires, témoins impuissants d’épouvantables massacres.
Un chef fidjien mérite pourtant un traitement à part, puisqu'il détient sans doute le record absolu de contemporains dévorés : 872 personnes !
Objectif : manger 1000 personnes !
Célèbre carte postale ancienne d’un cannibale fidjien. L’archipel avait la plus terrible des réputations dans l’Océanie à cause des pratiques d’une rare cruauté en vigueur dans ce groupe d’îles.
Ratu Udre Udre, chef dans le nord de l'île de Viti Levu, bien après que son peuple se soit converti au christianisme, mais aussi bien après que le drapeau anglais se fut imposé dans le ciel de l’archipel, n'a jamais cessé, dans son village, de se faire livrer de la chair humaine tout au long de sa vie. Sa gourmandise préférée provenait de guéguerres locales, de règlements de compte, de vengeances et de simples caprices, car quand il avait faim, on ne pouvait lui refuser son plat préféré.
Udre Udre, secrètement, avait un but : dévorer un millier de personnes, puisque selon une vieille croyance populaire locale, superstition pré européenne probablement, 1 000 victimes assuraient l'immortalité à celui qui les avait avalées ! Manque de chance, s'il faut en croire la comptabilité officielle (et, si horrible qu’elle soit, elle est précise !), Udre Udre mourut avec un score étonnant, 872 victimes, suffisant pour passer à la postérité comme étant le pire cannibale de l'histoire, mais insuffisant pour devenir immortel au panthéon de ses dieux.
Encore que, si l'on s'en réfère au fait que sa tombe fait partie des curiosités touristiques de Viti Levu aujourd'hui, il a, en fin de compte, atteint une certaine immortalité puisque plus de 165 ans après sa disparition, on parle encore de ses “exploits”.
Udre Udre, secrètement, avait un but : dévorer un millier de personnes, puisque selon une vieille croyance populaire locale, superstition pré européenne probablement, 1 000 victimes assuraient l'immortalité à celui qui les avait avalées ! Manque de chance, s'il faut en croire la comptabilité officielle (et, si horrible qu’elle soit, elle est précise !), Udre Udre mourut avec un score étonnant, 872 victimes, suffisant pour passer à la postérité comme étant le pire cannibale de l'histoire, mais insuffisant pour devenir immortel au panthéon de ses dieux.
Encore que, si l'on s'en réfère au fait que sa tombe fait partie des curiosités touristiques de Viti Levu aujourd'hui, il a, en fin de compte, atteint une certaine immortalité puisque plus de 165 ans après sa disparition, on parle encore de ses “exploits”.
Des chiffres précis et vérifiés
En 1872 et 1873, le cirque américain Barnum avait “importé” des îles Fidji deux indigènes présentés comme anthropophages, afin de faire frémir les foules de l’époque.
Tordons de suite le cou à ceux qui affirment avec beaucoup de légèreté que Ratu Udre Udre a mangé plus de 9 000 personnes ; ce chiffre est bien entendu beaucoup trop élevé pour avoir un fond de vérité.
Ratu Udre Udre, à raison de 50 kilos de viande par personne consommée, eut dû faire un nombre incalculable de repas. Ce chiffre fantaisiste n'est que l'extrapolation du chiffre de 872 à 900 ennemis mangés, ce qui est, en soi, suffisamment monstrueux convenons-en.
Ces chiffres morbides -mais précis- sont le fait du révérend Richard Lyth, qui fut en poste à Viti Levu, dans une mission proche du territoire du chef défunt. Lorsqu'il enquêta sur le passé de ce cannibale redouté de toute la population et dont il avait souvent entendu parler, il découvrit, là où il demeurait, des rangs de pierres, soigneusement placés côte à côte. Le religieux demanda alors au fils du chef, Ravatu, à quoi correspondaient ces pierres et celui-ci lui expliqua que pour tenir ses comptes à jour, son défunt père avait pris pour habitude de marquer d'une pierre chaque individu mangé.
