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Remaniement : "Beaucoup de choses sont encore possibles" annonce Edouard Fritch


PAPEETE, 8 octobre 2015 - Interrogé jeudi en marge de la conférence de presse qu'il a donné pour annoncer la démission "sacrifice" de deux de ses ministres, Edouard Fritch affirme qu'il n'exclut pas une démission de la totalité de son gouvernement, si le budget primitif 2016 devait être "défiguré".

Vos soutiens à l'assemblée ne sont toujours que 26, potentiellement. Pensez-vous que cette opération peut motiver de nouveaux élus à vous rejoindre ?

Edouard Fritch : Je pense qu'effectivement le fait que nous évoluions à l'assemblée et que nous passions à 26 au début du mois prochain, après leurs démissions va provoquer je pense une prise de conscience de la part de certains élus Tahoera'a Huiraatira. (...) Le fait que nous nous rapprochions de 29 annonce une majorité imminente. Il ne nous en manque plus que trois pour y arriver et j'espère que cette prise de conscience sera effective dans les jours à venir.

Vous avez confiance dans le fait que des élus vous rejoignent ?

Edouard Fritch : Je fais confiance à leur maturité politique, à leur conscience. Nous jouons aujourd'hui une partie importante de la vie de ce pays et je crois, je reste persuadé, qu'ils en sont eux-mêmes conscients.

Pourquoi avoir choisi de répartir les attributions ministérielles plutôt que de remplacer les ministres démissionnaires ?

Edouard Fritch : Pour l'heure j'estime que ça risque de compliquer beaucoup les choses. Nous avons un budget en cours de préparation. Vous verrez que c'est un budget encore difficile. La situation financière du Pays n'est pas complètement assainie. J'ai travaillé avec les deux ministres démissionnaires dans des secteurs sensibles : l'Agriculture ; la Jeunesse. Ils ont consenti des économies importantes. Je ne veux pas rediscuter de cela demain. Je vais attendre que le budget soit voté pour trouver ensuite l'artisan qui mettra tout cela en œuvre.

Vous avouez qu’il est difficile de gouverner dans la situation actuelle. Qu’est-ce qui pourrait motiver votre démission, le cas échéant ?

Edouard Fritch : Je crois que tous les journalistes présents aujourd’hui se sont bien rendu compte que c’est le budget. Nous avons mis beaucoup d’énergie à concevoir ce budget. S’il devait être défiguré, transformé, euh… Je considérerais effectivement à ce moment-là que ma mission est terminée. Je ne vais pas m’accrocher au pouvoir. Je suis arrivé là pour les raisons que vous connaissez ; mais je ne m’accrocherai pas.
Il y a des éléments forts dans ce budget (…). J’essaye de contenir les emprunts pour ne pas que ce pays s’endette. Je sais que c’est risqué, parce qu’il nous faut investir. Mais je pense à l’avenir. (…) (Si ce budget était défiguré) ce serait dommage et j’estimerais que l’on ne me donne pas les moyens de réaliser mes objectifs
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Doit-on comprendre que si le budget primitif 2016 ne passait pas comme vous le souhaitez, vous démissionneriez ?

Edouard Fritch : Non. Je dis que si le budget est défiguré, retoqué, qu’aurais-je à continuer à diriger ce Pays. Il faut se poser des questions. Je m’en pose aujourd’hui en descendant mes deux meilleurs amis du gouvernement. Croyez-vous que je le fais sans peine ? Je le fait dans l’intérêt de la majorité. Demain si ce budget est défiguré ; s’il ne correspond pas à la ligne directrice qui est la nôtre – puisque nous n’avons pas la majorité, l’opposition peut nous faire inscrire ce qu’elle veut au budget –, je dis que je ne suis pas accroché au pouvoir. Et que s’il faut prendre une décision, je le ferai.

Quelles sont vos options ?

Edouard Fritch : Beaucoup de choses sont encore possibles. On peut démissionner tout le gouvernement, par exemple. Qu’en pensez-vous ? On retournerait tous à l’assemblée et on se retrouverait à 29 : parce que nous sommes 29. Tapura Huiraatira + ATP, ça fait 29. Et là, on peut prendre beaucoup de décisions, avant d’arriver à celle que vous souhaitez m’entendre dire, c’est-à-dire une dissolution. Beaucoup de choses peuvent se passer. (…) Mais ce n’est pas un jeu, les choses doivent être mûrement réfléchies avant de prendre de telles décisions.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 8 Octobre 2015 à 17:19 | Lu 1768 fois