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Projet d'île flottante : mise à l'eau prévue en 2018


PAPEETE, le 16 janvier 2017 - Vendredi 13 janvier, un protocole d'accord a été signé entre le gouvernement polynésien et le Seasteading Institute. Les études de faisabilité ont commencé. L'organisation prévoit de lancer son prototype dans un an.

"C'est l'aboutissement de huit ans de travail", se réjouit Marc Collins, collaborateur associé au Seasteading Institute, trois jours après la signature du protocole d'accord entre le groupe et le gouvernement polynésien sur un projet d'île flottante au fenua.

L'organisation non gouvernementale californienne rassemble des experts et des investisseurs qui ont pour objectif de développer des cités flottantes en s’appuyant sur des technologies innovantes et écologiques. Ces plateformes flottantes modulaires peuvent être propices à l’implantation de résidences ou d’activités économiques comme des parcs d’affaires, des activités aquacoles ou encore des instituts de recherche.

Après une première prospection au fenua en septembre dernier, le Seasteading Institute et le Pays ont signé un protocole d'accord. Cette signature va permettre aux dirigeants du Seasteading et à leurs investisseurs de faire des études sur le terrain afin de rendre compte de la viabilité, ou non, de leur projet. "Nous allons analyser tous les aspects de cette île flottante : économiques, environnementaux, sociétaux… Nous ne ferons pas ce projet en Polynésie sans les Polynésiens et sans l'aval du gouvernement", assure Randolph Hencken directeur exécutif du Seasteading Institute.

Dernièrement, un vent de critiques et d'inquiétudes a soufflé sur le projet via les réseaux sociaux et les médias. "Ce projet pourrait être bénéfique pour la Polynésie au niveau local car les investisseurs vont emprunter l'aéroport, les routes et les hôtels. Pour notre projet, nous aurons besoin d'employer des locaux pour le faire fonctionner."

CADRE JURIDIQUE À DÉFINIR

L'un des volets les plus importants de ces études concernera l'aspect juridique du projet. En effet, rien ne prévoit une telle implantation dans les eaux de la Polynésie française. Le gouvernement et le Seasteading travailleront ensemble pour mettre sur pied un cadre légal à cette île flottante. "Ce MoU (NDLR : protocole d'accord), est un travail conjoint avec le Pays. Nous ne ferons rien sans eux. Rien n'est fait dans la précipitation. Il a fallu plus de trois mois pour ce MoU, qui signifie juste que nous nous mettons d'accord pour étudier quelque chose, pas que le projet va se faire. C'est un processus très sain et démocratique", renchérit Marc Collins. Le Seasteading et le Pays devront réfléchir à la réglementation pour cette cité flottante et à la création d'une zone économique particulière.

Après la signature du protocole, le Seasteading Institute a souhaité rassembler des entreprises américaines spécialisées dans le numérique et l’économie bleue, qui pourraient contribuer à la réalisation d’une base de vie flottante lors d'un séminaire qui a eu lieu samedi à San Francisco. En effet, le besoin de produire de l’eau potable, de produire de l’énergie, de traiter ses déchets, de préserver l’environnement marin, tout en hébergeant une véritable économie numérique et une économie bleue est imputable à cette idée de plateforme flottante.

Divers ateliers sur la question se tiennent tout au long de la semaine aux Etats-Unis. "D'ici, nous allons pouvoir déterminer par quoi commencer ainsi que qui et à quel moment, nous allons devoir nous rendre à Tahiti", détaille Randolph Hencken.


OBJECTIF 2018

Le protocole d'accord signé, les membres du Seasteading Institute n'ont plus qu'un seul objectif : mettre à l'eau le prototype en 2018. Si l'opération réussit, l'ONG prévoit de développer son concept ailleurs dans le monde.

"C'est une nouvelle industrie que nous sommes en train de créer. Avec le niveau de l'eau qui monte, les îles du Pacifique sont menacées. Nous espérons que nous pourrons répandre notre projet un peu partout dans le Pacifique pour résoudre ce problème. La technologie de ces îles flottantes ne peut se faire sans la population", affirme Randolph Hencken.

Un projet avorté au Honduras

L'équipe du Seasteading Institute travaille sur le projet depuis 2008. Avant de venir en Polynésie, les dirigeants de l'ONG s'étaient tournés vers le Honduras. Finalement, le projet ne s'est pas fait là-bas. Randolph Hencken explique : "Il n'y avait pas assez de transparence dans la politique du gouvernement. Nous avons senti qu'il y avait beaucoup de corruption et de problèmes là-bas… De plus, nous sommes beaucoup plus heureux d'installer notre projet à Tahiti. Il n'y a pas de corruption et tout se fait dans un souci de transparence. Il y a une bonne administration et des institutions stables."

Une ligne directe vers San Francisco?

Michel Monvoisin, P-dg de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui était aussi de la partie à San Francisco. Selon certains bruits, le P-dg a fait partie du voyage pour discuter de l'éventuelle ouverture d'une ligne reliant la Polynésie à San Francisco.
L'espoir de certains est vite balayé par Michel Monvoisin : "J'ai accompagné Jean-Christophe Bouissou là-bas, à sa demande, car j'étais déjà à Los Angeles pour d'autres affaires. Comme dans toutes les villes où je vais, les gens m'ont demandé pourquoi il n'y avait pas de liaison directe entre Papeete et San Francisco. Certains voudraient que Air Tahiti Nui en ouvre une, mais pour faire quoi? Il n'y a aucun intérêt à en avoir une. Hawaiian Airlines a déjà étudié la chose et s'est rendu compte que cela ne marcherait pas. De plus, nous assurons déjà une liaison vers San Francisco, en passant par Los Angeles. Quand les gens vont là-bas avec Air Tahiti Nui, les bagages vont jusqu'à San Francisco et ils ont leur carte d'embarquement dès Papeete."

Un projet "très loin dans le futur"

Peter Thiel est un millionnaire américain qui a participé financièrement à la création du Seasteading Institute en 2008. Il a démissionné du comité de direction en 2011. Le 11 janvier dernier, il a donné une interview au New York Times, dans laquelle il s'explique sur son engagement politique auprès du nouveau président américain, Donald Trump. Le projet du Seasteading Institute y est aussi brièvement évoqué.
Peter Thiel explique que ces îles flottantes "ne sont pas vraiment réalisables d'un point de vue technique" et que le projet reste "très loin dans le futur."
Randolph Hencken précise que la dernière fois qu'il a parlé à Peter Thiel était en 2014. "J'ai attendu d'avoir un projet sûr pour lui en parler. Bien sûr que de construire ce type de projet en plein océan reste très loin dans le temps! C'est pourquoi nous sommes en train de construire cette relation avec Tahiti, pour y installer un prototype."

Rédigé par Amelie David le Lundi 16 Janvier 2017 à 17:45 | Lu 16805 fois