Ratu Udre Udre, à raison de 50 kilos de viande par personne consommée, eut dû faire un nombre incalculable de repas. Ce chiffre fantaisiste n'est que l'extrapolation du chiffre de 872 à 900 ennemis mangés, ce qui est, en soi, suffisamment monstrueux convenons-en.
Ces chiffres morbides -mais précis- sont le fait du révérend Richard Lyth, qui fut en poste à Viti Levu, dans une mission proche du territoire du chef défunt. Lorsqu'il enquêta sur le passé de ce cannibale redouté de toute la population et dont il avait souvent entendu parler, il découvrit, là où il demeurait, des rangs de pierres, soigneusement placés côte à côte. Le religieux demanda alors au fils du chef, Ravatu, à quoi correspondaient ces pierres et celui-ci lui expliqua que pour tenir ses comptes à jour, son défunt père avait pris pour habitude de marquer d'une pierre chaque individu mangé.
Les aveux du fils de Udre Udre
Les célèbres fourchettes destinées à la consommation de chair humaine aux Fidji ; on en trouve dans de très nombreux musées autour du monde.
Selon son fils, Udre Udre avait un très solide appétit et raffolait de la chair humaine au point qu'il se faisait un point d'honneur à manger pratiquement toutes ses victimes sans rien laisser d’elles et sans rien gaspiller. Pour ce faire, il les faisait cuire et recuire, de manière à ce que la viande ne se gâte pas trop vite, et il conservait toujours avec lui une boîte dans laquelle il transportait de la chair cuite prête à être consommée, ne partageant ses repas avec personne.
Aujourd'hui, la tombe de celui que l'on peut considérer comme un monstre, n'en déplaise aux ethnologues de salon (son cannibalisme ne relevant que de la simple gourmandise ; jusqu’à preuve du contraire, elle fut un vice et même, si l’on se fie à St Thomas d’Aquin, l’un des sept péchés capitaux) se trouve à Rakiraki, au nord de Viti Levu et elle est cernée par les fameuses 872 pierres marquant le nombre de ses victimes.
Des témoignages recueillis après sa mort, on sait que le chef sanguinaire avait une habitude bien précise : lorsqu'il voyait que son stock de viande fraîche –ou fumée- diminuait au point qu'il allait être en manque, il faisait sonner le lali, une sorte de tambour creusé dans un tronc d'arbre et résonnant fort loin. Le son du lali signifiait pour ses guerriers et partisans qu'ils devaient lui ramener une proie, tandis que pour les populations environnantes, surtout les femmes et les enfants, c'était comme un glas qui sonnait pour eux, cibles privilégiées dès qu'ils ou elles s'éloignaient du cœur de leurs villages.
Aujourd'hui, la tombe de celui que l'on peut considérer comme un monstre, n'en déplaise aux ethnologues de salon (son cannibalisme ne relevant que de la simple gourmandise ; jusqu’à preuve du contraire, elle fut un vice et même, si l’on se fie à St Thomas d’Aquin, l’un des sept péchés capitaux) se trouve à Rakiraki, au nord de Viti Levu et elle est cernée par les fameuses 872 pierres marquant le nombre de ses victimes.
Des témoignages recueillis après sa mort, on sait que le chef sanguinaire avait une habitude bien précise : lorsqu'il voyait que son stock de viande fraîche –ou fumée- diminuait au point qu'il allait être en manque, il faisait sonner le lali, une sorte de tambour creusé dans un tronc d'arbre et résonnant fort loin. Le son du lali signifiait pour ses guerriers et partisans qu'ils devaient lui ramener une proie, tandis que pour les populations environnantes, surtout les femmes et les enfants, c'était comme un glas qui sonnait pour eux, cibles privilégiées dès qu'ils ou elles s'éloignaient du cœur de leurs villages.
Tués, dépecés et découpés sur place
Lorsque le son du lali résonnait dans les collines autour du repaire de Udre Udre, chacun se hâtait de rentrer chez soi, car on savait que le chef avait faim ! Malheur à l’étourdi qui se retrouverait isolé…
La technique de ceux qui chassaient pour Udre Udre était simple : il s'agissait d'attraper un individu, de lui fracasser le crâne avec un casse-tête, de le dépecer et de le découper immédiatement, sur place, de manière à ne rapporter au chef que les bons morceaux. A cette époque, dans la région, les guerres tribales étaient fréquentes, le cannibalisme tout autant, mais seul Udre Udre provoquait des conflits pour le seul plaisir de se remplir la panse.
