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Philippe Legorjus (ex-GIGN) : "des Kanaks ont été exécutés à Ouvéa"


Philippe Legorjus (ex-GIGN) : "des Kanaks ont été exécutés à Ouvéa"
NOUMEA, 3 juin 2011 (AFP) - Philippe Legorjus, ancien patron du GIGN, a affirmé que des indépendantistes kanaks avaient été exécutés en 1988 lors de l'assaut de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, ont rapporté vendredi les Nouvelles Calédoniennes.

"Je n'ai pas assisté aux exécutions mais j'ai vu des choses. Par exemple la manière dont Alphonse Dianou a été traité après l'assaut. Il est mort d'un manque de soins", a déclaré l'ancien militaire.

"Pour les autres (deux Kanaks, ndlr), les debriefings ont bien montré qu'il y avait eu exécution. Effectivement", a-t-il ajouté.

Emmené par le militant indépendantiste Alphonse Dianou, un commando du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) a attaqué le 22 avril 1988 la gendarmerie de la petite île d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes.

Les activistes avaient ensuite emmené une quinzaine d'otages dans la grotte de Gossanah, en pleine élection présidentielle.

Le 5 mai 1988, l'opération "Victor" était déclenchée pour libérer les otages. Deux militaires trouvèrent la mort et 19 Kanaks étaient tués, suscitant ensuite une vive controverse sur les conditions de leur mort.

"Il y a eu une loi d'amnistie dans le mois qui a suivi. Je trouve cela aberrant", a également déclaré Philippe Legorjus, qui a quitté la gendarmerie peu de temps après le drame d'Ouvéa.

Ses déclarations interviennent à quelques mois de la sortie, le 21 septembre, du film de Mathieu Kassovitz "L'ordre et la Morale", qui retrace ces événements et dans lequel le réalisateur incarne également le personnage de Philippe Legorjus.

"(Ce film) est très beau et reflète bien la réalité", a déclaré Philippe Legorjus, soulignant que le réalisateur avait revu son scénario initial "trop caricatural" pour livrer finalement un film "équilibré".

L'épisode de la grotte d'Ouvéa avait provoqué un électrochoc en Nouvelle-Calédonie. Moins de deux mois après, indépendantistes kanaks et "caldoches" loyalistes avaient enterré la hache de guerre, en signant le 26 juin 1988 sous l'égide du Premier ministre de l'époque, Michel Rocard, les accords de Matignon.

cw/dar

Rédigé par AFP le Jeudi 2 Juin 2011 à 19:19 | Lu 3843 fois