PAPEETE, le 10 juillet 2015 - L'association Raumatariki de Rapa œuvre à la protection d'un milieu riche et menacé sur l'île : la forêt semi-sèche. Mais avant d'en arriver là, la mise au point d'un protocole de sauvegarde a succédé à la rédaction de recommandations qui a elle-même succédé à un minutieux état des lieux. Retour sur 13 années d'actions.
"On ne fait pas des inventaires pour faire des inventaires", rappelle Jean-Yves Meyer, le délégué à la recherche de Polynésie française. "On en fait pour mieux gérer les espaces naturels et pour améliorer la conservation d'espèces menacées". Ainsi, aux Australes, entre 2002 et 2004, plusieurs missions scientifiques d'inventaires ont été organisées sur les différentes îles de l'archipel (voir encadré). Ces missions ont montré que les Australes en général et Rapa en particulier possédait une flore extrêmement riche. "C'est un point chaud de la biodiversité", assure Jean-Yves Meyer. Les missions ont permis la découverte de nouvelles espèces dont la Bidens meyeri (en hommage au délégué à la recherche de Polynésie française) et la mise en place d'un plan de sauvegarde de forêt semi-sèche à Rapa initié par Tiffany Laitame.
ONGULÉS ET GOYAVIERS
Tiffany Laitame est actuellement en thèse auprès de l'Unité mixte de recherche Écosystèmes insulaires océanique. Un travail qui fait suite à un stage sur la "conservation et caractérisation des vestiges de forêt naturelle sur l'île de Rapa" réalisé au cours de son Master 2 recherche en 2010-2011. "Je suis originaire de Rapa", raconte Tiffany Laitame. "L'objectif de mes recherches depuis mon stage de Master 2 est d'établir un protocole expérimental de restauration d'une forêt semi-sèche et des indicateurs de suivi de cette restauration. Pour choisir le milieu à restaurer, je me suis appuyée sur l'état des lieux des missions d'inventaires floristiques entre 2002 et 2004 et sur les recommandations qui en ont découlé."
À Rapa, la forêt semi-sèche est mise en danger par le passage des ongulés, les chèvres, les chevaux et les bœufs laissés en liberté et par les espèces envahissantes, dont le fameux goyavier de Chine. Pour rappel, une espèce envahissante est une espèce qui perturbe un lieu de vie dont elle n'est pas originaire en prenant la place d'espèces qui, elles, sont originaires de ce lieu de vie. "J'ai tenu compte de ces menaces pour travailler", indique Tiffany Laitame, "sur papier, j'ai quadrillé une partie de la forêt à protéger en parcelles de 12 mètres sur 12. Certaines de ces parcelles devaient être clôturées pour empêcher le passage des animaux, d'autres devaient être débarrassées du goyavier de Chine, d'autres encore devaient être à la fois clôturées et débarrassées du goyavier de Chine. Enfin, j'ai laissé une parcelle dite témoin où il ne fallait toucher à rien pour garder un point de comparaison."
L'AVIS DU TOOHITU
Pour passer de la théorie à la pratique, Tiffany Laitame a dû se présenter devant le Conseil des sages, le Toohitu, car à Rapa il n'y a pas de cadastre. Le Toohitu seul est habilité à donner des autorisations pour s'installer, travailler, aménager. Sans surprise, Tiffany Laitame a obtenu l'accord et le soutien du Conseil des sages. Et pour aller plus loin, elle a créé une association, l'association Raumatariki, avec des habitants de l'île pour impliquer la population et inscrire son action dans la durée. Tiffany Laitame a mis en application son protocole théorique retournant ensuite sur le terrain tous les six mois pendant deux ans pour suivre l'évolution de ses recherches. "Bilan, j'ai pu constater une régénération des espèces endémiques sur les parcelles clôturées et débarrassées du goyavier de Chine". Des conclusions qui serviront à l'association Raumatariki pour poursuivre la protection de la forêt semi-sèche. Ainsi s'achève l'étude de la doctorante dans le cadre de sa thèse. "La recherche n'est pas là pour protéger l'environnement, mais pour donner les moyens aux institutions, particuliers, associations de protéger l'environnement. Ce que montre ce travail est l'importance du suivi sur le long terme d'un protocole établi", insiste Jean-Yves Meyer.
"On ne fait pas des inventaires pour faire des inventaires", rappelle Jean-Yves Meyer, le délégué à la recherche de Polynésie française. "On en fait pour mieux gérer les espaces naturels et pour améliorer la conservation d'espèces menacées". Ainsi, aux Australes, entre 2002 et 2004, plusieurs missions scientifiques d'inventaires ont été organisées sur les différentes îles de l'archipel (voir encadré). Ces missions ont montré que les Australes en général et Rapa en particulier possédait une flore extrêmement riche. "C'est un point chaud de la biodiversité", assure Jean-Yves Meyer. Les missions ont permis la découverte de nouvelles espèces dont la Bidens meyeri (en hommage au délégué à la recherche de Polynésie française) et la mise en place d'un plan de sauvegarde de forêt semi-sèche à Rapa initié par Tiffany Laitame.
