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Pêche hauturière : quatre axes de développement


(Crédit photo : Pew Polynésie)
(Crédit photo : Pew Polynésie)
PAPEETE, le 6 septembre 2017 - Lancée en janvier dernier, l'étude sur le schéma directeur de la pêche hauturière vient d'être présentée aux professionnels du secteur. Quatre scenarii ont été retenus.

Le développement de la pêche hauturière avait échoué en première instance. Un peu plus de 15 ans après cette tentative avortée, un nouveau projet est à flots. Depuis plus d'un an, un schéma directeur de développement de la pêche hauturière est en préparation. Une action attendue depuis longtemps chez certains des professionnels de la pêche qui reconnaissent que ce secteur a besoin d'être "structuré et réorganisé".

Pour ce faire, le Pays a confié l'étude de ce schéma à Fisheries & Maritime Affairs (F&S) en janvier dernier. Le coût annoncé était alors de plus de 21 millions de francs, financé à 50% par le Pays et 50 % par l'AFD. La restitution de ces travaux a eu lieu ce mercredi à la présidence, en compagnie des acteurs de la filière et des partenaires de l'Etat, mais à laquelle la presse n'a pas pu assister.

Les quatre scenarii élaborés par le bureau d'étude ont été dévoilés. Le premier a pour objectif de consolider le modèle actuel de la flotte polynésienne de pêche fraiche ciblant le germon. Le deuxième devrait permettre la diversification complémentaire en ciblant de façon saisonnière l'espadon au Sud de la zone économique exclusive (ZEE) polynésienne. Le but du troisième scénario est de permettre la reprise du métier de la congélation de longes de thon. Enfin, la quatrième consiste à développer les métiers en froid hyper négatif à l'instar des flottes palangrières asiatiques, notamment sur le thon obèse.

"Aujourd'hui, la réflexion est positive puisque les armateurs se reconnaissent dans les différents scenarii. L'important est de pouvoir consolider les moyens règlementaires, les moyens de soutiens financiers, de coordonner la formation avec les différents partenaires ou même les privés directement qui peuvent former à bord leurs propres marins. Tout cela doit pouvoir contribuer à doubler notre production dans les prochaines années", a commenté le ministre des Ressources primaires, Tearii Alpha, au sortir de la réunion.

DES SCENARII COMPLÉMENTAIRES

Ces différents scenarii ne s'opposent pas, bien au contraire. Pour le ministre en charge du dossier, ils sont complémentaires. "Les armateurs se reconnaissent dans un mix des quatre scenarii ou choisissent un scenario particulier. Aujourd'hui, un bateau qui vient d'être baptisé sur le port de pêche va proposer de travailler dans différents scenarii tout au long de l'année", continue Tearii Alpha.

Le Pays entend se donner le moyen de ses ambitions. Dans ce schéma directeur, il est prévu de développer la flotte tout en permettant une exploitation durable des ressources.

Pour autant, développement ne veut pas dire débordement. Afin d'atteindre cet objectif dans les 10 prochaines années, de nouvelles licences de pêche pourront être accordées. Objectif : aller dans les zones inexploitées jusqu'alors à l'intérieur comme à l'extérieur du périmètre de la ZEE.

"Nous sommes conscients que notre ZEE est une aire marine qu'il faut gérer pour nos besoins propres. Nous ne souhaitons pas l'ouvrir à la pêcherie internationale. Par contre, il faut s'adapter pour sortir de la ZEE. Autour de nous, il y a des zones libres donc il faut y aller et pouvoir en revenir avec des cales pleines."

Le ministre souhaite aussi une concertation avec les pêcheurs côtiers afin que la ressource profite à tous. Hors de question que les thoniers viennent empiéter sur les platebandes des potimarara ou bonitiers. " Il faut faire cohabiter nos différentes pêcheries."

Ce schéma directeur sera proposé en conseil des ministres dès la semaine prochaine selon Tearii Alpha. S'il est validé, le texte sera ensuite envoyé à l'assemblée de la Polynésie française, en premier lieu en commission des ressources marines puis en séance plénière. Tearii Alpha espère que cette proposition saura séduire les élus de Tarahoi autant que les professionnels.

Les armateurs se disent "satisfaits"

• Henry Bustcher, armateur depuis 2000, propriétaire de 10 bateaux :

" Ce schéma est un tableau de bord qui va nous guider. Nous allons recevoir l'étude détaillée bientôt. Ce schéma directeur va permettre de débloquer la situation avec la défiscalisation métropolitaine. C'est très bien. Je trouve que les quatre scenarii proposés sont très bien. Je dis oui car il y a toujours la possibilité de revenir sur des points qui nous bloquent. Notamment en ce qui concerne la pêche fraîche, cela demande la construction de gros bateaux et donc il faut les rentabiliser mais pour cela, il faut avoir les outils adaptés."

• Tutu Tetuanui, 61 ans, armateur depuis peu, propriétaire de 10 bateaux :

" Nous venons de démarrer l'activité et nous nous lançons bientôt dans la pêche halieutique,. Nous allons développer notre activité aux Marquises. L'initiative prise pour monter un schéma directeur est une très bonne nouvelle. Il y a quelques modifications à apporter. Nous n'avons pas encore eu le détail de ce schéma directeur mais nous l'aurons bientôt et nous pourrons apporter quelques commentaires. Les scenarii présentés semblent tenir la route. Il faut être optimiste. Il faut construire ce pays. La ressource de demain se trouve dans la mer. C'est la filière qui peut apporter beaucoup d'emploi. "

Rédigé par Amelie David le Mercredi 6 Septembre 2017 à 18:15 | Lu 1619 fois