PAPEETE, le 21 novembre 2015 - Le Tavini ne veut pas lâcher la polémique sur le partage des compétences en matière minière entre le Pays et l'Etat. Après la réponse laconique de la ministre des Outre-mer, rappelant que la Polynésie est bien compétente en la matière, le parti d'Oscar Temaru affirme par communiqué que "la ministre nous prend pour des nodules".
Vous vous souvenez peut-être que tout était parti d'un article de Tahiti Infos du 15 septembre dernier, où dans une interview l'experte Sabine Lavorel, maître de conférences en droit public et spécialiste du Deep sea mineral project, rappelait que si les collectivités d'outre-mer sont compétentes en matière minière, l'exception se trouve dans les ressources stratégiques dont font partie les terres rares.
Un mois plus tard le Tahoera'a déposaient une résolution à l'Assemblée de Polynésie pour demander à ce que la Polynésie récupère cette prérogative. Le Tavini rebondissait sur la question, Oscar Temaru affirmant même : "Je ne suis pas d’accord pour demander à l’Etat de nous rendre ce qui nous appartient." Il proposait de porter le sujet jusque devant l'ONU.
En fin de semaine dernière, la ministre des Outre-mer semblait vouloir couper court au débat dans une lettre affirmant que "la Polynésie française est compétente, que ce soit sur terre ou dans la zone économique exclusive (ZEE), sur l'ensemble des ressources minérales" et que "ni les terres rares, ni les nodules polymétalliques ne rentrent dans le champ des "matières premières stratégiques"".
Le Tavini pas convaincu
Une réponse qui ne satisfait pas le parti bleu clair, qui rappelle dans son propre communiqué que la définition des ressources stratégiques se fait par un simple décret, susceptible d'être modifié à n'importe quel moment. Voici le communiqué complet :
"Terres rares, la ministre nous prend pour des nodules.
Dans un courrier qui dit tout et son contraire, la ministre George PAU-LANGEVIN pense que nous n’avons pas déjà lu le Statut, et que nous ignorions le décret de 1959 ou encore l'article R. 1333-1 du code de la défense fixant les matériaux dits stratégiques.
C’est vraiment nous prendre pour des « nodules », car depuis 1986, notre président, Oscar, Manutahi TEMARU parle de ces sujets. Mais, tout comme les Européens croient avoir « découvert » la Polynésie, madame la ministre croit visiblement nous faire découvrir les matériaux stratégiques.
Ce qu’elle oublie de nous rappeler, c’est que le décret de 1959 peut être changé à loisir par le premier ministre sur instruction du Président de la République, sans qu’aucun recours constitutionnel, ni recours légal ne puisse être opposé.
Elle oublie également, ou feint d’ignorer que, depuis 1959, l’État de l’art en matière de Nucléaire, et de Défense ont largement évolué et qu’en conséquence, la liste des éléments de la table périodique supposés « stratégiques » peut varier du tout au tout en un trait de plume.
En un mot comme en cent, si demain le ‘Omoto permettait de construire des appareils ou engins militaires stratégiques, croyez bien que le coco serait ajouté illico-presto à la liste des « matériaux stratégiques ».
Et ce, sans consultation aucune de notre pseudo-gouvernement dont le réel Président s’appelle à vrai dire François HOLLANDE.
Par ailleurs, Madame la ministre a une vision bien cartésienne et administrative de la géologie. Car enfin, si un gisement de terres rares « non stratégiques » (aujourd’hui) contient un pour cent d’un minerai stratégique, pensez-vous vraiment qu’il y aura une quelconque distinction ? Non, évidemment non. L’ensemble du gisement sera déclaré stratégique.
Madame la ministre peut nous faire la leçon tant qu’elle veut. Elle peut même nous faire de belles promesses d’équité et de bénéfice pour nos populations. Un Président de la République avant elle avait donné sa parole sur une « dette éternelle » qui aujourd’hui s’étiole. Un ministre des outre-mer avait donné sa parole sur des mesures compensatoires du retrait unilatéral de l’ITR ...