L'épopée de l'anthropophage devint si célèbre qu'il y a quelques années, Udre Udre est même entré au Guinness World Book, gloire posthume, dans une spécialité où la concurrence est, Dieu merci, rare ; il est le “most prolific cannibal” de l'histoire, toutes périodes et tous continents confondus (avec un bilan de 872 à 999 personnes à son actif selon les sources ; pour notre part, nous conserverons le chiffre qui correspond aux pierres placées autour de sa tombe). Et d'ailleurs, aujourd'hui encore, le nom de Udre Udre inspire la peur à Viti Levu où certains parents n'hésitent pas à y faire référence pour faire rentrer dans le rang leurs enfants désobéissants. Le mythe de l'ogre est apparemment universel…
L'épopée de l'anthropophage devint si célèbre qu'il y a quelques années, Udre Udre est même entré au Guinness World Book, gloire posthume, dans une spécialité où la concurrence est, Dieu merci, rare ; il est le “most prolific cannibal” de l'histoire, toutes périodes et tous continents confondus (avec un bilan de 872 à 999 personnes à son actif selon les sources ; pour notre part, nous conserverons le chiffre qui correspond aux pierres placées autour de sa tombe). Et d'ailleurs, aujourd'hui encore, le nom de Udre Udre inspire la peur à Viti Levu où certains parents n'hésitent pas à y faire référence pour faire rentrer dans le rang leurs enfants désobéissants. Le mythe de l'ogre est apparemment universel…
Il préférait les gros…
Aujourd’hui, aux Fidji, dans les complexes hôteliers, les touristes peuvent savourer les mets préparés au four, à la manière du four tahitien ; évidemment, sans chair humaine !
Sa carrière, le chef fidjien la commença très tôt dit-on ; il était originaire de Draqara (presque Dracula…) dans la chaîne des montagnes de Nakauvadra. A cette époque, les conflits étaient permanents et les victimes destinées à passer au four étaient d'abord lavées à la rivière, au lieu-dit Kanakana Bridge. Le site est à environ un kilomètre du village de Buka, qui avait été complètement dévasté et détruit en 1819, au cours d'une guerre tribale, et qui a été reconstruit à partir de 1990.
De ses montagnes, Udre Udre se déplaça dans la région de Dakudaku, à environ une vingtaine de minutes par la route de la ville de Rakiraki. Au terme d'autres combats, les troupes de Udre Udre se scindèrent en deux groupes, l'un se rendant à Lovoni et Udre Udre s'établissant à Korolevu.
C'est de là, sur une hauteur, que le chef cannibale faisait entendre le sinistre son de son tambour de bois appelant au meurtre. “C'était valable pour tout le monde” a témoigné un ancien interrogé par les missionnaires ; “il préférait ceux qui étaient plutôt gros et en bonne santé, même les enfants. Et quand il voulait manger quelqu'un en particulier, il se contentait de le désigner.” Ses chasseurs tueurs faisaient le reste, avec toutefois une nuance ; quand la proie était capturée vivante, pas trop loin de l'antre de Udre Udre, le prisonnier lui était amené attaché, mais pas tué. “Il aimait les mettre à mort en leur frappant la tête sur une pierre coupante. A l'époque, pour ne pas être lui-même capturé, Udre Udre s'installa dans une zone de mangroves difficilement pénétrable, près de la ville actuelle de Rakiraki. En guerre, les chefs alliés proches de lui, à Rakiraki, s'efforçaient toujours de prévenir ses petites faims en lui fournissant d'eux-mêmes de la chair humaine qu'ils prélevaient sur les tués ou les prisonniers des camps adverses. Ils lui réservaient tout spécialement les têtes, a expliqué son fils et ils lui fournissaient d'autres morceaux au fur et à mesure de ses besoins, sage précaution pour éviter qu'à leur tour, ils ne finissent un jour au menu de leur leader.
