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Radicalisation à Nuutania : "Il faut rester à l'écoute des signaux faibles et être réactif ", explique René Bidal


Certains détenus de Nuutania condamnés à de longues peines sont parfois envoyés à Fleury Mérogis. Il arrive que certains reviennent "sous influence"
Certains détenus de Nuutania condamnés à de longues peines sont parfois envoyés à Fleury Mérogis. Il arrive que certains reviennent "sous influence"
PAPEETE, le 01 août 2016- En métropole, le nombre de personnes converties à l'islam et radicalisées en prison a explosé ces dernières années. A Nuutania, un détenu a récemment tenu des propos laissant penser qu'il serait en voie de radicalisation.

Pas de fichés "S" en Polynésie française, mais une surveillance accrue des profils de personnes qui pourraient se radicaliser. Récemment, un détenu de Nuutania, converti à l'islam, a tenu des propos surprenants en matière de religion. Le haut-commissaire de la République française en Polynésie française se réunit tous les mois avec la cellule radicalisation du territoire pour surveiller le phénomène. "Vous ne pouvez pas empêcher les musulmans de faire du prosélytisme entre les murs de la prison. Ce que je souhaite c'est que l'administration pénitentiaire suive ces cas particuliers qui ne sont pas particulièrement inquiétants par rapport au parcours de radicalisation", explique le représentant de l'État.

Selon les Autorités, la Polynésie reste encore un territoire préservé de toute radicalisation. S'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, les forces de l'ordre sont à pied d'œuvre pour prévenir, plutôt que guérir. "Lorsque l'on a connu autre chose ailleurs, on ne s'inquiète pas de ce genre de prosélytisme. Ce qui est par contre important, c'est que le service pénitentiaire surveille tout ça. Ensuite au moment où je réunis la cellule de lutte contre la radicalisation, même si les signaux sont très faibles ici, nous faisons le point pour savoir s'ils ont relevé ce genre de comportement à l'intérieur du bâtiment."


René Bidal lors d"une visite à Nuutania le 29 juillet
René Bidal lors d"une visite à Nuutania le 29 juillet
PRENDRE LES MESURES QUI S'IMPOSENT

Pour l'heure, le parquet n'a reçu aucun signalement. Malgré les expressions d'un prisonnier, il n'y a pas pour l'heure de phénomène de radicalisation. "Si le parquet appréciait en fonction de ce qui lui est rapporté, qu'il y avait une radicalisation à proprement parlé et un prosélytisme fort à l'intérieur de la prison, bien entendu, il prendrait les mesures qui s'imposent", ajoute René Bidal.

Les autorités du territoire, le personnel de surveillance de la prison sont à l'écoute et restent vigilants. Les personnes qui ont fait un séjour dans une prison en métropole et qui tiendraient, à leur retour, des propos inquiétants, seront placées sous surveillance.
Le haut-commissaire estime : "Je ne pense pas qu'on puisse imaginer qu'il y ait un seul territoire aujourd'hui qui soit épargné par la menace terroriste. Il faut rester à l'écoute des signaux faibles et être réactif dans l'hypothèse où nous aurions une appréciation qui laisse penser que nous sommes dans un parcours de radicalisation. En tout cas, s'agissant des centres de détention de Polynésie française, je n'ai pas de signaux qui sont des signaux d'alerte forts sur un parcours de personnes radicalisées qui prôneraient le terrorisme."



Rédigé par Amelie David le Lundi 1 Août 2016 à 06:41 | Lu 6358 fois