Nous savons tous que ces paroles sont enfouissables à loisir dans les profondeurs abyssales de la raison d’État."
Vous vous souvenez peut-être que tout était parti d'un article de Tahiti Infos du 15 septembre dernier, où dans une interview l'experte Sabine Lavorel, maître de conférences en droit public et spécialiste du Deep sea mineral project, rappelait que si les collectivités d'outre-mer sont compétentes en matière minière, l'exception se trouve dans les ressources stratégiques dont font partie les terres rares.
Un mois plus tard le Tahoera'a déposaient une résolution à l'Assemblée de Polynésie pour demander à ce que la Polynésie récupère cette prérogative. Le Tavini rebondissait sur la question, Oscar Temaru affirmant même : "Je ne suis pas d’accord pour demander à l’Etat de nous rendre ce qui nous appartient." Il proposait de porter le sujet jusque devant l'ONU.
En fin de semaine dernière, la ministre des Outre-mer semblait vouloir couper court au débat dans une lettre affirmant que "la Polynésie française est compétente, que ce soit sur terre ou dans la zone économique exclusive (ZEE), sur l'ensemble des ressources minérales" et que "ni les terres rares, ni les nodules polymétalliques ne rentrent dans le champ des "matières premières stratégiques"".
Le Tavini pas convaincu
Une réponse qui ne satisfait pas le parti bleu clair, qui rappelle dans son propre communiqué que la définition des ressources stratégiques se fait par un simple décret, susceptible d'être modifié à n'importe quel moment. Voici le communiqué complet :
"Terres rares, la ministre nous prend pour des nodules.
Dans un courrier qui dit tout et son contraire, la ministre George PAU-LANGEVIN pense que nous n’avons pas déjà lu le Statut, et que nous ignorions le décret de 1959 ou encore l'article R. 1333-1 du code de la défense fixant les matériaux dits stratégiques.
C’est vraiment nous prendre pour des « nodules », car depuis 1986, notre président, Oscar, Manutahi TEMARU parle de ces sujets. Mais, tout comme les Européens croient avoir « découvert » la Polynésie, madame la ministre croit visiblement nous faire découvrir les matériaux stratégiques.
Ce qu’elle oublie de nous rappeler, c’est que le décret de 1959 peut être changé à loisir par le premier ministre sur instruction du Président de la République, sans qu’aucun recours constitutionnel, ni recours légal ne puisse être opposé.
Elle oublie également, ou feint d’ignorer que, depuis 1959, l’État de l’art en matière de Nucléaire, et de Défense ont largement évolué et qu’en conséquence, la liste des éléments de la table périodique supposés « stratégiques » peut varier du tout au tout en un trait de plume.
En un mot comme en cent, si demain le ‘Omoto permettait de construire des appareils ou engins militaires stratégiques, croyez bien que le coco serait ajouté illico-presto à la liste des « matériaux stratégiques ».
Et ce, sans consultation aucune de notre pseudo-gouvernement dont le réel Président s’appelle à vrai dire François HOLLANDE.
Par ailleurs, Madame la ministre a une vision bien cartésienne et administrative de la géologie. Car enfin, si un gisement de terres rares « non stratégiques » (aujourd’hui) contient un pour cent d’un minerai stratégique, pensez-vous vraiment qu’il y aura une quelconque distinction ? Non, évidemment non. L’ensemble du gisement sera déclaré stratégique.
Madame la ministre peut nous faire la leçon tant qu’elle veut. Elle peut même nous faire de belles promesses d’équité et de bénéfice pour nos populations. Un Président de la République avant elle avait donné sa parole sur une « dette éternelle » qui aujourd’hui s’étiole. Un ministre des outre-mer avait donné sa parole sur des mesures compensatoires du retrait unilatéral de l’ITR ...
Nous savons tous que ces paroles sont enfouissables à loisir dans les profondeurs abyssales de la raison d’État."