ONGULÉS ET GOYAVIERS
Tiffany Laitame est actuellement en thèse auprès de l'Unité mixte de recherche Écosystèmes insulaires océanique. Un travail qui fait suite à un stage sur la "conservation et caractérisation des vestiges de forêt naturelle sur l'île de Rapa" réalisé au cours de son Master 2 recherche en 2010-2011. "Je suis originaire de Rapa", raconte Tiffany Laitame. "L'objectif de mes recherches depuis mon stage de Master 2 est d'établir un protocole expérimental de restauration d'une forêt semi-sèche et des indicateurs de suivi de cette restauration. Pour choisir le milieu à restaurer, je me suis appuyée sur l'état des lieux des missions d'inventaires floristiques entre 2002 et 2004 et sur les recommandations qui en ont découlé."
À Rapa, la forêt semi-sèche est mise en danger par le passage des ongulés, les chèvres, les chevaux et les bœufs laissés en liberté et par les espèces envahissantes, dont le fameux goyavier de Chine. Pour rappel, une espèce envahissante est une espèce qui perturbe un lieu de vie dont elle n'est pas originaire en prenant la place d'espèces qui, elles, sont originaires de ce lieu de vie. "J'ai tenu compte de ces menaces pour travailler", indique Tiffany Laitame, "sur papier, j'ai quadrillé une partie de la forêt à protéger en parcelles de 12 mètres sur 12. Certaines de ces parcelles devaient être clôturées pour empêcher le passage des animaux, d'autres devaient être débarrassées du goyavier de Chine, d'autres encore devaient être à la fois clôturées et débarrassées du goyavier de Chine. Enfin, j'ai laissé une parcelle dite témoin où il ne fallait toucher à rien pour garder un point de comparaison."
L'AVIS DU TOOHITU
Pour passer de la théorie à la pratique, Tiffany Laitame a dû se présenter devant le Conseil des sages, le Toohitu, car à Rapa il n'y a pas de cadastre. Le Toohitu seul est habilité à donner des autorisations pour s'installer, travailler, aménager. Sans surprise, Tiffany Laitame a obtenu l'accord et le soutien du Conseil des sages. Et pour aller plus loin, elle a créé une association, l'association Raumatariki, avec des habitants de l'île pour impliquer la population et inscrire son action dans la durée. Tiffany Laitame a mis en application son protocole théorique retournant ensuite sur le terrain tous les six mois pendant deux ans pour suivre l'évolution de ses recherches. "Bilan, j'ai pu constater une régénération des espèces endémiques sur les parcelles clôturées et débarrassées du goyavier de Chine". Des conclusions qui serviront à l'association Raumatariki pour poursuivre la protection de la forêt semi-sèche. Ainsi s'achève l'étude de la doctorante dans le cadre de sa thèse. "La recherche n'est pas là pour protéger l'environnement, mais pour donner les moyens aux institutions, particuliers, associations de protéger l'environnement. Ce que montre ce travail est l'importance du suivi sur le long terme d'un protocole établi", insiste Jean-Yves Meyer.
"Pour que Rapa iti ne devienne pas comme Rapa nui
Une première mission scientifique, financée par le National geographic, a été organisée à Rapa en 2002. Elle a duré un mois et a été menée par les botanistes Timothy S.Motley, Ken Wood et Steeve Perlman qui se sont focalisés sur les plantes vasculaires (plantes à fleurs et fougères). Une seconde mission pluridisciplinaire, financée par le contrat de développement État/Pays, a permis l'inventaire de la faune et de la flore sur toutes les îles des Australes. Elle s'est découpée en plusieurs expéditions réalisées entre 2002 et 2004. De là sont nées des cartes, des descriptions, des présentations consignées dans deux ouvrages. Le premier intitulé Biodiversity of the Austral islands, french polynesia de Jean-Yves Meyer et Elin M. Claridge édité par le Museum d'histoire naturelle en 2014. Le second est exclusivement dédie à Rapa. Il est principalement destiné aux habitants et gestionnaires locaux pour que "Rapa iti ne devienne pas Rapa nui", précise Jean-Yves Meyer. Intitulé Rapa, guide de la flore indigène et endémique, il a été publié en collaboration avec la Délégation à la recherche et la Direction de l'environnement.
Une première mission scientifique, financée par le National geographic, a été organisée à Rapa en 2002. Elle a duré un mois et a été menée par les botanistes Timothy S.Motley, Ken Wood et Steeve Perlman qui se sont focalisés sur les plantes vasculaires (plantes à fleurs et fougères). Une seconde mission pluridisciplinaire, financée par le contrat de développement État/Pays, a permis l'inventaire de la faune et de la flore sur toutes les îles des Australes. Elle s'est découpée en plusieurs expéditions réalisées entre 2002 et 2004. De là sont nées des cartes, des descriptions, des présentations consignées dans deux ouvrages. Le premier intitulé Biodiversity of the Austral islands, french polynesia de Jean-Yves Meyer et Elin M. Claridge édité par le Museum d'histoire naturelle en 2014. Le second est exclusivement dédie à Rapa. Il est principalement destiné aux habitants et gestionnaires locaux pour que "Rapa iti ne devienne pas Rapa nui", précise Jean-Yves Meyer. Intitulé Rapa, guide de la flore indigène et endémique, il a été publié en collaboration avec la Délégation à la recherche et la Direction de l'environnement.