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Terres rares : une projection vidéo fait scandale à l'assemblée


Lors de l'intervention d'Antony Géros, jeudi matin à Tarahoi, alors que les élus RMA quittaient l'hémicycle.
Lors de l'intervention d'Antony Géros, jeudi matin à Tarahoi, alors que les élus RMA quittaient l'hémicycle.
PAPEETE, 28 janvier 2016 - La projection par le groupe UPLD dans l’hémicycle d’un document vidéo mêlant politique et information a révolté le groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA) dont les élus ont provisoirement quitté la séance, jeudi matin à Tarahoi.

"Prévenez-nous et faites-le au moment opportun ; mais pas de cette manière", a dénoncé la représentante RMA Nicole Bouteau, en milieu de matinée lorsque le groupe UPLD a demandé la lecture d’un document vidéo sur les écrans de l’hémicycle de Tarahoi. Lors de cette deuxième journée de la première séance de la session extraordinaire, la représentation polynésienne devait se pencher sur le projet de délibération relatif à la convention d’application n°16-15 du 27 janvier 2015 entre l’Etat, la Polynésie française et l’Institut de la recherche pour le développement finançant le projet « Expertise collégiale internationale sur les ressources minérales sous-marines de Polynésie française » dans le cadre de la convention d’exécution relative au volet « enseignement supérieur et recherche » du contrat de projets Etat-Polynésie française 2008-2014.

Le documentaire vidéo en question, d’une dizaine de minutes, a été réalisé par le Tavini Huiraatira à partir du montage de plusieurs sources "qui illustrent la potentialité de nos ressources minérales océaniques ", commente un des cadre du parti indépendantiste. Cette vidéo rappelle également l’engagement politique d'Oscar Temaru et du Tavini Huiraatira depuis 1986 sur cette question, notamment au sujet des nodules polymétalliques. Le Tahoera’a huiraatira et notamment son chef de file, Gaston Flosse, avait à l'époque tourné en ridicule une intervention du leader souverainiste à l’assemblée au sujet de ces ressources sous-marines. "Si on pouvait transformer les cailloux de Faa’a en or, on pourrait demander l’indépendance de notre Pays", s’était-il alors moqué. Mais les temps changent. Jeudi matin, les 18 élus du groupe orange ont cautionné la projection du document et visionné la vidéo.

Une demande de suspension de séance faite pour le compte du gouvernement par le ministre de l’Economie, Teva Rohfritsch, a été rejetée à l'unanimité (28) en l’absence du groupe RMA qui venait de quitter l'hémicycle.

Une "mascarade" pour le RMA

"Le règlement intérieur ne prévoit rien, pour l’instant. Il suffit que l’on prenne dans notre temps de parole : c’est notre droit. Si pendant notre temps de parole vous ne voulez pas écouter la vérité qui blesse, c’est votre droit", a défendu Antony Géros alors que les représentants du RMA quittaient l’hémicycle. "Mais vous serez comptables de ce qui se passe aujourd’hui devant les générations futures, demain", a ajouté le président du groupe UPLD jeudi en milieu de matinée avant d’obtenir la projection du document vidéo. " Si dans notre temps de parole on veut taper des savates sur la table, on le fera, c’est notre droit".

En fin de matinée, le groupe RMA a réagi dans un communiqué intitulé "Oscar Temaru fait sa propagande dans l’hémicycle" un coup fourré orchestré avec le Tahoeraa : "Episode ubuesque ce matin à l’Assemblée de la Polynésie française. Alors que les élus devaient approuver un projet de convention et son avenant relatifs aux « terres rares » dans le cadre du contrat de projet, le président du Tavini Huiraatira, Oscar Temaru a profité de la tribune de l’Assemblée et de son réseau internet, pour diffuser sa vidéo de propagande préparée dans la perspective de sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Du jamais vu dans l’hémicycle !

Ce dévoiement à notre institution a été orchestré avec la complicité de la présidente de séance et de l’ensemble du Tahoeraa, qui a oublié un peu vite – mais ils ne sont pas à une contradiction près - que c’est leur leader, Gaston Flosse, qui avait lui-même signé cette convention !
Comble de cette entorse au principe démocratique, le groupe majoritaire n’en avait même pas été informé au préalable en conférence des présidents. Le groupe RMA est donc sorti de l’hémicycle pour marquer sa forte protestation contre cette mascarade.
La mascarade est d’autant plus grande qu’hier (mercredi, ndlr), les groupes UPLD et Tahoeraa ont demandé audience au président Edouard Fritch qui leur a proposé la mise en place d’un groupe de travail sur le sujet des « terres rares » afin que la Polynésie française parle d’une seule voix, dépassant ainsi les intérêts de politique politicienne. Pour le Tahoeraa et l’UPLD, cette rencontre n’était finalement que du cinéma, d’où la projection d’un film en séance aujourd’hui !
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Vers 10 heures, jeudi matin à Tarahoi.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 28 Janvier 2016 à 11:33 | Lu 6392 fois