De ses montagnes, Udre Udre se déplaça dans la région de Dakudaku, à environ une vingtaine de minutes par la route de la ville de Rakiraki. Au terme d'autres combats, les troupes de Udre Udre se scindèrent en deux groupes, l'un se rendant à Lovoni et Udre Udre s'établissant à Korolevu.
C'est de là, sur une hauteur, que le chef cannibale faisait entendre le sinistre son de son tambour de bois appelant au meurtre. “C'était valable pour tout le monde” a témoigné un ancien interrogé par les missionnaires ; “il préférait ceux qui étaient plutôt gros et en bonne santé, même les enfants. Et quand il voulait manger quelqu'un en particulier, il se contentait de le désigner.” Ses chasseurs tueurs faisaient le reste, avec toutefois une nuance ; quand la proie était capturée vivante, pas trop loin de l'antre de Udre Udre, le prisonnier lui était amené attaché, mais pas tué. “Il aimait les mettre à mort en leur frappant la tête sur une pierre coupante. A l'époque, pour ne pas être lui-même capturé, Udre Udre s'installa dans une zone de mangroves difficilement pénétrable, près de la ville actuelle de Rakiraki. En guerre, les chefs alliés proches de lui, à Rakiraki, s'efforçaient toujours de prévenir ses petites faims en lui fournissant d'eux-mêmes de la chair humaine qu'ils prélevaient sur les tués ou les prisonniers des camps adverses. Ils lui réservaient tout spécialement les têtes, a expliqué son fils et ils lui fournissaient d'autres morceaux au fur et à mesure de ses besoins, sage précaution pour éviter qu'à leur tour, ils ne finissent un jour au menu de leur leader.
Sa tombe, site touristique
A quelques kilomètres de Rakiraki, au nord de Viti Levu (où sévissait Udre Udre), les Fidjiens exploitent aujourd’hui une richesse naturelle exportée dans le monde entier, la “Fiji Water” eau de source haut de gamme très à la mode.
A cette époque, alors que les guerres étaient permanentes, la chair humaine était abondante et Udre Udre partageait son butin de viande avec ses amis, mais plus tard, après la prise de possession des Fidji par l'Angleterre et après la christianisation du pays, il devint beaucoup plus exclusif, ne partageant plus sa nourriture favorite
Comment le redoutable cannibale trouva-t-il la mort ? Nul ne le sait, personne n'en a gardé le moindre souvenir. Dans la mesure où il dispose d'une tombe, on peut penser qu'il n'a pas été mangé ; on ne connaît que l'année de sa disparition, 1849, toute la région, on l'imagine ayant poussé un formidable “ouf” de soulagement à l’annonce de son décès. Il repose en paix, pas très loin de la Kings Road, à dix minutes de la sortie de Rakiraki en direction de Tavua. Au fil des ans, ce tombeau est devenu une étape incontournable pour les touristes visitant Viti Levu.
Pour l'anecdote, le National Museum à Suva expose une partie de la table à manger de Udre Udre ainsi que différentes fourchettes de cérémonie destinées à la consommation de chair humaine.
La table, en quelque sorte, est toujours mise pour Udre Udre…
Texte : Daniel Pardon
Comment le redoutable cannibale trouva-t-il la mort ? Nul ne le sait, personne n'en a gardé le moindre souvenir. Dans la mesure où il dispose d'une tombe, on peut penser qu'il n'a pas été mangé ; on ne connaît que l'année de sa disparition, 1849, toute la région, on l'imagine ayant poussé un formidable “ouf” de soulagement à l’annonce de son décès. Il repose en paix, pas très loin de la Kings Road, à dix minutes de la sortie de Rakiraki en direction de Tavua. Au fil des ans, ce tombeau est devenu une étape incontournable pour les touristes visitant Viti Levu.
Pour l'anecdote, le National Museum à Suva expose une partie de la table à manger de Udre Udre ainsi que différentes fourchettes de cérémonie destinées à la consommation de chair humaine.
La table, en quelque sorte, est toujours mise pour Udre Udre…
Texte : Daniel Pardon